Musiques pour les funérailles d’Anne de Bretagne, un concert remarquable et émouvant.

Publié le 15 avril 2014 par Jyletouze

Ce samedi 5 avril, dès 18h30, se pressaient devant les portes de la cathédrale de Nantes les personnes ayant la chance d’avoir un billet pour le concert exceptionnel donné dans le cadre du 500è anniversaire de la mort d’Anne de Bretagne.

Plus d’un millier de spectateurs ont rempli les travées de la cathédrale pour assister à une soirée émouvante et de grande qualité.
Dans la pénombre de la nef alors que le magnifique tombeau, des parents d’Anne, le duc François II et la duchesse Marguerite, restait éclairé, la voix prenante de Yann-Fañch Kemener s’éleva du fond de la cathédrale pour interpréter "ar skoliataer yaouank", donnant le ton de toute la soirée, beauté, tristesse, émotion.

L’ensemble Doulce Mémoire prenait le relais avec ses 5 musiciens, ses 5 chanteurs et son récitant. Pures merveilles que ces musiques entre Moyen-Age et Renaissance interprétées dans un total silence, l’assistance étant prise dans cette ambiance extraordinaire. Voix magnifiques et musiciens de talent, l’ensemble Doulce Mémoire réalise là une prestation tout à fait remarquable.
Ponctué par les propos du récitant décrivant les différentes étapes des funérailles grandioses d’Anne de Bretagne et par les intermèdes traditionnels de Yann-Fañch Kemener, le concert proposait la messe de requiem d’Antoine de Fevin.

En faisant intervenir Yann-Fañch Kemener, le directeur de Doulce Mémoire souhaitait donner la parole au peuple breton répondant ainsi aux pompes royales des funérailles et il est intéressant de le citer: " En élaborant ce programma et en lisant le récit tellement vivant du héraut d’armes d’Anne de Bretagne, je me suis rendu compte qu’au-delà de tout ce deuil officiel mis en scène par le pouvoir royal, il existait aussi une douleur muette, celle des Bretons qui perdaient leur duchesse, qui perdaient aussi l’indépendance du duché. J’ai voulu faire entendre la voix du peuple en marge des chantres du roi. Aussi ai-je demandé à Yann-Fañch Kemener des gwerzioù. Ces chants solos agissent comme un contrepoint à la polyphonie complexe qui exprime toute la pompe royale. Sa voix rend audible ce peuple breton, si attaché à sa duchesse Anne qui lui avait légué son cœur et qui encore aujourd’hui lui reste singulièrement attaché".
Le récit des funérailles se base sur le manuscrit du premier héraut d’armes de la duchesse Anne, Pierre Choqué, dit Bretagne, relatant ce mois de funérailles.
Les dernières paroles de Pierre Choqué relatant la volonté d’Anne de Bretagne de voir son cœur retourner "auprès de ses fidèles Bretons et dans sa cité chérie de Nantes" ont particulièrement ému les spectateurs.
Prochaine représentation, le 1er mai à la cathédrale de Saint-Malo.
PS:
- Lorsque l’on entend la volonté d’Anne de voir son cœur en sa chère cité de Nantes auprès de ses fidèles Bretons, on ne peut qu’être motivé encore plus pour participer à la manifestation du samedi 19 avril à Nantes pour la réunification de la Bretagne ! On ne peut laisser perdurer la situation actuelle qui est une véritable négation de notre histoire . Tous à Nantes le 19 avril !
- Il est regrettable que ce concert remarquable ne soit donné que deux fois en Bretagne cette année alors qu’il aurait eu toute sa place dans les grands festivals de l’été, Quimper, Lorient, etc… Comment ne pas intégrer un tel bijou dans leur programmation ??