Européennes 2014 : Debout La République entre système et extrêmes

Publié le 16 mai 2014 par Vindex @BloggActualite
Continuons notre présentation des principales forces présentes aux élections Européennes avec les listes du parti Debout La République présidé par Nicolas Dupont-Aignan, député-maire de la ville de Yerres (Essonne). Après s’être présenté aux élections présidentielles de 2012 (où il avait récolté 1,79 pour cent), « NDA » comme l’appelle ses fidèles, poursuit sa lancée avec les européennes, une étape important pour ce parti qui centre son analyse politique sur l’Union Européenne.

Carte d’identité du parti


Idéologies : souverainisme, gaullisme, conservatisme, républicanisme, euroscepticisme. Ralliement européen : EU Democrats.Slogan : « Ni système, ni extrêmes ».Derniers résultats aux européennes : 1,77 pour cent en 2009. Aucun siège.

Campagne

-Nicolas Dupont-Aignan et Nigel Farage au Meeting du 13 avril 2014-


Nicolas Dupont-Aignan a lancé sa campagne politique le 13 avril 2014 à l’occasion du meeting qu’il a donné à Paris. En invitant l’homme politique anglais Nigel Farage, il comptait avoir un appui de poids pour maximiser la médiatisation de sa campagne et augmenter sa crédibilité. Il faut dire que le leader du United Kigndom Independance Party a le vent en poupe outre-manche : le souverainiste est en tête des sondages avec parfois plus de 30 pour cent des suffrages devant le parti Conservateur, le Labour et le parti Libéral Démocrate. Un soutien de prestige donc pour le gaulliste qui a quitté l’UMP en 2007. Ce meeting fut l’occasion de faire des déclarations communes sur la politique européennes et notamment sur l’euro, « un projet qui a très mal dérivé » selon Farage. De la même manière, Nicolas Dupont-Aignan pense que « l’UE a trahi la belle idée européenne ». Cette campagne est aussi l’occasion pour le président de Debout la République de se démarquer du Front National, entre « système et extrêmes », car selon lui le Front National sert au système d’épouvantail. Le Front National quant à lui, est plutôt mécontent non seulement parce qu’il pense que Dupont-Aignan divise les patriotes, mais aussi parce qu’il comptait bien avoir le soutien de Nigel Farage. Pourtant il faut dire que le soutien de Farage au leader de DLR n’est pas étonnant : en effet, la candidate DLR pour l’Est, Laure Ferrari, a travaillé pour Nigel Farage en tant qu’assistante parlementaire au parlement européen. De plus, les liens entre les deux partis existaient au moins depuis 2012 puisque le leader de UKIP avait déjà été invité à des meetings de Nicolas Dupont-Aignan pendant la campagne des dernières élections présidentielles. Le soutien pour les européennes est donc en continuité avec les liens entretenus par ces deux formations politiques. Par une campagne lancée relativement tôt par rapport aux autres partis politiques, Debout La République espère prendre de l’avance et instaurer un débat d’idées sur l’Union Européenne. Voyons voir les principales propositions du parti et comparons les avec le projet défendu en 2009.

