CULTURE et PARENTALITÉ: Favoriser l'interdépendance ou l'autonomie de l‘Enfant? – Personality and Social Psychology Bulletin

Publié le 18 mai 2014 par Santelog @santelog

A partir de la prise de position d’une mère chinoise, expliquant dans le Wall Street Journal pourquoi les mères chinoises sont les meilleures, ces chercheurs de Stanford ont regardé les différences de parentalité entre les parents asio-américains et euro-américains. 4 études, pour cerner des différences d’éducation et se poser finalement une question : Les parents doivent-ils «  travailler  » à l’autonomie de l’enfant ou favoriser l’interdépendance parents-enfants ? Zoom sur 2 modes de parentalité, avec le Personality and Social Psychology Bulletin.

Ces mères chinoises, on les appelle les «  tiger mothers  », du nom que s’était donné Amy Chua qui affirmait déjà en 2011, que les méthodes parentales asio-américaines font des enfants qui réussissent beaucoup mieux. Une éducation à la fois plus exigeante et plus fusionnelle, décrite dans cette étude de Stanford publiée dans le Personality and Social Psychology Bulletin. « Pourquoi les mères chinoises sont les meilleures (ou «  Why Chinese Mothers Are Superior  »), l’article publié en 2011 dans le Wall Street Journal* en 2011 avait fait grand bruit. Son auteur, Amy Chua, professeur à la Yale Law School et auteur de l’ouvrage «  Battle Hymn of the Tiger Mother  » expliquait comment en étant beaucoup plus exigeants, plus impliqués, plus déterminés dans les études et les passions des enfants, plus directifs, plus concernés et plus disponibles aussi, les parents d’origine asiatique préparent mieux leurs enfants à l’avenir.

Ces chercheurs de Stanford ont étudié de plus près cette approche parentale et éducative et leur recherche met en lumière des différences fondamentales et clés dans les méthodes entre les Euro-Américains et les Asio-américains.

L’interdépendance «  asiatique  » mère-enfant : Pour illustrer ces différences culturelles dans la parentalité, les chercheurs s’appuient sur la description des relations maternelles d’étudiants du supérieur, un facteur important dans cette éducation, explique l’auteur principal, Alyssa S. Fu qui explique que ces mères asiatiques ont tendance à être plus impliquées, en particulier dans la réussite scolaire de leurs enfants et dans une relation durable avec eux qu’elle qualifie d’interdépendance. Alors que les enfants euro-américains sont encouragés à être indépendants et leurs parents les encouragent à se voir comme des individus autonomes qui doivent faire leurs expériences. Une différence essentielle, souligne l’auteur, entre les modèles parentaux euro-américains et asio-américains.

Les chercheurs ont mené 4 expériences pour étudier ces différences.

·   Dans la première étude, les étudiants répondaient à des questions ouvertes sur leurs mères. Les enfants d’origine asiatique sont plus susceptibles de parler de leur relation de leur mère et de la place de la mère dans leurs réussites, alors que les autres enfants vont plutôt décrire leurs mères comme une personne distincte et se concentrer sur sa description.

·   Dans la seconde étude, les étudiants ont évalué leurs liens maternels dont la pression ressentie de la part de leurs mères. Les étudiants d’origine asiatique montrent cette plus grande interdépendance avec leurs mères et confient également une plus grande pression sans se sentir moins soutenus pour autant. Les autres enfants vont vivre ces pressions de manière bien plus négative et plus la pression maternelle est forte, moins ils se sentiront soutenus. Ils auront le sentiment que leurs mères ne les comprennent pas.

·   Dans les troisième et quatrième études, les étudiants ont dû effectuer des tâches induisant une expérience de l’échec. Les enfants d’origine asiatiques se montrent plus motivés pour recommencer jusqu’à réussir, que les autres enfants. Ils sont motivés à la seule pensée de leurs mères, en particulier quand on leur rappelle leur relation d’interdépendance.

Ces 4 études soulignent ainsi des différences fondamentales dans les méthodes parentales selon les cultures. Dans la culture asiatique, la relation à la mère favorise la motivation en particulier en cas d’obstacle ou de tâche difficile. Les autres enfants américains, qui se voient déjà indépendants de leurs mères et ne sont aucunement motivés par la pression maternelle voient le challenge ou l’échec comme une affaire personnelle et non un projet de groupe.

Après la famille, les études… : Des résultats qui dépassent le champ des professionnels de l’Enfance et des parents bien sûr. Car ils ont des implications aussi sur la dynamique entre les étudiants et les enseignants. Car en étant à l’écoute de sa mère ou de ses parents, un jeune sera aussi plus à l’écoute de ses professeurs. A l’époque où de nombreux parents démissionnent, pensant, pour certains, laisser ainsi à leurs enfants le champ pour faire leurs propres expériences, et où dans une tendance similaire, les enseignants sont de plus en plus fréquemment aux prises avec des problèmes d’indiscipline, sans pouvoir démontrer le lien entre ces deux tendances, ces études posent aussi la question de l’autorité.

En conclusion, cette étude pose question, à chaque parent, professionnel de l’enfance ou enseignant, en révélant aussi les bénéfices de ces deux modes d’exercice de la parentalité. Instiller chez l’enfant le sentiment d’autonomie et de responsabilité et tirer parti de l’interdépendance pour insuffler une «  pression  » bénéfique aussi, lorsqu’elle est bien gérée, pour la motivation de l’enfant.

Source: Personality and Social Psychology Bulletin April 11, 2014, doi: 10.1177/0146167214524992 My Mother and Me: Why Tiger Mothers Motivate Asian Americans But Not European Americans (Visuel © Monkey Business – Fotolia.com)

Wall Street Journal 2011 Why Chinese Mothers Are Superior

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