L'Homme qui Voulut être roi

Publié le 08 mai 2014 par Olivier Walmacq

Genre :Aventure

Année :1975

Durée :2H03

L’histoire : Deux anciens soldats de l’armée britannique reconvertis en escrocs se lancent dans le projet audacieux de conquérir le Kafiristan, une région composée d’immenses territoires et de populations très croyantes. Pour assouvir leurs projets ils décident de se faire passer pour des dieux.  

La critique de Vince12 :

Attention Film Culte ! L’Homme qui voulut être Roi signé John Huston en 1975. Un titre qui doit provoquer une réaction chez chacun, même chez ceux qui n’ont pas vu ce film mais en ont forcément entendu parler.

John Huston qui comme j’aime le rappeler était un pur et dur du vieil Hollywood. Ce réalisateur touche à tout a cependant survécu plus ou moins à la nouvelle génération. Déjà dans les années 60, avec son Casino Royale il montrait qu’il pouvait s’adapter à tout. En 1975 en plein apogée du nouvel Hollywood, Huston se lance dans l’adaptation d’une nouvelle de Rudyard Kipling (auteur du légendaire Livre de La Jungle) écrite en 1888. Cela dit Kipling se serait inspiré des histoires vraies de Josiah Harlan et James Brooke.

Attention SPOILERS !

Daniel Dravot et Peachy Carnehan, deux anciens soldats de l’armée britanniques, opèrent désormais la fonction d’escrocs notoires et d’aventuriers sans scrupules. Allant de mauvais coup en mauvais coup, ils finissent par rencontrer Rudyard Kipling, un journaliste qui comme eux, appartient à la franc-maçonnerie. Ils lui affirment leur projet de partir au Kafiristan un pays perdu et quasiment inaccessible dans lequel vit une civilisation ancienne « quasi-antique », païenne, vouant un  culte à plusieurs idoles. Une population qui est restée éloigné de la civilisation occidentale.

Danny et Peachy consultent les cartes de Kipling pour atteindre le pays et le rendent témoin d’un contrat de loyauté entre eux. Leur But ? Conquérir le Kafiristan et devenir rois.

  

Pour les deux anglais, commence alors un long et périlleux voyage à travers des plaines désertes, des contrées pleines de brigands, des montagnes glacées dangereuses. Après une expédition quasi suicidaire ils arrivent au Kafiristan. Ils échouent dans un village fortifié dans lequel il rencontre Billy Fish un Ghurka, seul rescapé d’une ancienne expédition désormais mêlé à la population locale. Ce dernier parlant l’anglais permet aux deux aventuriers de parlementer avec le chef du village un certain Ootah. Danny et Peachy qui ont avec eux tout un stock de fusils issu de la contrebande impressionne bien vite les indigènes. Ils promettent à Ootah de l’aider à abattre ses ennemis. Pour cela ils mettent en exercice leur science de la guerre et forment une armée qui part conquérir un village ennemi. Durant la Bataille Danny impressionne énormément les indigènes. Les deux aventuriers profitent de l’occasion pour faire passer Danny pour un dieu.    

Petit à petit les deux hommes étendent leur emprise sur tous le pays. Danny est même reconnu par le grand prêtre Kafu Selim comme le descendant d’Alexandre le Grand qui avait jadis conquis ce pays. Alors que Peachy s’occupe de prendre les richesses qu’ils sont venus chercher, Danny prend de plus en plus au sérieux son rôle de roi.

Le scénario reprend donc les grandes lignes de la nouvelle de Kipling. A noter cependant que le rôle du journaliste est attribué à Kipling en personne dans le film.   

L’Homme qui voulut être roi a été le projet fantasme de John Huston pendant 25 ans. Le réalisateur est d’abord passé par beaucoup d’avant-projets annulés avant d’arriver à réaliser le film à l’âge de 69 ans.

En réalité avec ce film, Huston s’apparente un peu à George Roy Hill. Dans le sens où tout comme ce dernier, son cinéma est à mi-chemin entre le vieil et le nouvel Hollywood. Et c’est ce qui se ressent énormément dans L’Homme qui Voulut être roi. D’un côté l’ancien côté « pur et dur à l’ancienne » du cinéma de Huston et de l’autre les avancés du cinéma des années 70.

L’homme qui Voulut être roi peut se voir comme un film d’aventures doté également d’une réflexion (certes assez classique) sur le pouvoir et l’ambition.

Premièrement on notera la grande réalisation de Huston. Le réalisateur commence par poser les bases de ses personnages avant de les emmener vers un long périple pleins d’aventures et de rebondissements. Au niveau de l’image on ne peut qu’être ravi. L’intro insiste sur le folklore oriental. Ensuite on notera les superbes paysages de désert, de montagnes, de plaines, de cascades de canyons… Bref Huston nous dresse un panorama d’images superbes. Les décors sont également somptueux et remarquablement mis en avant par la réalisation de Huston.

L’autre argument de l’Homme qui voulut être Roi c’est son casting. Et il faut dire que nombreux acteurs furent envisagés. Clark Gable et Humphrey Bogart, Kirk Douglas et Burt Lancaster, Peter O’Toole et Richard Burton. Il proposa mêmes les rôles à Robert Redford et Paul Newman, mais ce dernier conseillera au réalisateur de prendre des vrais britanniques pour le rôle. C’est donc Sean Connery et Michael Caine qui incarneront Daniel Dravot et Peachy Carnahan à l’écran. Et les deux acteurs nous offrent là un des meilleurs duos de l’histoire du cinéma. Ils parviennent à rendre attachant ces personnages d’escrocs cyniques et d’aventuriers sans scrupules. On retrouve également Christopher Plummer dans le rôle de Kipling, pour le coup l’acteur a été remarquablement arrangé ressemblant énormément à l’auteur. 

L’Homme qui Voulut être Roi se veut donc une réflexion sur le pouvoir. Montrant presque l’ambition de dominer comme une maladie qui rend aveugle et fou celui qui l’attrape. L’histoire exploite aussi la légende (jugée peu probable) qui prétend que la franc-maçonnerie aurait été fondée par Alexandre le Grand. Ce qui en soit n’a rien d’étonnant puisque Kipling était lui-même Franc-maçon. 

L’homme qui voulut être roi se révèle être une grande réussite pour Huston. Réussissant un film d’aventure grandiose et intelligent qui rappelle le cinéma d’antan. Mais aussi un film plein d'humour et d'action. On notera également une superbe BO composé par Maurice Jarre, très inspiré pour le coup, qui nous offre l’une de ses meilleures partitions.

John Huston affiche une nouvelle grande réussite à son palmarès. Un Classique  indispensable du cinéma.

  

Note : 18/20