Européennes 2014 : L’Européisme assumé des candidats Modem-UDI

Publié le 03 mai 2014 par Vindex @BloggActualite
Continuons notre série de présentation des différentes listes présentes aux prochaines élections européennes avec les listes présentées par « Les Européens » c'est-à-dire l’alliance de deux partis centristes : le Modem et l’UDI.

Carte d’identité


Idéologies : Social-libéralisme, démocratie chrétienne, européisme, fédéralisme, centrisme. Slogan : « Faites l’Europe »Derniers résultats aux Européennes : 8,46 pour cent (Modem) en 2009. 6 députés européens.
Affiliation européenne : Parti Démocratique Européen.  

Principales propositions


Dans un contexte de crise et de tensions sociales et politiques en France, les listes menées par l’alliance des centristes souhaitent maintenir plus que jamais le cap de l’Union Européenne qui est selon eux la solution plus que le problème. Jean Arthuis a souhaité clarifier la campagne et l’orientant réellement vers les sujets européens plutôt qu’en réduisant ces élections à un simple vote pour ou contre la politique de François Hollande (visant ainsi la stratégie de l’UMP). Il accuse aussi ceux qui souhaitent « détruire la construction européenne » (visant les eurosceptiques et souverainistes). Enfin il veut redonner de la vigueur à l’Europe Politique qui est trop abandonnée selon lui par le PS et l’UMP. Ainsi les centristes souhaitent faire de l’Europe l’échelon de pouvoir qui permettra à la France de se renforcer. Parce que selon eux, il ne faut pas faire porter à l’Europe le poids des erreurs de notre pays. Ils se revendiquent même comme des « patriotes européens » qui contrent les nationalismes qui renaissent en ces temps de crise. Pour ceux qui pensent que le message n’est pas encore assez clair, François Bayrou ajoutait le 30 avril à Lyon que ses listes avaient « la foi en l’Europe ». Encore une fois l’occasion de montrer qu’il fallait à la France une Europe sans quoi elle serait seule… La tête de liste pour la région Massif Central Centre, Sophie Auconie, affirme même que « Le XXIème siècle est le siècle des Etats Continents. L’Europe n’est pas une option pour la France c’est une nécessité vitale ». Cette dernière affirme qu’il faut une « Europe plus efficace » mais aussi « recentrée sur l’essentiel »… Elle dénonce une Europe trop confiée aux technocrates… Mais le Modem n’a-t-il pas participé à cette Europe par la signature des différents derniers traités ? 
Toutes ces déclarations sans ambiguïté ne laissent donc aucun doute sur l’orientation européiste voir fédéraliste des listes centristes. Voyons voir comment cela se traduit en terme de propositions concrètes (d’après leur tract) :
-Pour plus d’emploi : favoriser une politique industrielle qui encourage l’offre et l’émergence de champions européens, réaliser une convergence fiscale et sociale pour lutter contre la concurrence déloyale et mettre en place un gouvernement économique commun pour la zone euro, créer un contrat européen d’apprentissage pour favoriser l’emploi des jeunes, défendre la PAC pour l’indépendance alimentaire de l’UE, mettre en place une contribution carbone pour les produits qui viennent hors de l’UE.
On voit donc que ce projet économique est résolument européen et fédéraliste. Cependant, malgré la volonté d’une convergence, on n’entend assez peu parler de l’euro qu’ils ne défendent qu’en demandant plus d’Europe. De même, quelles réformes et quelles convergences doivent être réalisées ? N’ont-elles pas déjà commencées par les politiques d’austérité relativement peu efficaces quoi qu’on en dise ? Il est intéressant de voir que les centristes proposent une forme de protectionnisme européen, mais concernant la concurrence interne, va-t-on vraiment dans le sens d’une moins grande concurrence ? Les travailleurs détachés ne sont pas évoqués alors que ceux-ci sont source de concurrence entre les travailleurs dans l’UE et notamment en France (il est possible de payer des travailleurs immigrés au salaire de leur pays alors qu’ils vivent et travaillent en France).
-Pour plus de protection : créer une politique européenne d’immigration avec des quotas par métier et une police européenne des frontières, créer des partenariats à long terme avec l’Afrique pour le développement, protéger les libertés personnelles et les données personnelles sur Internet, renforcer la capacité diplomatique et militaire de l’UE.
