Comment faire le deuil d’une épouse et d’une maman?

Par Frenchgirlinlondon

Assise à la terrasse d’un café, cachée derrière mes lunettes de soleil, je profite des premiers rayons de soleil du printemps qui semble enfin vouloir montrer le bout de son nez ! J’ouvre mon livre, j’inspire profondément et commence à lire « It’s not raining, daddy, it’s happy ».

Les larmes commencent immédiatement à couler le long de mes joues. Ben est l’heureux papa d’un petit garçon de deux ans, Jackson. Ils viennent de passer l’après-midi chez des amis. Sa femme, Desreen, attache Jackson dans sa poussette. Ils vont prendre le train pour rentrer chez eux.

Et puis… le drame frappe cette famille. Une voiture fonce sur eux. Il aperçoit un portail ouvert du coin de l’œil et arrive, de justesse, à éviter la voiture et pousser la poussette hors de danger. Le petit Jackson n’a rien vu et rien senti, à part la manœuvre un peu brusque de son papa. Ben se retourne et aperçoit sa femme allongée sur la route,  il hurle.

Je réprime mes sanglots, les larmes coulent abondement le long de mes joues. Ce livre, est l’histoire de Ben et Jackson, et de leur première année sans Desreen. Le déni, la colère,  la tristesse et puis peut-être un jour l’acceptation. Ben parle aussi beaucoup de sa femme. De leur première rencontre, il y a beaucoup d’amour dans ce livre, je  sèche mes larmes et puis je souris, je ris. Ce livre relate les moments les plus tristes mais aussi, par l’intermédiaire de flash-backs, les plus heureux de la vie de Ben et Jackson.

L’auteur parle de son deuil, de leur deuil, et partage son difficile parcours de papa solo. Comment expliquer à son petit garçon que sa maman est partie pour toujours, qu’elle ne voulait pas partir mais qu’elle ne pourra malheureusement jamais revenir. Comment réaliser qu’être fort et reprimer ses émotions devant lui n’est pas forcément la meilleure chose pour son fils, que même s’il a deux ans et qu’il ne comprend pas le concept de mort, sa maman lui manque et qu’elle lui manque tout aussi cruellement qu’à son papa.

« Nous étions allongés sur le lit dans le silence le plus total. On s’est regardés en silence.  J’étais tourmenté par les souvenirs de Desreen et, j’ai l’impression qu’il l’était aussi. L’absence de Desreen se faisait cruellement sentir dans cette chambre encore peuplée de toutes ses affaires. Une larme a commencé à rouler le long de sa joue et puis de la mienne. Les larmes sont devenues des pleurs et les pleurs des sanglots. J’ai fait comme lui, je me suis laisse allé  et on a commencé à pleurer tous les deux avec intensité, d’une façon incontrôlable jusqu’à ce que nos larmes tarissent.

Quelques jours plus tard, en repensant à la situation j’ai réalisé que pour la première fois depuis sa naissance je n’ai as consolé mon fils en lui disant « ne pleure pas ». Je ne lui ai pas chuchoté « chhhh, chhhh » à l’oreille pour le calmer. Je l’ai laissé pleurer, je l’ai laissé exprimer toute la profondeur de sa peine. C’était la toute première que nous partagions un moment d’émotion aussi cru, aussi honnête. D’une certaine manière, j’ai vu ça comme quelque chose de positif. A partir de ce moment, je ne lui ai plus jamais dit « ne pleure pas » mais « c’est bien, exprime-toi », « chuut, je sais mon chéri, je sais » (p.170, traduit par mes soins. Le livre n’a pas encore été traduit en français).

Deux mois après la mort de son épouse, Ben a commencé un blog www.lifeasawidower.com. En à peine une semaine, il était invité à partager son histoire sur la BBC et dans le quotidien « the Guardian ». Il a aussi ouvert un forum privé pour échanger avec d’autre parents qui ont perdu leur conjoint et doivent élever leur enfant seuls.

C’est un livre d’une tristesse immense mais aussi plein d’espoir et d’amour. Un livre à lire, absolument, si vous ou l’un de vos proches a été confronté à la même situation, peut-être aussi si vous élevez votre enfant seul pour un raison ou pour un autre. Ce livre est une ôde à la vie, à la famille et à l’amitié. Confrontés aux défis du quotidien, on oublie parfois de célébrer tous les petits bonheurs de la vie. Tous ces bonheurs qu’on croit acquis et qui peuvent nous être dérobés en instant tragique au détour d’une rue lors d’une soirée d’automne.

It’s not raining, daddy, it’s happy, Benjamin Brooks-Dutton