Après un traumatisme, il faut bien mourir… ou revivre

Publié le 13 mai 2014 par Bmgeneve


Le Salon musical a connu une soirée au titre mystérieux : « La honte et la voix ». Cette conférence était donnée par Sophie Solo, chanteuse et comédienne bien connue à Genève, devant un public d’une centaine de personnes.
Sophie a abordé un sujet difficile entre tous, celui d’un traumatisme psychique et physique subi dans son enfance, ainsi que les dégâts que cela a pu provoquer chez elle dans son développement et dans l’image qu’elle a forgé d’elle-même par la suite à partir de cet événement fondateur/destructeur. Elle a expliqué avec pudeur mais aussi avec précision les stratégies d’auto-défense inconscientes qui se mettent en place face à de tels chocs. Stratégies qui passent par une responsabilisation de l’événement ; comme si le choc n’était pas subi, mais voulu et organisé par celui-là même qui le subit. D’où les sentiments de honte et de culpabilité qui en découlent.

L’autre versant de la présentation abordait la rédemption. Car après un traumatisme, il faut bien mourir… ou revivre. Pour Sophie Solo, la rédemption est venue de son travail sur la voix. Et c’est par ce travail en profondeur qu’elle a réussi à passer progressivement d’un autoportrait torturé à une image d’elle-même en Castafiore triomphante tel un objectif de vie.

La présentation plutôt analytique et contenue de Sophie fut émaillée de trois chansons qui ont permis à ce moment-là, et à ce moment-là seulement aux émotions de s’exprimer dans leur vraie liberté artistique. Alors, en donnant à percevoir concrètement le pouvoir de transformation des émotions par l’art, Sophie Solo a offert à son public la possibilité de percevoir le pouvoir de rédemption qui peut en découler. Merci à elle : ce fut une soirée belle, intense et frémissante.

Paul Kristof


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