Animal's Life

Publié le 19 avril 2014 par Euphonies @euphoniesleblog

The Crafmen Club - Animals (Eternal Life)

« Wooh les champions, on est tous ensemble-euh ! ». De l’improbable symphonie de kermesse de Johnny au Ta fête de Stromae nouvellement choisi pour incarner l’équipe belge à la coupe du monde au Brésil en 2014, les hymnes de club de foot alternent souvent entre grosses putasseries franchouillardes et grasses ficelles épiques en Do majeur, l’essentiel étant que même la dernière des viandes saoules puisse retenir trois accords et un texte digne des concours de poème en cinquième B.

Cela dit, je suis de mauvaise foi. Allez donc proposer à L’O.M d’échanger leur Jump de Van Halen contre un brulot de Léo Ferré et c’est la cité phocéenne qui sombre. C’est comme ça, l’hymne de stade doit avant tout être fédérateur, immédiat, évident, il doit donner envie d’envahir la Pologne comme disait Woody. D’ailleurs, certains artistes l’ont bien compris et sont devenus des artificiers sans fête. Tous les U2, Muse, Coldplay dégainent bien trop souvent des prétentions au stade, avec tambours et trompettes. Quelle est la recette ? Aussi simple que des pâtes carbo : faire chauffer un couplet jusqu’à ébullition, puis verser le refrain. Ajouter progressivement les ingrédients en surveillant la tenue d’ensemble. Pas d’expérience sonore, que du rebattu en insistant sur les épices. Eviter les accords mineurs, et privilégier les harmoniques sucrées.

Est-ce à dire qu’un hymne est condamné à un cahier des charges aussi basique ? Après Benjamin Biolay composant la marque musicale du stade Gerlant, c’est au tour d’Animals des Craftmen Club d’être élu hymne fédérateur du Roudourou, le stade guingampais. Et l’exercice prend alors une toute nouvelle dimension. D’abord parce que les Craftmen sont un groupe de rock alternatif du cru aux ambitions apparemment bien éloignées d’une simple animation sportive titillant la gonade conquérante d’un supporter kronembourré. Mais ensuite parce qu’il se trouve que Guingamp, récemment vainqueur de Monaco en demi-finale de la coupe de France, rejouera une finale contre Rennes déjà vécue il y a cinq ans. Cela n’a l’air de rien, mais il est bon d'imaginer qu’au Stade de France s’entonnera l’hymne d’un groupe plutôt habitué aux festivals indie et prestations pleines de sueur et de fureur.

Beau grand écart, pas si illogique que ça, entre liesse populaire et ambition musicale. Si Animals contient suffisamment d’éléments propres à ravir l’afficionado d’un beuglement approximatif sur fond de Bavaria 8.6, c’est avant tout une excellente chanson à l’image de l’album Eternal Life, sans compromis facile ni surproduction. Exposition méritée. Estimons-nous donc heureux qu’une musique futée, racée et...animale, trouve la voie de l’adoubement populaire guingampais : We are animals !!!

Et allez pour le plaisir, Back in Town, issu de leur précédent album : 


THE CRAFTMEN CLUB "Back In Town" par uptonpark

The Crafmen Club, présent à Art Rock (Saint Brieuc), le vendredi 6 juin, au forum de la Passerelle à 17h00. Et en showcase par ailleurs, dans un endroit dandy et secret. Mais chut !