Kuk Po village fantôme…

Publié le 17 mai 2014 par Stephaniehk

Exploration en terre inconnue au programme de ce chaud samedi d’avril: direction le nord du territoire, tout près de la frontière chinoise.

Après 1h45 de bus, train et minibus, nous atteignons le bout de notre monde: Luk Cheng.

De là, c’est à pieds que nous partons découvrir cette zone particulière: la frontière entre Hong Kong et la Chine, pendant longtemps le rempart entre l’Est et l’Ouest.

Sur la carte ci dessus, la frontière est la ligne noire en haut, au dessus de la mer. Il n’y a donc qu’un petit bout de Chine en haut à droite, le reste c’est HK.

Le sentier que nous avons emprunté part de Kai Kuk Shue Ha (en bas au milieu) et suit le littoral vers l’Est.

Nous sommes en plein dans le paradoxe de HK, une nature ‘junglesque’ d’un côté et l’urbanisation à outrance de l’autre (même si dans ce cas particulier, l’urbanisation est côté Chine):

Un panneau rappelle le statut particulier de cette zone: la baie qui nous sépare de la Chine, le Starling Inlet, fait partie des zones à accès contrôlé, mis en place du temps de la colonie. Cette zone permettait de jouer le rôle de tampon entre HK et la Chine et de limiter l’immigration clandestine – inutile de préciser dans quel sens… mais du coup, cette restriction s’applique aux résidents de HK.

De nombreuses zones anciennement limitées, ont été complètement ouvertes (la plupart sont des réserves naturelles hébergeant de nombreuses espèces d’oiseaux, laissés tranquilles du fait de cette mise à l’écart règlementaire, mais aujourd’hui les promoteurs ont les yeux tournés vers elles…), alors que d’autres sont encore restreintes. C’est le cas de Sha Tau Kok, le petit village à l’ouest de la frontière, et de cette baie. Auparavant seuls les habitants, familles et entrepreneurs ayant besoin d’y accéder avaient un permis d’accès, aujourd’hui les visiteurs peuvent s’y rendre aussi mais il faut faire une demande à la police au préalable.

Nous dépassons Fung Hang, encore ‘habité’ pour nous rendre directement à Kuk Po quasiment complètement déserté… sauf le week end! Un petit café est même installé à l’entrée du village.

Nous commençons l’exploration: le bâtiment le plus élégant se trouve dès l’entrée, il s’agit de l’ancienne école, construite en 1928 et utilisée jusqu’au début des années 1990:

Nous nous enfonçons ensuite vers les hameaux les plus reculés, la nature est d’un vert quasi phosphorescent!

Quand les habitants ont abandonné le village à partir des années 1950/1960, ils n’ont pas seulement laissé leur maison, ils ont également laissé leurs animaux:

Quelques ruines en chemin:

Mais plus loin, le hameau de Yi To est très bien conservé:

Nous pique niquons là: il y a même l’eau chaude au robinet pour se laver les mains!

Et de la musique: une maison est habitée… aujourd’hui!

On repart et on s’enfonce encore, le prochain hameau, Sze To est reconverti en petite ferme:

Encore plus loin, et fin de sentier, le hameau de Ng To, complètement désert:

Maison tout confort:

Une photo et une casserole, peut être du passage de temps en temps? De l’humidité assurément vu le sol

Le petit jardin est plein de charme…

… et de moustiques Sauve qui peut!

Nous rebroussons chemin et bifurquons sur San Uk Ha, un hameau déjà plus important:

Le délabrement des habitations est plus ou moins avancé:

Mais dans tous les cas, on a l’impression que les familles ont décidé de partir du jour au lendemain.

Pourtant, pas de catastrophe naturelle ou d’épidémie, juste une conjonction d’éléments: le statut de parc protégé qui a empêché le développement de la zone, l’exode rural, mais surtout l’instabilité en Chine, les craintes de la population et la fuite de nombreux résidents vers le Royaume Uni à l’époque où les hongkongais en avaient encore le bénéfice. Beaucoup sont d’ailleurs partis ‘sans laisser d’adresse’ et le gouvernement est aujourd’hui dans l’impossibilité de retrouver les propriétaires des maisons et terrains…

Le village a hébergé jusqu’à 160 personnes.

Il y a quand même une maison encore ‘utilisée’ de temps en temps, apparemment:

Comme toujours la végétation ne se fait pas prier pour prendre possession des vestiges:

En route vers Kuk Po Lo Wai, le ‘chef lieu’:

Le village est un endroit magique à sa façon, bien sûr. Je suis consciente que ce genre d’endroit peut laisser insensible mais moi j’adore! Le charme, le caractère asiatique, la désuétude des intérieurs, imaginer la vie ici il y a 50 ans, l’écart avec l’autre Hong Kong…

Le plan du village est traditionnel, les maisons sont alignées sur plusieurs rues parallèles et étroites:

Il y a en fait encore un habitant permanent dans ce village, il habite dans la maison avec les paniers, sur la droite.

Je vous invite à visionner son interview ci dessous, il faut cliquer sur ‘visionner sur Youtube’ pour des questions de droits…

Plus on s’enfonce vers le fond du village, plus les maisons sont délabrées:

On se croirait à Angkor!!

Quand je me promène dans ce genre d’endroits, j’ai l’impression de faire une chasse aux trésors. Chaque maison, chaque recoin me réservent toujours une surprise, une découverte.

Le plus amusant, ce sont les intérieurs:

Inutile de dire que j’aurais été moins intrépide en plein été. J’imagine sans difficulté que le village se peuple à la haute saison… de gentilles bestioles à 8 pattes…

Aujourd’hui, nous n’avons du affronter que les moustiques (je pense qu’ils sont encore en pleine crise de foie depuis ) et quelques petites araignées de rien du tout. Pas de serpents mais je ne doute pas qu’ils doivent se plaire ici!

Nous ressortons, par une des portes du village:

Mais attention, il y a de la circulation de ce côté-là!

Il n’y a plus que quelques maisons isolées, certaines massives et plutôt en bon état:

Nous revoici au bord de la mer – les différents villages se trouvent dans une sorte d’anse marécageuse.

La Chine face à nous, et notamment le poste frontière au milieu de l’eau. Contraste entre les pêcheurs hong kongais et le bâtiment militaire chinois!

L’anse de Kuk Po est protégée par une digue que l’on peut emprunter pour retourner vers l’école, mais je préfère prendre un autre chemin près des habitations.

Encore de jolies demeures:

Contraste entre la nature et Shenzhen au fond:

Nous repassons devant le hameau de San Huk Ha…

… puis devant l’école de l’autre côté de la baie:

La zone marécageuse avec les villages d’un côté et la Chine de l’autre:

Au gouter, choix entre douceurs locales et palourdes:

En préparant la carte en début de billet, j’ai été très surprise de constater qu’il n’y avait aucune route qui permet de passer de HK à la Chine. J’étais persuadée du contraire, notamment en constatant la continuité de la ville face à nous. En regardant bien, on devine finalement la rupture, à l’apparition des premiers immeubles:

Retour vers le village de Fung Hang.

Fung Hang est encore largement habité – à côté de son voisin! – mais certaines maisons sont malgré tout abandonnées:

Avant de reprendre le bus, exploration rapide de Kai Kuk Shue Ha, entre ‘modernité’ et tradition:

… puis Luk Keng Wong Uk:

Une fantastique exploration! Même l’attente du minibus pendant 50mn à la merci des moustiques n’aura pas entamé mon enthousiasme!