La fille du fossoyeur de Joyce Carol OATES

Par Jellybelly


J'ai découvert la plume de Joyce Carol OATES avec son roman "Les Chutes", un excellent roman dont je me souviens très bien, quelques mois après sa lecture.


J'avais envie de lire un 2d roman de cette écrivaine, histoire de me convaincre de la qualité de son écriture et de mon goût pour ses oeuvres... Caro me l'a mis dans les mains, et là, arrêt sur image !

Il s'agit d'un roman préfacé par Véronique OVALDE que j'apprécie tout particulièrment, vous le savez. Elle dit : "Au milieu de cette frénésie, il y a des textes comme des comètes, des textes qui laissent longtemps le souvenir de leur fulgurance, des textes dont on n'aurait pas voulu se passer, il y a "Les chutes", et puis "Bonde" et puis "La fille du fossoyeur"." Impossible de résister, vous me comprenez bien sûr...


Voici la 4ème de couverture :


"J'ai su alors qu'un homme pouvait aimer. Avec sa musique, avec ses doigts, un homme peut aimer. Un homme peut être bon, il n'est pas forcé de vous faire du mal" : quand elle rencontre le pianiste Chet Gallagher, Rebecca ose à peine y croire. Enfant de juifs allemands, réfugiés dans une petite ville américaine, elle a grandi dans la terreur et la misère. Sa fuite éperdue à travers l'Amérique triomphante de l'après guerre semble ne jamais devoir s'arrêter. A moins que l'amour ne la rattrape..."


C'est un magnifique roman, où le suspens est roi. Les événements se suivent à un rythme soutenu, les premières pages lues appellent les suivantes, impossible d'interrompre leur lecture.


C'est un parcours de vie, celui d'une femme depuis sa plus tendre enfance jusqu'à sa vieillesse, une femme dont l'enfance a été marquée par l'alcoolisme et la violence du père, voire de la mère, les punitions, une forme d'éducation basée sur la peur, l'opposition entre le noyau familial et "les autres", "eux"... une relation complexe entre agresseurs et agressés.


A l'image du roman "Les Chutes", "La fille du fossoyeur" vous plonge dans une atmosphère singulière qui pénètre tous les pores de votre peau. Le climat de tension est palpable à chaque page. A chaque nouvelle rencontre avec un homme, le lecteur se surprend à craindre le pire, l'expression d'une virilité masculine exacerbée. Toute sa vie, Rebecca se souviendra de phrases régulièrement prononcées par son père : " Dans le monde animal les faibles sont vite éliminés. Voilà pourquoi tu dois dissimuler ta faiblesse, Rebecca. Il le faut."


C'est aussi un très beau livre sur la résilience. Comment assurer sa construction personnelle après des événements aussi douloureux ? Comment "survivre à son enfance" ? Comment s'affranchir de son éducation, passer outre pour élever à son tour son enfant ? Comment ne pas reproduire ce qui a été appris à son plus jeune âge ?


C'est enfin un très beau rendez vous avec l'Histoire, celle des années 1930/1940, celle de ses Allemands qui migrent vers les Etats Unis, soupçonnés d'être juifs et de fuir le Führer. Des hommes et des femmes, pauvres, qui arrivent en terre inconnue, qui ont à affronter le regard des autres, à reconstrure une vie loin de leur pays, leurs origines, leur famille, des hommes et des femmes contraints de se satisfaire des conditions d'accueil proposées par l'étranger.


Bref, c'est un excellent roman, je vous le conseille !

Pour que la boucle soit bouclée, il me reste à lire "Blonde" ! Rendez vous prochainement avec un nouveau billet...

Annie