Deux poèmes de Mah Chong-gi

Par Etcetera

J’ai trouvé ces deux poèmes du poète sud-coréen Mah Chong-gi dans le recueil Celui qui garde ses rêves, publié en 2014 aux éditions Bruno Doucey. Vous trouverez plus de renseignements sur ce poète en consultant le site Internet de l’éditeur.

Le paysage qui reste

Un oiseau se pose sur une petite branche.
La branche se met à bouger faiblement.
Même après le départ de l’oiseau la branche
tremble encore sans s’en rendre compte.
On dirait que la branche sanglote toute seule.
Le paysage qui reste s’obscurcit tout seul.
Le sommeil de ma femme

Réveillé soudain en pleine nuit
je l’entends parler à petits sanglots dans son sommeil,
ma femme depuis vingt ans couchée à côté de moi.
Par moments, je l’entends même pousser des
gémissements.
On voit mieux le monde avec les lumières éteintes.

Quand on les entend de loin, peut-être les bruits de nos
vies
ne sont-ils tous au fond que des gémissements.
Chacun de nous est destiné à être seul
et en prendre conscience n’est vraiment pas grand-chose
mais, ô ma femme qui apprends à sangloter discrètement
dans ton sommeil
ô ton histoire qui gagne en profondeur de plus en plus !