Critique Ciné : 24 Jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi

Publié le 03 mai 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

24 Jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi // De Alexandre Arcady. Avec Zabou Breitman, Pascal Elbé et Jacques Gamblin.


Sans remettre en cause l’intérêt du film, je trouve que ce n’était peut-être pas nécessaire d’en faire une sortie cinéma. Disons qu’avec son casting de téléfilm du mercredi sur France 2, il aurait bien plus eu sa place en télévision. Cela aurait pu permettre en plus de ça de toucher beaucoup plus de monde je suppose. Mais la genèse de ce film est sacrément malheureuse puisque Valérie Benguigui devait incarner le rôle de Ruth Halimi et elle est malheureusement décédée le premier jour du tournage. Il y a derrière cette histoire quelque chose de terrible. Je me souviens encore en 2006 quand les journaux parlaient de la traque de Youssouf Fofana ou encore de la mort de ce jeune garçon de la communauté juive. L’introduction de 24 jours est juste, qui aurait pu croire que ce genre de choses pouvaient arriver à Paris ? C’est un postulat de départ intéressant mais l’on ne peut pas dire que le film tout entier soit aussi intéressant. Disons qu’il y a des longueurs qui ne profitent pas à l’histoire et l’on a même parfois l’impression de plonger dans un film qui manque cruellement d’âme.
Elle est entrée dans une boutique de téléphonie sur le boulevard Voltaire. Elle a fait mine de s’intéresser aux nouveaux portables, a obtenu le numéro du vendeur et s’en est allée. Elle l’a rappelé dès le lendemain, lui a dit qu’elle voulait le revoir. Ilan ne s’est pas méfié. Il avait vingt-trois ans, la vie devant lui…
Comment pouvait-il se douter qu’en rejoignant cette jolie fille dans un café de la porte d’Orléans, il avait rendez-vous avec la mort ?
Le vendredi 20 janvier 2006, Ilan Halimi, choisi par le gang des Barbares parce qu’il était juif, est enlevé et conduit dans un  appartement de Bagneux. Il y sera séquestré et torturé pendant trois semaines avant d’être jeté dans un bois par ses bourreaux. Retrouvé gisant nu le long d’une voie de chemin de fer à Sainte-Geneviève-des-Bois, il ne survivra pas à son calvaire.
Peut-être est-ce le casting. C’est vrai que je ne l’ai pas trouvé totalement réussi. Zabou Breitman (Workingirls) tente de faire de son mieux mais ce n’est pas toujours juste (notamment dans l’excès d’émotions) ou encore Pascal Elbé (Piégé) qui, derrière son côté particulièrement morne ne parvient pas vraiment à faire bouger grand chose dans cette histoire. C’est bête car il y avait tellement de quoi faire à avec une telle histoire. Notamment nous plonger un peu plus du point de vue des ravisseurs. Certes, le livre écrit par Ruth Halimi sur cette histoire ne contient peut-être pas suffisamment d’informations (24 jours se voulait au plus proche du récit écrit par la mère d’Ilan) mais ce n’est peut-être pas toujours parfait. On pourrait également faire des reproches à Alexandre Arcady (Mariage Mixte, Pour une femme) qui met tout cela en scène avec la désinvolture la plus surprenante. J'aurais bien aimé que le réalisateur s’approprie réellement cette histoire et nous donne l’impression d’être au cinéma, pas devant notre écran de télévision. C’est là que la mise en scène particulièrement médiocre entre en jeu.
Malgré tout, 24 jours a des atouts. Notamment en se concentrant sur l’histoire en version factuelle. Il n’y a que des choses vraies. Le film tente ainsi de les reconstruire. La finesse n’est pas toujours de mise mais au moins on apprend des choses sur cette affaire si l’on n’a pas lu le livre de Ruth Halimi (dont 24 jours est adapté). Cela permet également de faire une sorte de devoir de mémoire. On se souvient de cette histoire particulièrement douloureuse que l’on a pu voir au travers des écrans de télévision. Finalement, l’histoire de 24 jours méritait bien un film. Sur le fond c’est une histoire poignante voire même bouleversante par moment. Mais sur la forme c’est assez médiocre (voire même catastrophique si l’on commence à être tatillon sur la mise en scène). Bon sang, on est au cinéma on est en droit d’attendre quelque chose d’un peu plus excitant vous ne pensez pas ? Le budget a certainement dû être très serré mais peu importe, pour un tel projet ambitieux (tout montrer même ce que l’on ne peut finalement pas représenté) il aurait fallu travailler un peu plus.
Note : 4.5/10. En bref, factuellement intéressant mais la forme laisse à désirer.