Relever une vache: faire vite mais comment ?

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Dans le Haut-Béarn, un éleveur qui se présente en victime des vautours (ici) à laissé une vache en difficulté après un vélage difficile, couchée pendant des heures, près de son veau mort, en présence de vautours. C'est jouer avec le feu...

Cette "impuissance" est apparue à certains de mes lecteurs comme de la non assistance à bétail en danger, voire à de la maltraitance.

Que faire devant une vache qui ne se relève pas après un vélage, visiblement difficile. Il faut d'abord un constat de vétérinaire. Celle d'un président de syndicat, fut-ce t-il agricole ne suffit pas: "celle-là, elle était bien, elle a vélé, certes, mais il n’y avait pas la matrice dehors. Il n’y avait aucun signe…"

Voici un extrait de "relever une vache", document de Vincent Jégou des Chambres d’agriculture de Bretagne et de Michel Gautier de la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor.

Relever une vache: faire vite mais comment ?

Le syndrome de la vache couchée regroupe beaucoup de causes possibles. Dans tous les cas de figure, l’objectif est de relever la vache le plus rapidement possible pour assurer sa circulation sanguine, éviter les escarres et favoriser son métabolisme. Panorama des techniques possibles et zoom sur la piscine, la solution qui a notre préférence

Vache couchée : les causes sont multiples

Lorsque l’on trouve une vache couchée qui refuse de se lever, il n’est pas toujours facile de faire la distinction entre les diverses causes possibles. Les symptômes sont assez proches et, de plus, l’examen clinique est malaisé du fait même que la vache est couchée. La majorité des cas correspond à la période autour du vêlage et est reliée à trois catégories de causes principales : métaboliques, traumatiques et infectieuses.
Il faut commencer par éliminer l’hypothèse d’une maladie infectieuse :

  • Pour cela la première chose à faire est de vérifier que la température n’est pas supérieure à 40°C.
  • Il convient également d’examiner la mamelle. Une mammite aigüe peut être responsable de l’état de la vache.
  • Une fois l’hypothèse infectieuse écartée, il faut faire la distinction entre une vache blessée et une vache atteinte d’une maladie métabolique (fièvre de lait notamment).

Dans le doute, demander conseil à votre vétérinaire.

  1. Dans le premier cas, la vache est alerte, elle accepte de boire et de manger, répond aux stimuli.. Lorsque l’on trouve la vache couchée sans l’avoir vue se relever après vêlage, on doit penser à l’éventualité d’une paralysie consécutive à la compression d’un nerf lors d’un vêlage difficile.
  2. Dans le deuxième cas, la vache présente une paralysie flasque, avec une raideur du cou, la température est normale ou plus basse que la normale, les pupilles sont dilatées et la vache ne rumine pas. La vache peut rester couchée après une injection de calcium. Deux hypothèses sont alors à explorer : soit le taux de phosphore ou de potassium est anormalement bas ;soit la vache est tombée pour cause de fièvre vitulaire et s’est blessée : dans ce cas on constate que les symptômes de la fièvre vitulaire ont disparu, la vache accepte à nouveau de boire et de manger et recommence à ruminer

Causes possibles de l’incapacité à se relever chez la vache laitière
Au cours du vêlage ou dans les 4 jours qui suivent:

  • fièvre de lait (hypocalcémie)
  • hypophosphémie (taux de phosphore du sang anormalement bas)
  • hypokaliémie (taux de potassium du sang anormalement bas)
  • mammite aiguë
  • blessures et traumatismes (paralysie du nerf obturateur, luxations, fractures, déchirures musculaires)
  • gastrite traumatique avec péritonite diffuse
  • tétanie d’herbage
  • rupture de l’utérus avec péritonite diffuse

Quelques heures pour agir

Compte-tenu de son poids, une vache couchée va développer très rapidement des lésions nerveuses, musculaires et articulaires par écrasement du coté sur lequel l’animal est couché. Cela va se traduire par un arrêt de la circulation sanguine, qui va provoquer des escarres, des nécroses musculaires, des hématomes, voire des polyarthrites. Alors que l’animal peut sembler vif et en relativement bon état, ces lésions deviennent très rapidement irréversibles...à moins de faire changer le bovin de côté toutes les quatre à six heures. Pour l’aider à se relever il est inutile de le brutaliser, ça ne fait qu’empirer les lésions.
La législation actuelle interdit l’abattage en abattoir de bovins accidentés depuis plus de 48 heures,  ainsi que de tout animal malade.
Lors du diagnostic, il convient de bien identifier si l’animal est volontaire et semble capable de tenir sur ses membres arrières. La prise de décision doit donc être rapide : un bovin couché depuis plusieurs jours et qu’on n’aurait pas pris soin de retourner fréquemment, n’a d’autre issue que l’équarrissage...

Les vautours étaient là pour ça, c'est leur métier...