Le Pape François, plus populaire que Jean-Paul II ?

Publié le 01 mai 2014 par Delits

Dimanche 27 avril, Jean-Paul II (ainsi que Jean XXIII) canonisé par le pape François en présence de son prédécesseur Benoit XVI et d’une foule de près de 800 000 fidèles, devenait « Saint ».

Si dans son homélie, le pape François a rendu hommage à « deux hommes courageux », c’est surtout encore une fois la popularité de Jean-Paul II canonisé seulement 9 ans après son décès, qui est mis en exergue.

Le pape François, serait-il aussi populaire ? Premier pape originaire d’Amérique latine, tout comme Jean-Paul II fut le premier souverain pontife originaire d’Europe de l’Est, le pape François semble s’inscrire dans les pas de son prédécesseur, si ce n’est sur certains points de doctrine, au moins en termes de popularité.

Un pape encore plus populaire que son prédécesseur Jean-Paul II

Le pape François est incontestablement un pape apprécié. Selon un sondage BVA[1], 85% des Français en ont une bonne opinion (dont 27% très bonne). Son image comparée donne une autre dimension à sa popularité : s’il bénéficie d’une manière attendue d’une meilleure image que Benoit XVI, plus surprenant, il jouit d’une popularité supérieure à celle de Jean-Paul II (80%).

 

Sondage BVA pour Le Parisien – Aujourd’hui en France, 17-18 décembre 2013, auprès d’un échantillon de 995 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus

La bonne image dont il bénéficie transcende par ailleurs toutes les catégories de la population et va au-delà des seuls croyants et catholiques : jeunes (75% chez les 18-34 ans)  comme plus âgés (89% chez les 50 ans et +),  catégories supérieures (88%) comme populaires (81%), catholiques (94%), comme fidèles d’une autre religion (88%)…, tous partagent une image très majoritairement positive de l’actuel souverain pontife.

Par ailleurs, la popularité du pape François ne s’est pas démentie depuis son élection en mars 2013, puisque 82%  des Français considéraient à l’époque que le conclave  avait fait le bon choix en la personne de Mgr Jorge Mario Bergoglio[2]. L’approbation était encore plus totale chez les catholiques pratiquants (92%).

 

Une popularité qui repose sur ses traits de personnalité…

Une formidable popularité qui s’explique par la capacité du pape François à incarner son rôle de souverain pontife : 9 Français sur 10[3] considèrent qu’il est un bon pape.

Mais aussi, et surtout, sur sa personnalité, les Français dressant le portrait d’un souverain pontife sympathique (86%), proche des gens (86%), simple (85%)[4], en adéquation avec l’image de « pape des pauvres » qui lui est  attribuée (son prénom fait référence à  Saint-François d’Assise fondateur d’un ordre mendiant).

 

Sondage BVA pour Le Parisien – Aujourd’hui en France, 17-18 décembre 2013, auprès d’un échantillon de 995 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

…Mais aussi sur l’attente d’un changement de la part de l’Eglise

Néanmoins la popularité du pape François, s’exprime dans un contexte de défiance à l’égard de l’Eglise, 1 Français sur 2 ayant une mauvaise image de l’Eglise catholique[5] et où se fait jour une demande d’adaptation de cette dernière aux évolutions de la société française.

Dès avant l’élection du pape François, plus des trois quarts des Français (79%) dont 80% des catholiques souhaitaient que le pape nouveau pape soit l’initiateur de grandes réformes de l’Eglise catholique plus que le garant des grands principes[6].

Alors que la société française change (reformulation de l’idée de famille, expansion des divorces, du concubinage…), et qu’elle devient plus progressiste (catholiques y compris) s’impliquant pour la conservation de certains acquis (droit à l’interruption volontaire de grossesse), s’ouvrant à de nouveaux droits (mariage pour les couples homosexuels), cette dernière fait le souhait d’une Eglise réformiste, en adéquation avec les évolutions intervenues dans la société et dans les mœurs.

Ainsi, plus de 8 Français sur 10, pensent que l’Eglise catholique doit modifier ses positions en autorisant l’utilisation des méthodes artificielles de contraception (92%), prenant position en faveur de l’usage du préservatif (91%), autorisant le mariage des prêtres (89%), donnant la possibilité aux femmes de devenir prêtre (85%) ou encore en acceptant de remarier les personnes divorcées (83%)[7].

Le pape François incarne-t-il le changement ?

En janvier dernier, le pape François a baptisé l’enfant d’une mère célibataire (qui avait renoncé à l’avortement), et celui d’un couple marié uniquement au civil.  Actes lourds d’une volonté de réforme ?

Si la question est difficile à trancher, le pape François n’ayant pour l’instant pas exprimé ouvertement de différente de celle de l’Eglise sur les questions familiales et sexuelles qui ont agité l’opinion dernièrement, il semble  néanmoins vivre avec son temps. Entre prises de positions modernes et pacifistes sur la guerre en Syrie ou encore le traitement des immigrés au regard des drames répétés, dénonciation de « l’argent roi », il est sans conteste en phase avec certaines réalités.

Les catholiques doivent-ils et désirent-ils l’entendre sur les questions de mœurs ? Le Pape s’est semble-t-il déjà posé la question : pour préparer le Synode sur la famille prévu en octobre prochain, le Vatican, pour la première fois dans l’Histoire, a fait parvenir aux évêques un sondage de 38 questions concernant la position des fidèles sur les évolutions de la famille en cours.

Il est probable que le Synode, nous en apprendra plus sur les positions du pape François et sa volonté  (ainsi que sa capacité) ou non de faire bouger les lignes. Une chose est sûre, s’il était amené à réformer, ne serait-ce qu’un peu, l’Eglise sur les questions de mœurs, cela ferait de lui le pape  le plus populaire que la chrétienté ait jamais porté, le faisant entrer dans la légende, plus encore que Jean-Paul II.



[1] Sondage BVA pour Le Parisien – Aujourd’hui en France, 17-18 décembre 2013, auprès d’un échantillon de 995 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

[2] Sondage BVA pour CQFD, 14-15 mars 2013, auprès d’un échantillon de 1139 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

[3] Sondage BVA pour Le Parisien – Aujourd’hui en France, 17-18 décembre 2013, auprès d’un échantillon de 995 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

[4] Ibid

[5] Ibid

[6] Sondage BVA pour CQFD, 14-15 mars 2013, auprès d’un échantillon de 1139 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

[7] Sondage BVA pour Le Parisien-Aujourd’hui en France, 20-21 février 2014, auprès d’un échantillon de 994 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.