Ellis Island : Le "Portail vers le Paradis"

Par Jérémy Garandeau @YMB_YouManBeing

Focus sur cette petite île américaine de l’Etat de New York qui durant un peu plus d’un demi-siècle a accueilli près de 12 millions de migrants. Venus de tous les quatre coins du globe et principalement d’Europe, ces personnes rêvaient d’un nouveau monde, d’un style de vie vendu dans le monde entier ; le fameux "American Way Of Life". Mais, était-ce aussi idyllique que cela laissait paraître ? Entre filtrage, racisme, discrimination, rejet et promesse d’une nouvelle vie, Ellis Island a été un véritable Portail. 

Ellis Island, une île américaine de quelques 130 000 mètres carrés. Une superficie insignifiante en comparaison avec le nombre de personnes qui a foulé son sol. Ils ont été environ 12 millions à passer par cette île qui se présentait comme étant l’étape ultime pour devenir un citoyen américain.

Venus des quatre coins du globe et plus particulièrement du Vieux Continent, ces immigrants n’avaient qu’un seul objectif : augmenter leur niveau de vie et avoir "la chance" de vivre "l’American Way of Life".

"Si je peux le faire ici, je peux le faire n’importe où". Cette phrase propre à la réussite new-yorkaise a réussi à attirer des millions d’émigrants qui fuyaient la pauvreté dans leurs pays d’origine ou qui souhaitaient tout simplement changer de vie, augmenter le niveau de celle-ci.

LA PROMESSE D’UN NOUVEAU MONDE

Des jours de traversée océanique pour, finalement, apercevoir de loin le symbole de la Liberté, la fameuse Statue de la Liberté. Avec son bras levé au ciel, "elle" semble saluer et accueillir ces émigrants.

Pour de nombreux migrants, Ellis Island représentait un Portail vers le Paradis

"La première fois que j’ai vu la Statue de la Liberté, tout le monde s’est précipité sur le côté du bateau. ‘Regardez-la’, résonnait dans toutes les langues possibles. ‘C’est elle ! Elle est là !’ comme si c’était quelqu’un qui les saluait" a expliqué une certaine Elizabeth Phillips, une émigrante Irlandaise qui était à bord d’un paquebot transatlantique qui contenait des Britanniques, des Français, des Italiens, des Grecs, des Arméniens, etc.

Le Rêve Américain, voici ce que promettait ce portail entre le Vieux Continent et ce que l’on pourrait appeler le Nouveau Monde. Cette île porte le nom d’Ellis d’un certain Samuel Ellis qui détenait l’île à la fin du 18ème siècle mais qui a dû la céder à l’Etat de New York. Originellement appelée Fort Gibson, cette île a commencé à accueillir des personnes issues de l’émigration le 1er janvier 1892. La première personne à avoir été accueillie fut une adolescente Irlandaise de 15 ans nommée Annie Moore. Le service d’immigration d’Ellis Island a fermé ses portes le 12 novembre 1954. Et la dernière personne à avoir été acceptée fut un marchand Norvégien répondant au nom d’Arne Peterssen.

L’ÂGE D’OR D’ELLIS ISLAND

Mais c’est certainement entre les 1900 et 1914 qu’Ellis Island a connu son âge d’or. Effectivement, à cette période l’essor économique des Etats-Unis attire les envies d’une nouvelle vie des habitants d’Europe.

Les paquebots en direction d’Ellis Island transportaient des milliers de migrants

C’est certainement en 1907 que la plus grande vague d’émigrants a été enregistrée. Cette année-là, plus d’un million de migrants ont foulé le sol d’Ellis Island.

Toutefois, ce n’était pas si facile de pouvoir fouler le sol américain. Si moins de 3% d’émigrants ont été renvoyés dans leur pays à cette période, le prix à payer était tout de même très élevé. Les paquebots débarquant avec des milliers de personnes, il fallait attendre, au mieux, trois heures pour arriver au premier poste de garde. Une fois arrivé à ce poste, seuls les gardes avaient le droit d’accepter ou de refuser l’admission d’un émigrant sur le sol américain. Ainsi, de nombreux pots-de-vin ont été versés à ces gardes.

Une polémique que le Gouvernement Américain a prise très au sérieux. En changeant de directeur, la corruption a été amoindrie. Cependant, c’est à ce moment-là que le racisme et le filtrage ethnique des émigrants s’est développé. Les principales victimes de ce filtrage étaient notamment les Italiens, les Grecs et les Juifs. De même, toutes les personnes considérées comme étant une charge additionnelle pour les Etats-Unis étaient renvoyées dans leur pays. C’est alors que des communautés à l’intérieur-même de New York se sont formées pour lutter contre cette discrimination ethnique.

Des migrants reçoivent une étiquette codée après un examen médical

L’autre raison d’un probable rejet était l’excuse bactérienne. En effet, au début du 20ème siècle, de nombreuses épidémies sévissaient en Europe et le Gouvernement Américain avait peur que ces bactéries qui n’avaient pas traversé l’Atlantique parviennent à le faire. Ainsi, des examens médicaux étaient effectués sur tous les émigrants. L’un des plus insupportables était certainement l’examen oculaire qui était réalisé à l’aide d’un crochet pour retourner la paupière.

DE 1915 A 1954 : L’AUTRE FACE D’ELLIS ISLAND

Dès la Première Guerre Mondiale, le rôle de portail de migration d’Ellis Island a fortement changé. En effet, alors qu’il paraissait comme étant une porte vers le Paradis avant l’entrée officielle des Etats-Unis dans le conflit de la Première Guerre Mondiale, il s’est petit à petit transformé en un purgatoire où le filtrage était plus sévère. Entre centre de détention pour prisonniers de guerre et centre de soins pour les soldats revenus du Front en Europe lors de la Première Guerre Mondiale, Ellis Island a vu son nombre d’émigrants fortement chuter.

Le hall du bâtiment principal sur Ellis Island

Son rôle de centre de camp pour prisonniers de guerre lors de la Seconde Guerre Mondiale s’est développé. Si le quota d’immigration a été restreint, c’est dans les années 1950 que le filtrage fut très sévère. Ainsi, toutes personnes membres d’organisations communistes et fascistes étaient formellement bannies du sol d’Ellis Island.

Aujourd’hui, Ellis Island est entrée dans le Patrimoine Américain et représente certainement le cœur des Etats-Unis. Effectivement, selon certains calculs il y aurait plus de 100 millions d’Américains qui compteraient des ancêtres étant passés par Ellis Island. Depuis 1990, l’île est devenue un Musée.

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