Où va la gauche, vue par 2 blogs #S01E31

Publié le 04 mai 2014 par Juan

Alors que François Hollande promet de beaux lendemains dans les colonnes d'un hebdomadaire du dimanche, sa trajectoire politique continue d'alimenter les échanges et commentaires de la gauchosphère. 

Nous avons choisi d'illustrer ces réflexions en confrontant deux propos. 


Nicolas, du blog "Partageons mon avis", rebondit sur un fil de discussion sur l'avenir de la gauche. A sa gauche, le collectif Babordages poursuit la description désabusée d'une gauche qu'il estime perdue pour la cause. Les deux n'échangent plus en direct, comme c'est désormais la norme entre "gauche de droite" et "vrauche".
Mais qu'importe.
"Comment s’en sortir ?" s'interroge Nicolas. "Tout d’abord, l’ennemi n’est pas le libéralisme. Il faut changer de discours. S’il y a un ennemi, c’est le capitalisme financier. Il faut arrêter de délirer". Nicolas ne nous en voudra pas de ne pas tout citer. La gauche politique a toujours allié des composantes plus ou moins en rupture ou en accord avec l'économie de marché. La rage exprimée par certains contre le social-libéralisme du gouvernement Hollande dérive, à juste titre, vers une remise en cause du système en général.
Nicolas pose ensuite la question démocratique de base: "Le principe de la démocratie (et donc de la politique) est de partager des idées avec des électeurs pour se faire élire. C’est ce qu’a réussi François Hollande. A ce rythme, il risque de ne pas être réélu en 2017, on est d’accord, mais s’il tient une politique plus à gauche, il est à peu près sûr, aussi, de ne pas l’être." Comme d'autres, Nicolas défend l'actuel positionnement politique de François Hollande sur un double argument - Hollande est (plus ou moins) fidèle à lui-même et, surtout, il n'y a pas d'alternative politique plus à gauche possible en France.   Rien n'est moins sûr, pourrait-on lui répliquer. Pour l'heure, la question n'est pas celle des élections (et donc du compromis politique), mais celle de l'action et du discours. Hollande peut agir, or il agit mal puisque les résultats ne sont pas là. Il a rétréci son camp politique, sans élargir sa propre majorité.    Plus grave, le discours dominant (sur le coût du travail, etc) est désormais plus fort qu'avant, comme pour mieux effacer l'opposition, décourager les mobilisations éventuelles. A quoi bon gouverner si c'est pour dérouler le tapis-rouge à la grande dérégulation ? Où est même l'équilibre du discours et des actes au sommet de l'Etat entre protection sociale et efficacité économique ?   Sur Babordages, Clumsy a justement publié un texte sur l'indifférence. La question n'est plus celle du simple redressement comptable (et nécessaire) d'un pays abimé. Le sujet est la riposte à cette accélération du "propos dérégulateur" alors que la mondialisation libérale n'a jamais été aussi puissante depuis 50 ans.  La multiplication des prises de paroles de personnalités "étiquetées" à gauche qu'on aurait qualifié d'affreux thatchéristes il y a 30 ans est tout simplement hallucinante.    Qui Hollande reçoit-il à l'Elysée ? Un Frédéric Lordon, péniblement invité dans quelques médias, qui promeut la sortie douloureuse de l'euro pour mieux lutter contre l'aggravation de la précarité, ou le trio Aghion/Cohen/Cette qui trouve que le SMIC est décidément trop élevé ?   Clumsy conclue sur une citation de Gramsci: "Ce qui arrive, arrive non pas parce que certains veulent qu’il arrive, mais parce que la majorité abdique sa volonté, laisse faire, laisse se grouper les nœuds qu’ensuite seule l’épée pourra couper, laisse promulguer les lois qu’ensuite seule la révolte fera abroger, laisse aller au pouvoir les hommes qu’ensuite seul un mutinement pourra renverser."