Maps To The Stars - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

Pléthore d'étoiles Hollywoodiennes filant à déchéance !

Après le loufoque Cosmopolis, David Cronenberg n'est pas redescendu sur Terre, bien au contraire, avec Maps to the Stars, il dépeint le « Star system » hollywoodien sous des auspices plus que perchés, inquiétants...
Le(s) plus

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Monsieur Cronenberg sait s'entourer pour ses films !
On retrouve ici une pléiade d'étoiles, de Julianne Moore (Havana Segrand) à John Cusack (Stanford Weiss) en passant par Mia Wasikowska (Agatha) et Robert Pattinson (Jérôme), où encore le jeune Evan Bird (Benjie).
Et quel spectacle nous livrent-ils !!! Julianne Moore, hystérique à souhait, hantée par un oedipe inversé non résolu au travers des apparitions fantomatiques de sa célèbre et splendide mère, est tout simplement époustouflante ! John Cusack, thérapeute encore plus tordu que ses patients ou ses concepts de guérison, cache un secret familial des plus pervers. Mia Wasikowska, tour à tour mystérieuse et séduisante, inquiétante et émouvante, nous glace le sang autant qu'elle nous apitoie ! Enfin, le jeune Evan Bird, incarnation suprême du star system dans toute sa splendeur, figure mi-schizophrénique mi-médium, nous fait froid dans le dos, tant il semble convaincant et réaliste dans son rôle de « babystar au visage d'ange poupin » pourtant incroyablement dur en affaires, et conscient de sa valeur (business is business). En revanche, Robert Pattinson reste assez fade et semble faire plante verte pour attirer le public de minettes en rut :-(.

Tout ce beau monde se côtoie dans l'univers impitoyable de Dallas... euh, non d'Hollywood (autrement plus glamour avec ses paillettes, ses boules à facette, son GHB et autres drogues). Ici, les stars sont reines et font la loi, attirant tant les touristes que les vautours du showbiz, eux-mêmes semblant évoluer dans une réalité parallèle, planète où tout est permis pour rester en haut de l'affiche... Et forcément, tout ceci est malsain. Entre petits mensonges, gros secrets et perversions, les protagonistes de ce petit monde ont du souci à se faire ! L'inceste est ici une métaphore du petit monde d'Hollywood, circuit fermé où tout le monde se croisent, fréquentent les mêmes lieux, couchent ensemble (enfin, il est à noter qu'à 20 ans, on est déjà considéré comme ménopausée, c'est dire comme les choses vont vite...).

Le réalisateur cherche-t-il, au travers de ce tableau à nous choquer, employant pour cela moult artifices comme des scènes de sexe à plusieurs, d'un personnage aux toilettes qui se laisse aller comme si de rien n'était devant son assistante, d'un homme qui tue un chien « par inadvertance », d'une statuette qui sert d'arme du crime, ou encore d'une femme qui se réjouit de la mort d'un enfant parce qu'il lui permet d'obtenir un rôle... ?

Et pour sublimer cette masturbation intellectuelle, le talent de Cronenberg et sa mise en scène stylée, accompagnée d'une magnifique photographie (ça c'était pour la partie technique :-p).

Le(s) moins

Dans une boite de chocolats, on ne sait pas toujours sur quoi on tombe.
Parfois, l'emballage est appétissant mais la déception se fait sentir quand on le porte en bouche. D'autres fois, c'est le contraire comme avec cette pépite Cronenbergienne. On sent, sous ses côtés chimérico-poètique, une métaphore d'un microcosme dépeint malheureusement de manière chaotique ! Et ce qui pêche dans cette intrigue, c'est le scénario qui, à force de masturbation intellectuelle démesurée, tombe dans le non sens. Et comme c'est dommage ! Le spectateur est perdu, tel un profane en pleine congrégation Star Wars (bah oui, il y a Carrie Fischer), il sent que quelque chose de profondément lucide se joue, mais il passe à côté, trop occupé à passer son temps à interpréter des événements qui ne sont pas interprétables (#CQFD).
Faut-il avoir pris du LSD ou autre psychédélique pour entrer dans cet univers perché ? Telle est la question qui laisse une impression de désemparement en sortant de la salle...

Conclusion

Film chimérique, un brin schizophrénique, Maps to the stars a le mérite de se démarquer par la « Cronenberg touch », déjà présente dans Cosmopolis pour les amateurs. Le casting est tout simplement hallucinant et vaut le visionnage à lui seul !
Envie d'un trip ésotéro-nombriliste ? Tentez un shoot de Cronenberg, que vous aimiez ou détestiez, une chose est sûre, ce film ne vous laissera pas indifférent !

Ma note: 6/10


Maps To The Stars



Synopsis : "A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu'il aide à se réaliser en tant que femme et actrice.
La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l'assistante d'Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.
Mais alors, pourquoi dit-on qu'Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l'odeur du sang."
Réalisé par: David Cronenberg / Avec: Julianne Moore, Mia Wasikowska, Olivia Williams, John Cusack, Robert Pattinson et Carrie Fisher / Genre: Drame / Nationalité: Canadien, américain, français, allemand / Distributeur: Le Pacte
Durée: 1h51min / Date de sortie: 21 mai 2014
Public: Interdit aux moins de 12 ans

Plus d'informations !

