[Plutôt contre] 96 heures, idée neuve pour réalisation vieillotte

Publié le 27 avril 2014 par Rémy Boeringer @eltcherillo

Quelques mois après Diplomatie, Niels Arestrup revient pour un nouveau huit-clos, 96 heures, réalisé par Frédéric Schoendoerffer. Accompagné par Gérard Lanvin qui n’est jamais meilleur que lorsqu’il joue des drames, il campe à nouveau un rôle de méchant dans ce film policier qui inverse les rôles.

Victor Kancel (Niels Arestrup) vient de purger trois ans de prison. Une peine de prison qu’il a écourté, grâce à une évasion ingénieuse, avec la complicité forcée de Gabriel Carré (Gérard Lanvin, chroniqué ici pour son rôle dans Angélique). Commissaire de police de la Brigade de Répression du Banditisme, Carré est soumis, par le malfrat, au régime de la garde à vue. Celui-ci se donne 96 heures pour le convaincre de balancer l’indic qui l’a fait tomber pour braquage. En parallèle, Marion Reynaud, collègue de Carré (Sylvie Testud, récemment vu dans 24 jours), inquiète de sa disparition, mène l’enquête.

L’idée scénaristique de Simon Michaël et Philippe Isard est originale, véritable point fort du film. Les rôles changent dans cette confrontation psychologique entre flic et bandit. Kancel, accompagné de ses trois acolytes, respecte la forme de la garde à vue avec son lot d’attente, sa perte de repères temporels, et ses interrogatoires plus ou moins musclés. Alors que Carré semble vouloir tenir bon et respecter le secret professionnel, peu à peu, des contradictions émergent parmi ses ravisseurs et, doucement, le fil d’Ariane se dénoue, menant à des tensions grandissante entre les criminels. Carré, interprété par un Lanvin imperturbable, saisit chaque occasion de semer le trouble pour gagner du temps. Face à lui, Arestrup est parfait en parrain paranoïaque perdant toute sa contenance. Abdel (Slimane Dazi), son bras droit, semble accablé par la situation qu’il ne tolère que par loyauté. Il doit s’accommoder des deux collègues fous furieux joués par Jochen Hagele (Sacha) et Pierre Kiwitt (Joseph). Surprise de la distribution, Dazi, par de petites mimiques quasi-indétectable, transmet le sentiment de désaccord qui caractérise son personnage. Comme ses pommettes qui se creusent lorsque Victor Kancel devient plus violent que nécessaire.

Face à ce scénario, proposant une approche nouvelle, le film n’est tout de même pas exempt de défaut. Le premier, et non le moindre, est une lenteur certaine dans le déroulement. Durant près de deux heures, le film aurait gagné avec un montage plus énergique. Si le côté thriller psychologique est intéressant, il n’est pas assez poussé. On passe trop de temps avec Carré seul dans sa cellule, ou Kancel, seul derrière son ordinateur. Indispensable à la compréhension globale, les sorties du malfrat coupent maladroitement le huit-clos instauré au début. On aurait aimé une autre façon d’introduire les personnages extérieurs. Le rôle de Sylvie Testud n’apporte rien, il est totalement secondaire. La musique binaire de Max Richier tente d’insuffler une sorte d’urgence sans y parvenir toutefois. En somme, 96 heures perd significativement en puissance en ne trouvant pas le juste milieu entre action et thriller.

96 heures est un film animé de bonnes intentions et à la recherche d’idées nouvelles. Mais cela rentre en contradiction avec une mise en scène classique, trop classique. Nous ne saurions vous conseiller de vous déplacer spécialement pour aller le voir. 96 heures n’est pas un navet mais reste tout à fait dispensable.

Rémy Boeringer

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