La braderie d’Alstom a commencé

Publié le 29 avril 2014 par Blanchemanche
La braderie d’Alstom a commencépierrelebec 29/04/2014Le rapprochement entre l’américain Général Electric et Alstom a été annoncé ce week-end dans la presse.La braderie du secteur « énergétique » d’Alstom commenceEn pleine négociation du traité de libre-échange de la zone nord, TPP et TAFTA, la volonté des Américains de créer un monopole industriel passe mal. N’oublions pas que si Général Electric fonctionne encore et a su passer la crise, la machine à Billets de la Federal Reserve y est pour quelque chose. L’industrie américaine est sous perfusion constante de la banque centrale.Or, Alstom tout comme Areva sont entreprises stratégiques françaises. Ce sont des sociétés-écrans de la République Française. Sans être ni patriote, ni chauvin, il s’agit d’une récupération de la haute technologie française, ainsi que de son savoir-faire. De plus, la recherche française ne peut être bradée à des concurrents quel que soit le cadre de la discussion.Si effectivement le libéralisme impose la libre-concurrence, la création de monopole est contraire à toute notion de concurrence. Le TFUE fixe à cet égard les règles élémentaires de concurrence dans ces articles 101 à 117. De plus, la création de monopole que ce soit en France ou aux Etats-Unis d’Amérique, cela se termine souvent devant les tribunaux.En France, par exemple la tentative de fusion entre Schneider Electric et Legrand s’était soldée par un grand fiasco. La Commission européenne avait annulé la décision de manière claire et nette : « Cette fusion aurait considérablement affaibli le bon fonctionnement du marché dans de nombreux pays, particulièrement en France ».Il paraît que l’Allemand Siemens est aussi dans la négociation. Si l’entreprise du Royaume néolibéral de Mme Merkelvenait également à racheter Alstom cela causera le même problème que la fusion citée plus haut. « Une opportunité unique de bâtir deux géants européens, chacun leader mondial » raconte Joe Kaeser, patron de Siemens, avant qu’un proche rajoute : « Nous voulons créer deux champions européens, l’un dans l’énergie, l’autre dans le transport ».« GE et Alstom ont leur calendrier qui est celui d’actionnaires, mais le gouvernement français a le sien qui est celui de la souveraineté économique. C’est pourquoi le gouvernement souhaite disposer du temps nécessaire à un examen sérieux des propositions. Faut-il rappeler qu’Alstom vit notamment de la commande publique et du soutien de l’État à l’exportation » assure Arnaud Montebourg.« Les Américains auraient la majorité du capital, mais cela permettrait à des actionnaires français, publics ou privés, de veiller à ce que des usines et de la recherche soient maintenues en France », estime un proche de Bercy.Dans ce contexte complexe, on oublie souvent qu’il y a une bataille de l’énergie entre Siemens et General Electric. Dans les deux cas, ce sujet tourne au fiasco et au scandale général.Des solutions alternatives existentLors de l’émission, le Grand Jury (RTL/ LCI/Le Figaro), Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de Gauche, s’est porté favorable à un nationalisation « temporaire ». Toutefois, je pense qu’une nationalisation « définitive » reste la meilleure solution. Cette société dans l’idéal doit se comporter comme un EPIC.En effet, ce qui importe dans ce dossier industriel, ce sont les dividendes que cela rapportera au futur.Ensuite, la fusion d’une branche d’un groupe avec un autre signifie la perte de l’ensemble des brevets. Ainsi, la propriété intellectuelle de la société Alstom ne lui appartiendra plus, ouvrant ainsi d’avantage l’accès à l’offre de la société qui rachètera la branche. De ce fait, l’ensemble des crédits alloués à la recherche, sous le sigle CIR (crédit d’impôt recherche), n’auront servi à rien.C’est de faite, une grande perte pour le pays, mais aussi pour l’ensemble des Français qui auront contribué par leurs impôts à la grandeur d’Alstom.L’état doit prendre le relai de manière rapide et ne pas se laisser aller dans le piège américain et allemand.Or, même chez les libéraux en 2004, quand Nicolas Sarkozy était Ministre d’État, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, il n’a pas hésité à ce que l’état investisse dans le capital d’Alstom afin que la société reste française et d’éviter son éparpillement. Aujourd’hui, d’autres libéraux comme le réactionnaire Christian Estrosi partagent cette idée.Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, se dit favorable à la « nationalisation temporaire » d’Alstom pour éviter le dépeçage du groupe français.Un cas d’école dans le capitalismeLa création des monopoles industriels est une dérive nette de « la libre concurrence et non faussée » entre les entreprises. Si le capitalisme aborde régulièrement sa devise, en réalité, la sacro-sainte « concurrence » est un mythe puisqu’elle favorise l’entente entre les différents trusts. Ainsi, le partage des différents domaines industriels en cours n’est pas une surprise, c’est l’évolution normale de l’économie capitaliste. La concentration d’un domaine par entreprise est l’antithèse même de la concurrence.En effet, ce qui importe dans le dossier d’Alstom est avant tout, les dividendes que cela va rapporter à la société qui prendra la branche en question. En effet, si Siemens ou General Electric récupère la branche « énergie » alors cela fera une entreprise en moins dans le jeu de la concurrence.Le français Alstom face à deux géants. | Infographie Le MondeOr, sur la valeur du chiffre d’affaires, c’est vrai qu’Alstom est plus faible ses deux concurrents, comme le montre le second Schéma du journal le Monde. Toutefois, si le chiffre d’Affaire d’Alstom est nettement inférieur par rapport à ses concurrents, son atout réside dans la part du marché de l’énergie. C’est ce que cherchent à prendre les deux grands groupes.Les poids respectifs d’Alstom, GE et Siemens | infographie Le MondeSiemens dans son offre était prêt à céder sa branche « transport » à Alstom afin de récupérer la branche « énergie », un compromis malsain.Lénine en son temps écrivait à propos des monopoles :
Près de la moitié de la production totale du pays est fournie par un centième de l’ensemble des entreprises ! Et ces trois mille entreprises géantes embrassent 258 branches d’industrie. On voit par là que la concentration, arrivée à un certain degré de son développement, conduit d’elle-même, pour ainsi dire, droit au monopole. Car quelques dizaines d’entreprises géantes peuvent aisément s’entendre, et, d’autre part, la difficulté de la concurrence et la tendance au monopole naissent précisément de la grandeur des entreprises. Cette transformation de la concurrence en monopole est un des phénomènes les plus importants – sinon le plus important – de l’économie du capitalisme moderne. Aussi convient-il d’en donner une analyse détaillée. Mais écartons d’abord un malentendu possible.[1]


[1] Lénine, Impérialisme stade Suprême du Capitalisme, I. La concentration de la production et les monopoles, 1917
http://revolutionetlibertes.net  pierrelebec