Il a un trouble de la personnalité que l'on qualifie de borderline. Il est extraordinairement superficiel. Il ne jure que par les apparences et par ce que les gens dégagent. Il juge définitivement les livres d'après leur couverture. Il est obsédé par les grandes marques à la mode et par l'impression qu'il laissera sur les gens.
Il a souvent des crises de panique pour des pacotilles. Par exemple lorsqu'il réalise qu'il a oublié de retourner une cassette video au club video, il peut facilement se retrouver en larmes. En plein milieu du processus de démembrement de l'une de ses victimes, il peut soudainement s'arrêter et crier: "je ne veux pourtant qu'être aimé!"
Heureusement il est fictif.
Christian Bale
Dechen Thurman
Micheal Kremko et
Matt Smith l'ont incarné au cinéma, à la télé et sur scène
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Le chien d'un banlieusard est un boxer.
Il ne réfléchit jamais. Il réagit. Il est extrêmement loyal à son maître mais à bien peu d'autres personnes. Lorsqu'il aperçoit un autre chien, sa première réaction est de vouloir s'imposer à lui et de l'intimider. Lorsqu'il aperçoit un chat, c'est trop pour son imagination, il se contente de japper et de l'effrayer en fonçant vers lui, mais souvent, cette drôle de petite créature féline se gonfle, sort les dents et pousse un cri ressemblant à un sifflement si tordu que le boxer se sent obligé de retraiter. Plus étonné qu'apeuré. Il ne lâchera tout de même pas du regard la drôle de petite créature, mais la laissera tranquille.
Il grogne quand on tente de lui soutirer un objet qu'il a dans la bouche et peut mordre si il se sent franchement agacé. Il n'a de souci que pour ses besoins précis quand vient le temps de manger. Il n'évalue en rien le bien du mal et voilà pourquoi, quand la petite voisine jouait dans sa cour avec des petites amies, il n'a fait preuve d'aucun discernement et est allé mordre le tendre visage de la petite blonde qui parlait franchement trop fort pour ses oreilles canines. Il l'a défigurée.
Le boxer est un animal.
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Fin saoûl, il se pointe l'automne dernier dans un party où personne ne l'avait vraiment invité. Il insulte un peu tout le monde et est impliqué dans une bagarre quand il choisit de s'attaquer aux filles ("Filles" au sens large, qu'il accuse de constamment le rejeter), bataille qui lui brise la cheville.
Humilié, sa rage, son envie et sa jalousie ne s'en trouveraient que décuplés.
Convaincu fermement que les filles de son âge seraient impressionnées par sa BMW, il ne s'en trouve que plus sévèrement déçu quand il constate que la plupart des jeunes filles qu'il approche ne le trouve plus ou moins ridicule avec son statut Facebook qui ne montre que sa BM, et des égoportraits à volonté de sa personne au volant de sa BM. Il ne comprend guère que sa personnalité y est aussi pour quelque chose dans le rejet de sa personne.Il se croit peut-être dans ces pays où si un homme désire une femme, celle-ci n'a pas son mot à dire.
Dans un café, écoeuré et jaloux d'un couple de son âge qui s'embrasse comme il voudrait tant le faire, il leur lance son café sur la tête et prend la fuite. Ça lui fait grand bien.
Prochaine étape: le fusil et la tuerie. Il habite les États-Unis, alors il s'achète deux fusils aussi facilement qu'on s'achèterait de la margarine.
Cette vie n'est pas juste. Il tuera.
Juste les couples. Les filles. Les blondes qui l'ignorent. N'importe qui qui oserait le faire se sentir inadéquat. Il annonce son jour de vengeance sur Youtube, au volant de sa BM bien entendu. Il publie aussi des clips musiscaux, toujours au volant de sa BM. La musique des années 80. La musique de Patrick Bateman. La même. Il accompagne son discours narcissique, déconnecté de la réalité et haineux par de petits rires archi faux, comme le pire des comédiens dans le pire des films.
Cerné par la police, il échange des coups de feu, crash sa BM, et se tire une balle dans le front. Ou peu importe. Il n'existe plus. N'aurait peut-être jamais dû.
Détruit.
Les familles des victimes sont horrifiées.
Mes trois portraits sont parents.
Mes trois portraits sont crève-coeur.