Gaz de schiste, un eldorado ?

Publié le 05 mai 2014 par Blanchemanche
Gaz de schiste, un eldorado ?

by factsory La chasse aux idées reçues et mensonges éhontés


On l’appelle gaz de schiste, même si ça n’en est pas forcément. On l’appelle aussi miracle ou eldorado mais c’est en fait très éloigné de la réalité, comme nous allons le voir.

Un « boom » du gaz de schiste ?

Il paraîtrait que les États-Unis d’Amérique ont connu une « révolution énergétique » grâce aux gaz de schiste. Formidable ! Regardons alors à quoi ressemble une « révolution énergétique ».Globalement la production de gaz connaît effectivement une croissance à partir de 2006. Elle passe alors d’environ 2 000 milliards à 2 500 milliards, soit une augmentation d’un quart en plus de 7 ans. Si la croissance de la production est réelle, elle n’est pas exceptionnelle pour autant : ce n’est qu’une augmentation de 3% par an.Surtout que, depuis quelques mois, la production semble stagner. Il est néanmoins trop tôt pour dire s’il s’agit d’une stagnation passagère ou du sommet de la bulle qui est atteint.Il faut aussi souligner que Total et Shell, qui ne sont pas connues pour être deux ONG combattant farouchement l’exploitation des gaz de schiste, ont toutes deux été déçues de la rentabilité gaz de schiste aux États-Unis. Il ne s’agissait apparemment pas d’un eldorado pour eux.

Le gaz de schiste, bon pour le réchauffement climatique ?

L’utilisation de gaz de schiste, quand elle se substitue à l’utilisation de charbon (comme aux États-Unis d’Amérique), serait bonne pour le réchauffement climatique car elle serait moins émettrice de gaz à effet de serre. Un tel argument est assez étonnant : mieux vaut ne pas utiliser d’énergie fossile du tout plutôt que d’utiliser une énergie qui en émettrait un peu moins. Mais admettons.Le problème c’est que ce n’est pas si simple et l’exploitation du gaz de schiste conduit à des fuites de méthane. Et, pas de chance, le méthane est un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2. Selon le taux réel de fuite, l’exploitation des gaz de schiste pourrait être plus dommageable pour le réchauffement climatique que l’exploitation de charbon. Voilà l’argument des industriels mis à mal !Mais peu importe, les industriels font tout pour minorer ce fameux taux de fuite, afin de minorer l’impact des gaz de schiste sur l’environnement.

En Europe

On nous présentait encore récemment la Pologne comme l’eldorado européen en matière de gaz de schiste. Depuis les choses ont changé et Exxon, ainsi que d’autres compagnies, ont quitté le pays suite à des déceptions en terme de production potentielle et de législation.Au Royaume-Uni, c’est  BP qui annonce que les gaz de schiste ne changeront probablement pas la donne. Le Royaume-Uni, et l’Europe non plus, ne sont pas les États-Unis et donc des coûts supérieurs de 50% à 100% sont envisagés par rapport à outre Atlantique.Et il n’y a pas que les coûts, l’impact sur le paysage n’est pas négligeable. Aux États-Unis ce n’est pas forcément un problème puisque le pays est très peu dense. Mais en France, premier pays touristique au monde, l’impact visuel des puits pourrait être fort dommageable. De plus il faut rappeler qu’il n’y a pas que des puits (séparés de quelques kilomètres au plus) mais il faut également des routes pour que les camions puissent transporter le gaz extrait.Voici un petit tour des régions productrices de gaz non conventionnel aux États-Unis d’Amérique (je ne suis pas un expert et certaines photos pourraient correspondre à de l’extraction de pétrole de schiste…). Les points blancs au sol correspondent aux puits. Ils sont plus ou moins visibles selon le contraste avec le paysage environnant.Michigan :MichiganTexas :Et on pourrait encore continuer le voyage en Louisiane, dans l’Utah, au Colorado (ou encore ici), dans le Dakota du Nord (mais également ici) et dans le Montana.Vous aurez peut-être remarqué que je n’ai pas du tout parlé de fracturation hydraulique. Tout simplement parce que indépendamment de la technique de récupération du gaz, se pose la question de l’intérêt de cette ressource : elle contribue de façon importante au réchauffement climatique, les puits n’ont qu’une faible durée de vie, dans les zones exploitées des dizaines de kilomètres carrés sont parsemés de puits et de routes pour les relier.