  • Les Anecdotes !


    Ecrit par Bruce Wagner, le script de Maps To The Stars était dans les tiroirs de David Cronenberg depuis... 8 ans. Le réalisateur confie : "Ce n'était pas un scénario fait pour être tourné tel quel. Bruce le décrivait comme une catharsis, quelque chose qu'il devait faire. Il me l'a fait lire, je l'ai trouvé merveilleux et je voulais le tourner. On a travaillé, j'ai effectué des changements et on a essayé de le financer...C'était il y a 8 ou 10 ans."

    Maps To The Stars peinait à voir le jour faute de financement. Mais après de nombreuses péripéties, le projet a pu être mettre sur pied. David Cronenberg explique : « Pour des raisons de financement, ça ne pouvait être qu'une co-production canado-européenne, et, dans ce cadre, l'auteur ne pouvait pas être américain. De plus, on ne pouvait pas tourner à Los Angeles pour des raisons financières, et le film s'en serait ressenti. Finalement, un nouveau traité entre l'Allemagne et le Canada a permis de terminer le montage d'une coproduction. Voilà donc l'histoire du film. »

    Maps to the stars marque la cinquième participation de David Cronenberg au Festival de Cannes, après Crash en 1996, Spider en 2002, A History of Violence en 2005 et Cosmopolis en 2012. Il fut également Président du Jury en 1999.

    Pour Maps to the stars, David Cronenberg retrouve Robert Pattinson, avec qui il avait précédemment collaboré dans Cosmopolis. L'acteur est une fois de plus l'une des têtes d'affiche.

    Viggo Mortensen et Rachel Weisz devaient à l'origine tenir les premiers rôles. Ils ont dû se retirer du projet, leurs emplois du temps respectifs ne leur permettant pas de participer au tournage. Les deux acteurs ont été remplacés par John Cusack et Julianne Moore.

    Bruce Wagner a inclus dans le script de Maps To The Stars, quelques vers de Paul Eluard, tirés de son poème Liberté. Une poésie qui rejoint parfaitement l'esprit et la thématique du film, car selon le réalisateur: «Dans le monde d'Hollywood, c'est la gloire qui est la vraie liberté »

    Maps To The Stars est le premier film de David Cronenberg a être tourné aux USA, le réalisateur ayant pour habitude de poser ses caméras au Canada ou au Royaume-Uni. Une partie du tournage s'est effectuée pendant 5 jours à Los Angeles et Beverly Hills et l'autre, pendant 24 jours dans le Toronto natal du réalisateur.

    De nombreux fantômes se baladent dans ce nouveau long-métrage de Cronenberg. Le réalisateur explique qu'il faut y voir un clin d'œil aux icônes défuntes d'Hollywood : « Le fantôme de James Dean hante encore le monde...Dans le scénario original, il y avait beaucoup plus de fantômes. Je m'en suis débarrassé, car j'ai une aversion philosophique pour les fantômes. Ils supposent une vie après la mort et à mes yeux, c'est un concept religieux. Je suis très antireligieux. (...) J'accepte les fantômes de l'expérience et de la mémoire. Et c'est ainsi que je les ai dépeints dans le film : des fantômes reliés à la mémoire.»

    Sexe, violence, inceste... le contenu explicite de Maps To The Stars vaudra au film d'être défendu aux mineurs non accompagnés aux USA.

    Maps To The Stars n'est pas le premier film de Cronenberg dont la production s'étale sur de nombreuses années. Pour Faux Semblant et A Dangerous Method, la mise en place du projet a duré près d'une décennie.

    Pour Maps To The Stars, le réalisateur canadien a confié la réalisation des costumes à sa sœur, Denise Cronenberg. Ce n'est pas la première fois que les deux frères travaillent ensemble. Ce fut déjà le cas pour A Dangerous Method et Cosmopolis.

    A travers cette saga familiale, Cronenberg voulait aborder le thème de l'inceste. Non pas de façon indécente, mais à travers une métaphore des relations hollywoodiennes. Il précise : « C'est un type d'inceste assez spécial. On connait mieux les relations Père-fille, ou mère-fils. Le monde du cinéma est incestueux en ce qu'il est très limité, même si sa diffusion est mondiale (...) C'est un tout petit groupe de gens qui ne cessent de se rencontrer, dans les mêmes restaurants, les même quartiers, ou dans les festivals, par exemple. Tout le monde a les mêmes problèmes, les mêmes discussions, les mêmes centres d'intérêt. Et Hollywood est une communauté incroyablement petite. Donc l'inceste est dans le business, la sensibilité et la créativité. Les résultats tendent à confirmer la nature dangereuse de l'inceste telle qu'un généticien pourrait la définir : prenez les grands studios hollywoodiens, les films qu'ils produisent semblent être le fruit d'une union incestueuse. »

    Maps to the Stars fait partie de la Compétition du 67ème Festival de Cannes, qui se tient du 14 au 25 mai 2014.

Et vous qu'avez-vous pensé du film Maps To The Stars ?