Ces propositions ont le mérite de traiter le problème de l’immigration sans démagogie ni surenchère (ni dans un sens ni dans l’autre). Toutefois, un programme européen d’immigration n’existe-t-il pas déjà avec l’agence FRONTEX (Frontières Extérieures) ? N’est ce pas déjà le rôle de l’Union Pour la Méditerranée de coopérer avec les pays sources de l’immigration ? Enfin, le fait de renforcer la capacité diplomatique et militaire de l’UE paraît abstrait et rappelons qu’une diplomatie européenne est difficile à tenir, les pays n’ayant pas forcément les mêmes intérêts. Ainsi, concernant la Crimée, les pays de l’Est furent très réticents à l’idée de sanctionner la Russie.
-Pour plus de démocratie : proposer l’élection du Président de l’Union Européenne au suffrage universel direct, donner plus de poids à l’initiative citoyenne par des groupements de citoyens, mettre un terme à l’élargissement et proposer des partenariats avec d’autres pays (Ukraine, Balkans…).
D’abord, n’est-ce pas utopique de faire élire un président de l’UE au suffrage universel direct alors même que les citoyens se déplacent déjà peu lors des élections européennes ? Quels sont les pouvoirs réels du président de l’Union Européenne ? Est-il réellement possible de faire émerger un Etat européen alors que les nations gardent leur histoire, leurs intérêts, leur langue et leur culture ? Comment est-ce possible alors qu’il existe non pas un peuple européen mais des peuples européens ? De même, ne serait-il pas intéressant de revoir la répartition du pouvoir législatif, essentiellement concentré par la Commission de Bruxelles qui par ailleurs pas élue ?
Comparons maintenant ce projet à celui de 2009.  
On remarque que le projet est toujours aussi européiste et fédéraliste. A ce titre, le centre est donc cohérent avec lui-même. Cependant, on constate que dans les propositions concrètes, les thèmes des propositions changent un peu depuis 2009. Par exemple, si l’immigration était un thème peu mis en avant en 2009, il l’est beaucoup plus en cette année. Il est évident que ce changement fait écho à une préoccupation croissante des citoyens français qui l’expriment en particulier par un vote FN de plus en plus important. Aussi, concernant l’euro, la proposition à changé (même si l’analyse de la monnaie unique n’a pas évolué) : en 2009, le Modem proposait un élargissement de la zone euro, ce qui n’est plus le cas à présent puisqu’il faut selon « Les européens » un gouvernement économique de la zone. Une autre proposition du projet de 2009 semble avoir été évincée : celle de l’augmentation du budget de l’Union Européenne notamment par l’instauration d’un impôt unique. Il faut dire que l’augmentation des impôts depuis quelques années n’a pas mis les français dans de bonnes dispositions pour en accepter de nouveaux… C’est toutefois là une proposition authentiquement fédéraliste qui disparaît. Malgré quelques changements, on peut aussi voir que le projet de cette année reprend des propositions anciennes, notamment autour des questions d’harmonisation sociale et fiscale et concernant l’agriculture. De même, la volonté d’une politique industrielle correspond au souhait (en 2009) de lancer des emprunts européens pour résoudre la crise.

Conclusion


Les centristes assument donc un projet européiste et fédéraliste donc les grandes orientations consistent de plus en plus clairement à transférer les différents pouvoirs au niveau européen pour une France « moins isolée » et « plus écoutée ». On peut dire que depuis 2009, leurs propositions ont changé mais pas la nature de leur projet européen qui reste cohérente avec leur fédéralisme.Dans les sondages, les listes « Les Européens » se situent aux alentours de 8 pour cent, ce qui les rapproche du score du Modem en 2009. Il faut dire que dans un contexte de crise économique et sociale, l’Union Européenne est remise en question. Assumer leur conception de l’Europe est donc plutôt courageux mais est-ce en phase avec ce que veut la population ? Il est probable que le 25 mai prochain, les centristes aient le même nombre de sièges qu’en 2009, c'est-à-dire 6.   

Sources

Le FigaroLe PointMon 43Rue 89Les Européens
Vin DEX