[anthologie permanente] Mathieu Bénézet

Par Florence Trocmé

Flammarion a publié il y a peu Premier Crayon de Mathieu Bénézet. 
 
 
je l’ai dit 
 
trop de poussière à 
l’automne 
 
j’irai voir avec la lampe de la cave 
sur le balcon 
quelques pousses sous la 
neige non encore tombée 
je la respirerai avec les doigts 
 
la blessure aux doigts 
dans l’escalier 
3 étages ascenseur hors service 
souffle du corps le corps est de plus 
en plus difficile l’homme qui 
ouvre la porte incline un peu la tête 
 
deux mains se serrent 
scrutation 
des yeux  
réciproque 
appareils & souvenirs ne sont 
pas la mémoire vont jusqu’à moi 
 
d’autres cabinets de médecine d’autres 
toujours dans les couloirs 
néons éteints éteints 
j’en suis le passage fantôme 
 
 
 
cercle de l’ultime ligne 
il revient sur son pas d’abandon 
 
 
 
lumière : attrape-poètes ou attrape-peintres 
 
NAISSANCE DU NOIR ROTHKO 
 
l’accident traverse le sommeil 
une pierre noire 
sur fond de neige (par exemple) 
 
qui mord à la souffrance 
mord à la saignée de la vie 
n’est-ce pas Georges Perros 
 
l’ardoise magique pour 
expression de lui je ne sais rien 
 
effacer supprimer 
 
la peur 
sans visage la peur de Gérard 
 
au matin la souffrance 
sur théâtre de froid et de gel 
attrape l’homme de lui je ne sais rien 
aux épaules 
dans sa main droite il tient 
une pierre noire invisible aux 
vivants 
que de son geste il élève  
vers la nue (le terme maintenant 
recouvre un emploi précis) 
 
hôpital 
 
Mathieu Bénézet, Premier Crayon, Flammarion, 2014.  
 
Mathieu Bénézet dans Poezibao :  
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, Mais une galaxie, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, lecture du Lundi des Poètes, La tête couchée de Brancusi (parution), La Terrasse de Leopardi (parution), extrait 7, Ne te confie qu’à moi, extrait 8, extrait 9, extrait 10, extrait 11, ext. 12, ext. 13, ext 14, ext. 15, ext. 16, Continuités d’éclats (par JP Chevais), ext. 17, ext. 18, ext. 19