Hidalgo : la mauvaise Samaritaine

Publié le 14 mai 2014 par Delanopolis

Il suffit de voir la façade de l'immeuble dessiné par les architectes japonais de l'agence Sanaa pour comprendre pourquoi le Tribunal a pu légitimement considérer qu'"eu égard notamment à la nature et à la destination de cet immeuble, et en dépit de ses qualités architecturales intrinsèques, les requérants sont fondés à soutenir que le projet, sur l'artère où il est implanté, ne satisfait pas aux prescriptions du plan local d'urbanisme."

Ce plan prévoit en effet que " les constructions nouvelles doivent s'intégrer au tissu existant, en prenant en compte les particularités morphologiques et typologiques des quartiers [...]ainsi que celles des façades existantes. "

Après avoir abattu des façades haussmaniennes sur la rue de Rivoli, il était à craindre que le respect de la typologie du quartier par ce projet soit sujet à caution !

Il y a certes un immeuble Art Déco à côté, mais le choix de Sanaa relève à tout le moins d'une "intégration" à tendance hétéroclite ...

Ce qui est désolant dans toute cette affaire, c'est que la lenteur de la justice a permis la destruction des anciens bâtiments. Faudra-t-il alors construire un pastiche de ce qui a été démoli ? Au risque de choquer mes lecteurs, je pense que le vin tiré doit être bu, que le bâtiment de Sanaa a des qualités plastiques et architecturales indéniables et qu'il vaudrait mieux maintenant aller jusqu'au bout plutôt que de sombrer dans du post-façadisme stupide.

Quoi qu'il en soit, oser comme Hidalgo se draper dans l'audace architecturale près avoir torpillé le superbe projet de Rem Koolhaas aux Halles, qui lui ne heurtait pas une architecture dépourvue d'unité alentour, est un sommet d'hypocrisie.

Car, quelle est au fond la différence entre le bâtiment de Sanaa rue de Rivoli et ce que suggérait l'architecte néerlandais pour les Halles ? Dans le deuxième cas, un "gros méchant capitaliste", à savoir Unibail, était contre, dans le premier LVMH est pour.

Bref, en bon petits socio-collabos du Grand Kaaaapital, Delanoë et Hidalgo ont osé rue de Rivoli ce qu'ils ont fui rue Berger...