Marcher stimule la créativité

Publié le 13 mai 2014 par Nadegeoge

La marche à pied, en intérieur ou en extérieur, est un véritable générateur d'idées nouvelles. Et l'effet persiste après un effort de quelques minutes seulement.

«Les grandes pensées naissent en marchant». Et si Nietzsche, dès 1889, avait raison sur ce point? Des chercheurs américains de l'université de Stanford semblent en effet prouver que la marche stimule la créativité. Leurs travaux, parus dans le Journal of experimental psychology, reposent sur une batterie d'expériences dont les résultats convergent tous vers cette conclusion.

Ils ont inclus au total 176 étudiants et les ont soumis à différentes expériences. Certains sont ainsi restés collés à leur chaise, tandis que d'autres étaient invités à se promener quelques minutes à travers le campus puis à se réinstaller. A chaque fois, ils devaient effectuer des tests, dont celui de Guilford, destiné à évaluer la capacité d'imagination. Concrètement, ce test consiste à trouver en quelques minutes toutes les utilisations possibles pour un objet de la vie quotidienne. Par exemple un pneu ou un bouton. Dans le dernier cas, des étudiants ont ainsi imaginé une poignée de porte de maison de poupée, une mini passoire ou encore un moyen de marquer son chemin au sol. Et si plusieurs personnes donnaient la même idée, cette dernière n'était plus considérée comme nouvelle ni originale. Au final, entre 81% et 100% des étudiants soumis à la marche ont été largement plus créatifs avec en moyenne 60% d'idées en plus que ceux restés assis. «Et cette envolée créative persistait quelques minutes après la marche, même si la personne avait regagné sa chaise», précise Marily Oppezzo, co-auteur de ces travaux.

L'environnement n'y est pour rien

En revanche, la marche n'a pas permis d'améliorer les capacités de raisonnement logique. Les chercheurs l'ont vérifié grâce à un autre test adapté à cette dimension cognitive. Les volontaires devaient cette fois trouver un mot qui pouvait être associé à trois autres d'une liste: par exemple chalet, suisse, gâteau. La réponse attendue était alors fromage (le «cottage cheese» est un fromage frais, le «cheese-cake» un gâteau, le «swiss cheese» un nom générique qui aux États-Unis désigne tous les fromages ressemblant à l'emmental ). Ceux qui marchaient n'ont pas fait mieux, voir moins bien à ce test, que ceux qui restaient assis.

Les chercheurs se sont alors demandé si ce n'était tout simplement pas le changement d'environnement qui stimulait l'imaginaire. Mais les résultats sont formels, la couleur des murs, l'activité de la rue ou les bienfaits du grand air n'y sont pour rien! Pour le vérifier, ils ont demandé à des volontaires de s'asseoir successivement dans des pièces différentes, à d'autres de marcher sur un tapis roulant à l'intérieur face à un mur blanc ou encore, ils ont promené certains d'entre eux à l'extérieur en fauteuil roulant pour les exposer à tous les attraits du campus sans avoir à marcher.

La piste des médiateurs chimiques

Ils ont alors constaté que toutes ces mises en scène ne changeaient rien à la donne. Se fatiguer devant le mur blanc a eu le même effet stimulant que suivre un parcours animé et à l'inverse, la promenade en fauteuil roulant n'a pas eu d'impact. C'est donc bien le fait de marcher qui influe sur la capacité d'imagination.

Les raisons de ce déferlement de créativité apporté par la marche restent à ce jour énigmatiques. Néanmoins, le fait que cette capacité accrue persiste dans les minutes qui suivent l'arrêt de la marche oriente les chercheurs vers la piste de médiateurs chimiques libérés pendant l'exercice et qui stimuleraient certaines zones cérébrales. En attendant d'en savoir plus, ces travaux incitent déjà fortement à changer d'attitude en cas de «brain storming». Finies les interminables séances autour d'une table, que chacun se lève et se mette à marcher. Les idées s'en porteront mieux et la santé aussi!

(source Le Figaro.fr)