Propositions


En tant que parti gaulliste et souverainiste, Debout La République a un projet qui insiste sur l’indépendance de la France sur le plan économique, politique et budgétaire. Du fait de sa sensibilité gaulliste, Nicolas Dupont-Aignan pense que la France ne peut-être grande que par son indépendance et par le rassemblement des français. Les listes Debout la France dénoncent ainsi l’actuelle construction européenne incarnée par le Traité de Lisbonne qui fut passé malgré le « NON » de 2005 au sujet du Traité sur la Constitution Européenne (un traité dont s’inspire fortement le Traité de Lisbonne selon Valéry Giscard d’Estaing).Enumérons à présent les 10 orientations prises par le parti de Nicolas Dupont Aignan pour ces élections.
-Instituer une Europe des Nations : le parti vise ici à transférer aux nations les attributs principaux de leur souveraineté : budget, monnaie, lois, frontières. Cela se justifie selon DLR par le fait que la démocratie ne peut avoir lieu qu’au niveau de la Nation.
-Bâtir des coopérations européennes par projets à 4 ou 5 pays : selon les candidats de Debout La France, l’Union Européenne serait plus utile par des projets concrets de coopération que par une bureaucratie lourde. Ils s’inspirent ainsi du projet « Ariane » ou « Airbus » qui représente selon eux la « Belle idée européenne » et qui n’ont pas nécessité la Commission de Bruxelles mais des échanges entre quelques pays. Il s’agit de faire émerger des « champions européens » (un peu comme les champions industriels sous De Gaulle en France) dans les secteurs de pointe : médecine, numérique, énergie, défense, exploration spatiale… Des agences européennes « à la carte » remplaceraient ainsi les institutions européennes actuelles pour gérer ces projets auxquels les pays pourraient participer selon leur envie. Si cette vision très pragmatique de l’UE est séduisante on peut toutefois se demander quelle cohésion existerait encore en Europe entre les pays.
-En finir avec Schengen : comme d’autres partis de Droite, Debout la République condamne les accords de Schengen. Il s’agit de pouvoir contrôler ses frontières concernant la liberté de circulation et de mieux combattre l’immigration irrégulière.
-Mettre fin définitivement au processus d’adhésion de la Turquie à l’UE : ce thème est également abordé par d’autres formations de Droite. Et comme souvent, il s’agit de fixer des frontières claires à l’UE et de proposer des partenariats privilégiés avec les pays du sud. Mais malheureusement il n’est pas question de l’Union pour la Méditerranée (à laquelle la Turquie appartient notamment) ni d’autres élargissements éventuels.
-Abolir les privilèges des fonctionnaires européens : Debout la République fait sans doute là référence au salaire élevé de certains fonctionnaires travaillant pour les institutions européennes qui peuvent gagner jusqu’à 18 000 euros par mois selon la Commission Européenne.
-Remplacer l’euro par des monnaies nationales coordonnées entre elles : c’est là une des principales propositions qui va avec la virulente critique de l’euro. Nicolas Dupont-Aignan et son parti pensent que l’euro n’est pas une monnaie adaptée à des économies aussi disparates que celles qui composent l’UE et que cette monnaie unique n’est pas assez souple pour résister aux crises économiques et financières. Il s’agit donc de la transformer en une monnaie commune pour permettre aux nations de retrouver une monnaie qui correspond à leur économie. Il y aurait donc un euro-mark, un euro-franc… Si l’idée souhaite un compromis, elle devrait néanmoins être plus développée pour surmonter une peur qui existe encore parmi nos concitoyens : celle de sortir de l’euro (il faut dire qu’elle est souvent présentée comme un événement terrible…). Un peu plus de pédagogie ne serait pas de refus.
-Abandonner le catastrophique traité de libre-échange transatlantique et combattre la mondialisation sauvage en rétablissant le principe de préférence communautaire : selon le parti gaulliste, le traité favorisera une concurrence déloyale dont il faut protéger l’agriculture, la culture, la santé ou encore l’éducation. Il faut toutefois être précis sur ce traité : en effet, certains domaines en sont déjà exclus comme la culture après un vote au parlement européen. De la même manière, il faudrait préciser l’idée d’une taxe écologique aux frontières (de l’Europe ou de la France ? Combien de pourcent ?) pour rétablir la loyauté des échanges.
-Supprimer la directive des travailleurs détachés, ce pour limiter le dumping social à l’intérieur de l’UE.
-Sanctuariser au niveau national la politique de la famille : cette proposition est logique pour le camp souverainiste qui souhaite que les nations prennent indépendamment leurs décisions sur les sujets de société, notamment concernant la PMA et la GPA.
-Affirmer l’indépendance stratégique de l’Europe : point d’Europe de la défense pour les souverainistes, mais une volonté de supprimer toute référence à l’OTAN dans les traités pour que chaque pays gère selon ses souhaits ses relations avec les Etats-Unis.  
Si Debout La République critique fréquemment les derniers traités et le fonctionnement actuel de l’Union Européenne, il ne se contente pas de critiquer. En effet, Nicolas Dupont-Aignan a dévoilé dernièrement son « Plan B » avec un traité alternatif comprenant 26 articles qui indiquent la conception institutionnelle de l’Europe que se font les listes Debout la France. L’Union Européenne deviendrait la Communauté Economique des Etats qui fonctionnerait en premier lieu en s’appuyant sur les Etats et les différents projets de coopération. Des agences remplaceraient ainsi les institutions actuelles. Toutefois, certaines politiques communes seraient conservées comme par exemple la Politique Agricole Commune.
Voyons voir à présent comment le projet de Debout la République a évolué depuis 2009. Nous pouvons dire que même si la pensée profonde à propos de l’Union Européenne n’a pas changé, le projet a évolué en proposant un plus grand changement européen. En effet, s’il souhaitait que l’euro soit au service de la croissance en 2009, Nicolas Dupont-Aignan propose cette fois-ci un changement plus radical sur l’euro pour un retour des monnaies nationales dans le cadre d’une monnaie commune. De même, alors qu’il souhaitait restreindre le pouvoir de la Commission en 2009 et renégocier les traités européens, le leader de DLR propose cette fois-ci de supprimer ces institutions et de les changer avec sa proposition de traité alternatif. Toutefois on retrouve un élément important déjà proposé en 2009 : l’Europe « à la carte » avec les projets de coopération à 4 ou 5 pays. Il n’est plus question, en revanche, d’une seconde assemblée des européens rassemblant les représentants élus des différents pays. Les propositions sur la concurrence sont aussi plus concrètes. Apparaissent aussi de nouvelles thématiques, notamment sur les travailleurs détachés, les sujets de société ou encore le Traité Transatlantique : c’est bien sûr dû à l’actualité politique.
En conclusion, même s’il est crédité de 1,5 à 4 pour cent d’intention de vote selon les sondages, Nicolas Dupont-Aignan apparaît confiant sur ses chances le 25 mai prochain. Le projet présenté est logique avec ses convictions souverainistes et s’est approfondi depuis 2009. Toutefois, DLR ne va-t-il pas souffrir de son manque d’exposition ? Le soutien du UKIP anglais va-t-il porter ses fruits alors que le Front National semble plus fort et plus porté par une dynamique de rejet de l’Union Européenne ? 

Sources


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