L'élégante extravagance de Robert Mapplethorpe

Publié le 10 avril 2014 par Lifeproof @CcilLifeproof

Robert Mapplethorpe, Lisa Lyon, 1982 50,8 x 40,6 cm, Épreuve gelatino-argentique New York, Solomon R. Guggenheim Museum Don de la Fondation Robert Mapplethorpe en 1993 © Robert Mapplethorpe Foundation.

Majestueux, Robert Mapplethorpe nous accueille à l'entrée de l'exposition qui lui est consacrée, avec ce fameux autoportrait à la canne, l'un des derniers avant sa mort. Quelque chose dans son regard nous affronte, nous met au défi : « Voyez ce que j'ai accompli. », « Entrez si vous l'osez. ».

Michel Ange, La tentation d'Adam et Eve, 1509- 1510, 250 x 570, fresque, Chapelle Sixtine, Vatican.

L'exposition s'ouvre avec ces nus aux muscles saillants – notamment ceux de Lisa Lyon – sur lesquels flottent un air de Michel Ange, tandis que la tension dans le mouvement des corps évoque les sculptures de Rodin. Les volumes de la chair sont magnifiés sous la lumière, et la peau semble polie comme du marbre.

Robert Mapplethorpe, Jimmy Freeman, 1981, 49,6 x 39,7 cm, épreuve gélatino argentique. © The Robert Mapplethorpe Foundation. Crédit photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat

On observe une grande rigueur dans la composition. Les corps créent des lignes géométriques parfaites où chaque détail compte, faisant partie d'un tout, d'une image stricte et pure. Ainsi, même les membres qui habituellement pendent mollement sont ici précisément bien placés... – photo ci-dessus. Le traitement de la lumière et des contrastes est d'une justesse époustouflante. Les corps noirs, les corps blancs, tantôt se fondent, tantôt se détachent de l'arrière-plan, renforçant cette impression de perfection.  

Robert Mapplethorpe, Embrace (Etreinte), 1982, 50,8 x 40,6 cm, Épreuve gelatino-argentique © Robert Mapplethorpe Foundation.

Chaque objet, chaque sujet photographié, semble soudain mystifié, sacralisé. Il leur insuffle la grâce et la beauté, parfois là où on l'attendrait le moins. Ainsi, il photographie de la même façon un sexe d'homme qu'un pistil de fleur, une scène sadomasochiste qu'une nature morte du XVIIIe siècle. Sous son objectif, même la violence est sublimée.

Mais Robert Mapplethorpe est aussi le photographe d'une époque. Celui qui a tiré le portrait de l'underground new-yorkais des années 1970. L'âge d'or des artistes, du sexe, de la drogue et du rock'n'roll. C'est ce tourbillon, ce vent de liberté, qui constitue la deuxième partie du parcours. On y croise Patti Smith, son âme sœur, dans une petite série de portraits pleins de tendresses, mais aussi Andy Warhol, Yoko Ono, ou encore William Burroughs.

Robert Mapplethorpe, Andy Warhol, 1986, 48,9 x 48,9 cm, épreuve gélatino-argentique, ©The Solomon R. Guggenheim Foundation / Art Resource, NY, Dist. RMN-Grand Palais / The Solomon R. Guggenheim Foundation / Art Resource, NY

Véritable plongée dans l'univers de cet artiste à la créativité foisonnante, et à la rigueur extrême, il s'agit là du témoignage d'un temps révolu, qui pourtant n'a rien perdu de son actualité. À l'heure des artistes préfabriqués aux carrières éphémères, cette exposition a un goût d'éternité.

Ophélie.

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Infos Pratiques

Du 26 mars au 13 juillet au Grand Palais, Paris

De 10h à 22h du mercredi au samedi, et de 10h à 20h le dimanche et le lundi.

Fermé le mardi.

Plein Tarif : 12€

Tarif Réduit : 9€