Le cratère où s’est posé le rover Spirit était peut-être un lac

Publié le 16 avril 2014 par Pyxmalion @pyxmalion

Une étude publiée dans la revue Geology considére que le cratère Gusev où s’est posé Spirit il y a 10 ans était jadis un lac.

Arrivé le 3 janvier 2004 dans le vaste cratère Gusev (166 km de diamètre) situé sur Mars à 14.5° de latitude sud, le rover Spirit et toute l’équipe scientifique derrière lui comptaient bien mettre à jour les preuves que ce bassin d’impact fut, jadis, un lac. Cependant, à travers son parcours de 7 kilomètres (Spirit est immobilisé depuis 2010) dans un environnement jonché de roches volcaniques, le rover eut beaucoup de difficultés à apporter des indices tangibles. Principalement parce qu’ils sont ensevelis sous une épaisse couche de cendres pyroclastiques (tephra). Malgré tout, toujours dans l’espoir d’y trouver les éventuels sédiments d’un ancien lac, Spirit arpenta les collines Columbia, hautes de quelque 90 mètres situés en direction du delta du sud. Certes, les roches qui y affleurent ont révélé une activité hydrothermale d’origine volcanique mais rien qui ressemblaient aux sédiments lacustres recherchés.

Remise en question, l’existence d’un lac qui fut vraisemblablement alimenté par les eaux qui cheminaient le long de l’immense canyon « Ma’adim Vallis » (800 km de longueur, jusqu’à 20 km de largeur et une profondeur qui atteint 2 km !) vient d’être relancée par une équipe de chercheurs américains.

Mars au cours de l’ère Noachienne – en haut, on distingue le cratère Gusev alimenté en eau par « Ma’adim Vallis »

Publiée dans le numéro du 24 février 2014 de la revue spécialisée Geology (Geological Society of America), leur étude porte tout particulièrement sur un affleurement rocheux nommé « Comanche ». Riche en carbonates de magnésium et de fer, de nouvelles explications sont avancées pour son origine. « Nous avons examiné de plus près la composition et le contexte géologique de “Comanche” — et affleurements voisins — » raconte Steve Ruff qui a conduit cette nouvelle enquête. « Il y a de bonnes preuves que les eaux à basse température en surface ont introduit les carbonates dans “Comanche” plutôt que les eaux plus chaudes des profondeurs ».

Le professeur de l’Université d’état d’Arizona propose le scénario suivant : une éruption volcanique explosive dans la région aurait provoqué une crue qui, en se précipitant vers le cratère d’impact, aurait brisé ses remparts sud et envahies le bassin. L’eau serait restée ainsi « suffisamment longtemps pour modifier les éjectas (tephras) de roches et produire des solutions salées ». Aussi « lorsque ces saumures se sont évaporées, elles auraient laissé des résidus de minéraux carbonatés ». C’est en se remplissant puis se séchant plusieurs fois que des sites comme « Comanche » ou le voisin « Algonquin » se seraient enrichis en carbonates. Par chance, l’érosion éolienne les a lentement nettoyés de l’écorce de « téphras » qui les recouvraient. Si l’existence du lac Gusev se confirme, celui-ci daterait de l’ère dite du Noachien (âge de Noé), une période qui débute avec la naissance de la planète, concomitante à celle de la Terre, et s’est achevé voici 3,5 ou 3,8 milliards d’années. Hélas, prisonnier des sables, Spirit ne peut plus poursuivre ses recherches au contraire de son jumeau Opportunity. Ce dernier, en pleine forme et les panneaux solaires récemment nettoyés par les alizés, prospecte également dans un milieu autrefois en contact avec de l’eau.