Critique Ciné : Une Promesse, romance étiolée

Par Delromainzika @cabreakingnews

Une Promesse // De Patrice Leconte. Avec Rebecca Hall, Alan Rickman et Richard Madden.


Alan Rickman est abonné aux films allemands à cheval sur les guerres. Après La Voleuse de Livres se déroulant pendant la Seconde Guerre Mondiale, c’est au tour de Une Promesse dont une parité se déroule pendant la Première Guerre Mondiale. Pour cette adaptation d’une nouvelle de Stefan Zweig, « Le Voyage dans le Passé », Patrice Leconte s’est associé à Jérôme Tonnerre, l’un de ses plus fidèles compères d’écriture. Partir de cette histoire d’amour aurait pu donner lieu à un très joli film mais c’est tout le contraire qui se passe. Rapidement le spectateur se rend compte que le film est aussi livide qu’un cadavre et le rythme de la romance particulièrement pompeux. Il faut dire que Patrice Leconte (Les Bronzés, Le Magasin des Suicides) met tout cela en scène avec le désintérêt le plus total. De plus, je ne comprends pas pourquoi le réalisateur (qui voulait au départ tourner son film en allemand et en Allemagne) s’est retrouvé à le tourner… en anglais. Cela dénature complètement l’histoire et l’on n’y croit malheureusement pas.
Allemagne, 1912. Un jeune diplômé, d’origine modeste, devient le secrétaire particulier d’un homme âgé, patron d’une usine de sidérurgie. L’état de santé du patron se dégrade et lui impose de rester à domicile. Il y accueille le jeune homme pour travailler.
L’épouse du patron est une femme de trente ans, belle et réservée. Le jeune homme s’éprend d’elle, sans oser révéler ses sentiments. Dans le huis-clos de la demeure, couve cette passion amoureuse, sans geste ni parole, tout en regards et en silences.
On n’a pas l’impression d’être en Allemagne hormis grâce aux différents noms des personnages. Le fond vient donc rapidement à manquer alors que l’histoire s’épuise une fois passé les premières minutes sauf que voilà, on nous plonge dans un univers tellement dégoulinant de bons sentiments que l’on finit par se demander ce que l’on vient faire là. L’intention était louable, surtout que je ne suis pas contre les romances mais ici c’est aussi lourd qu’un burito bien garni et franchement, j’avais besoin d’un peu plus de subtilité et de légèreté. On sent ici que Patrice Leconte ne sait pas trop où il veut en venir. Pourtant il maitrise la direction des acteurs. Alan Rickman est absolument fabuleuse dans ce rôle d’homme qui peut tout dire d’une simple expression et Richard Madden tout mignon en amoureux transit d’une femme emprisonnée par son désir de prendre son envol et ses liens de chair (un fils). On sent donc le scénario rapidement endolori par sa volonté de nous faire aimer la romance de ces deux êtres.
Sauf que la romance de ces deux êtres, aussi belle soit-elle sur le papier, manque cruellement de fond. On a souvent l’impression que le film ne cherche pas à creuser tout ce qui l’entoure et l’univers s’effrite bien trop rapidement. Je pense par exemple à l’entrée en guerre de l’Allemagne qui ne se ressent pas du tout si ce n’est au travers de ces lettres qui n’arrivent pas. Alors certes, c’est mignon que de vouloir nous plonger dans une histoire où l’Histoire se vit au travers de cette relation mais franchement, c’est aussi l’une des facilités du film. Ce n’est donc pas très encourageant à mon humble avis. Finalement, Une Promesse est un mélodrame encroûté entre sa volonté de nous passionner (ce qu’il ne fait pas malheureusement) et sa volonté de venir à bout de la romance (ce qu’il arrive à faire de façon très laborieuse). Je suis donc très déçu du résultat malgré le potentiel que j’aurais aimé voir un peu plus éclore au milieu.
Note : 2/10. En bref, on s’ennuie vraiment au milieu de cette histoire gavée aux bons sentiments dégoulinants.