"Ma mère est une sirène où les mots sont parfois comme les poissons, difficiles à pêcher" de Benoît BROYARD et illustré par Laurent RICHARD est une tranche d'émotion.Thomas se demande où est partie sa maman. Luc, son père, n'est pas bavard. En rentrant de sa journée de pêche, il prend son temps pour réparer les filets. Il faut le laisser travailler, ne pas le déranger. Oui mais l'enfant veut savoir et le papa ne veut pas montrer ses larmes, ce serait trop dur pour son fils.Alors Thomas imagine sa maman redevenue sirène par malédiction à sa naissance. Il va aller lui parler, au fond de l'eau, elle va le cajoler et lui expliquer. L'enfant imagine des retrouvailles, une rencontre. Ce ne sera pas dangereux, la maman est sirène, il est donc à demi-poisson et puis en plus, elle viendra vite à sa rencontre.
L'album présente ce manque de communication entre le père et le fils, une difficulté à dire l'indicible, une envie de ne pas culpabiliser, de ne pas amener plus de malheur. Le silence n'est pas un manque d'amour A travers cette métaphore, l'eau est l'inconnu et l'attente pour l'enfant mais aussi le lien avec ses parents, le déclic. Un filet de pêche peut peut-être attraper une sirène et dénouer les larmes et les mots.
Le travail de Laurent RICHARD est lui aussi une fantasmagorie. Le réel et l'imaginaire sont ainsi repris avec des croquis, des découpages bruts et des dessins à l'encre d'une science naturelle, d'une imagerie féérique ou de dessins industriels.