Une expérience de lecture inédite.

Par Mademoizela
Je viens de finir Acide sulfurique d'Amélie Nothomb. Pour la première fois de ma vie, je ne sais pas si j'ai aimé un roman. Je ne sais pas non plus si c'est une merde terrible ou si c'est un roman génial.
Faut-il crier au génie ou au scandale? JE NE SAIS PAS!

Il s'agit d'une émission de téléréalité qui reprend le concept du camp de concentration. Un Auschwitz télévisé. Du coup, la métaphore se veut autoreverse. Et, selon, le point de vue adopté, on est face à un roman intelligent ou au contraire un roman inutile.
Même les Critiques Littéraires me divisent...
Baptiste Liger s'insurge, en 2005 dans Lire, avec raison : 
Frédéric Beigbeder rétorque avec autant de bons arguments:

Utiliser l'expérience concentrationnaire pour remettre en cause la téléréalité, je trouve cela inepte et à la limite du négationnisme historique. Utiliser l'angle de la téléréalité pour questionner l'image du bourreau durant cette lourde période du XX°, c'est intelligent. Hitler (ou les créateurs et diffuseurs du programme), les seuls bourreaux? Qui étaient les voyeurs dans les camps? Pourquoi avoir laissé faire? Comment résister?
Je pense qu'Amélie Nothomb a voulu montrer l'horreur humaine, la monstruosité que chacun porte en soi. Le monstre, c'est celui qui fait le mal. Mais c'est aussi celui qui regarde sans penser, sans agir. Celui qui regarde la misère, le malheur par pure pulsion cathartique. Celui qui observe l'immondice de loin, par écran interposé, pour pouvoir savourer son propre bonheur.J'aurais eu un vrai avis si elle n'avait pas repris les noms: "kapos", "concentration", "camps" qui d'emblée nous intègrent dans un univers qui a été réel. Fictionnaliser (si si le verbe existe dans la terminologie linguistique...) ce qui a été réel a tendance à banaliser ce drame.Si l'auteure voulait parler de télé-réalité et des "yeux assassins" des spectateurs, il y avait d'autres métaphores moins extrêmes. Si elle voulait nous donner une leçon d'histoire et nous lancer des appels d'urgence, des avertissements sur le fait que l'histoire n'a de cesse de se répéter, que l'Homme ne prend pas note des erreurs du passé, qu'il promet que cela ne se reproduira plus et pourtant... je pense que ce récit peut être utile; surtout dans le contexte politique et social actuel et dans notre société télévisuelle contemporaine qui dévie de plus en plus...
Si le lecteur veut vraiment une leçon historique, je serais plus d'avis à recommander la pièce de Jacques Attali: Du cristal à la fumée, mise en scène par Daniel Mesguich.