Fra Diavolo

Par Krri

de Denis Duclos

Petit matin d'été.  Padaillan-la-Neuve, douillette villégiature touristique en Provence profonde, dort au pied du mont Prentout.  Qui se douterait qu'un cauchemar va s'insinuer dans cette quiétude estivale ?

Un jogger parisien trouve un cadavre de postier dans les chutes de l'Armentin.  Quelques heures plus tard, une institutrice à la retraite est étranglée en écoutant France Culture.  La nuit n'est pas tombée qu'un motard « vert » est décapité dans la montagne par une corde de piano tendue entre deux cèdres

En attendant la ville vaque.  Tourisme et affaires vrombissent.  À la sortie du pays, mugit le grand Dancing « Fra Diavolo », tenu d'une poigne vigoureuse par la famille Massini.  Tout baigne.

Personne ne se dérange donc quand une jeune touriste en camping sauvage est éventrée à quelques mètres des lotissements.  Ni quand une infirmière du petit hôpital est projetée dans la cage de l'ascenseur et agonise, fracassée.

Enfin, les gendarmes sont mis au courant.  La rafale de morts inquiète le parquet d'Avignon.  On dépêche un juge d'instruction: le jeune et fougueux Durel, qui s'acoquine aussitôt avec son vieil ami, le commissaire Douard, sans souci de la guerre de territoire qu'il déclenche avec la gendarmerie.  Douard et Durel sont aussitôt happés par l'horreur qui se répand: un rom guitariste est retrouvé cuit dans la soupière de l'usine d'équarissage.  Une jeune en sortie au Fra Diavolo est empalée sur des ronds à béton.  Pleurs et gémissements retentissent en ville.  La rumeur s'embrase de brasserie en café.  Quel est le dément qui tue ainsi ?

L'histoire se noue dans le passé.  D'autres morts, d'autres crimes anciens pourraient expliquer une vengeance contre la ville.  Mais quand on reconstitue la vérité, aura-t-on vraiment saisi le meurtrier, lui-même enlevé au monde dans une course de camions en folie ?  Qui l'a vraiment vu se faire écraser ?  La menace ne plane-t-elle pas encore sur Padaillan ou d'autres villes du bonheur post-moderne ?

Éditions LE PASSAGE