Réchauffement climatique : un nouveau seuil d'alerte a été franchi

Publié le 03 juin 2014 par Bioaddict @bioaddict

En avril 2014, pour la première fois, les concentrations mensuelles de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère ont dépassé 400 parties par million (ppm) dans tout l'hémisphère Nord, a annoncé l'Organisation météorologique mondiale (OMM). ¤¤

Partie par million : Une partie par million représente un dix-millième de pourcent. Une concentration de 400ppm indique donc que le CO2 représente 0,04% des molécules d'air sec.

Les concentrations moyennes mensuelles sont calculées à partir de mesures continues. Il existe environ 130 stations de mesure du CO2 réparties dans le monde.

"Ce seuil est hautement symbolique sur le plan scientifique, et le fait qu'il ait été franchi démontre une fois de plus que l'exploitation de combustibles fossiles est responsable, ainsi que d'autres activités humaines, de l'augmentation continue des concentrations de gaz à effet de serre qui réchauffent notre planète" commente l'OMM dans un communiqué publié 26 mai dernier.

Toutes les stations de surveillance de l'hémisphère Nord qui constituent le réseau de la Veille de l'atmosphère globale de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) ont en effet signalé des concentrations records de CO2 dans l'atmosphère durant le pic saisonnier, qui intervient au début du printemps boréal, avant que ce gaz ne soit absorbé par la croissance végétale.

"Alors que les valeurs maximales relevées au printemps dans l'hémisphère Nord ont déjà passé la barre des 400 ppm, la concentration de CO2 à l'échelle du globe, en moyenne annuelle, devrait franchir ce seuil en 2015 ou 2016" prévient l'OMM.

"Comme les précédents, ce constat vient à point nommé pour nous rappeler l'augmentation constante des gaz à effet de serre qui sont un facteur d'évolution du climat. Si nous voulons préserver notre planète pour les générations futures, il nous faut agir d'urgence pour réduire les émissions de ces gaz qui piègent la chaleur", a déclaré le Secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud. "Le temps presse".

Le CO2 persiste dans l'atmosphère pendant des centaines d'années, et sa durée de vie dans les océans est encore plus longue. C'est le principal gaz à effet de serre rejeté par les activités humaines: il a contribué à l'augmentation du forçage radiatif - qui induit un réchauffement du système climatique - à hauteur de 85% sur la décennie 2002-2012.

Le forçage radiatif s'est accru de 34% à cause des gaz à effet de serre entre 1990 et 2013, d'après les derniers chiffres publiés par l'Administration américaine pour les océans et l'atmosphère (NOAA).

D'après le Bulletin de l'OMM sur les gaz à effet de serre, la teneur de l'atmosphère en CO2 a atteint 393,1 parties par million en 2012, ce qui représente 141 % de ce qu'elle était à l'époque préindustrielle (278 parties par million). Le taux d'accroissement annuel du CO2 atmosphérique a été en moyenne de 2 parties par million sur la décennie écoulée.

Depuis 2012, toutes les stations de surveillance implantées dans l'Arctique ont relevé au printemps des concentrations de CO2 supérieures à 400 ppm, en moyenne mensuelle, d'après les données reçues des stations de la Veille de l'atmosphère globale (VAG) situées au Canada, aux États-Unis d'Amérique, en Norvège et en Finlande.

On constate aujourd'hui cette tendance à de plus faibles latitudes: les stations de la VAG situées en Allemagne, au Cap-Vert, en Espagne (Ténériffe), en Irlande, au Japon et en Suisse ont toutes signalé des concentrations moyennes mensuelles supérieures à 400 ppm pour mars et avril.

En avril, la teneur de l'atmosphère en dioxyde de carbone, en moyenne mensuelle, a dépassé 401,3ppm à Mauna Loa (Hawaii), selon la NOAA, alors qu'en 2013, ce cap n'avait été franchi que durant deux jours. Datant de 1958, Mauna Loa est la station de mesure du CO2 atmosphérique la plus ancienne au monde, et elle est de ce fait considérée comme étant un site de référence dans le cadre de la Veille de l'atmosphère globale.

"L'hémisphère boréal compte plus de sources anthropiques de CO2 que l'hémisphère austral. Le cycle saisonnier du CO2 est aussi régi par la biosphère. Le minimum saisonnier est observé en été, lorsque l'absorption du CO2 par la végétation est considérable, et le pic constaté en hiver et au printemps est dû à l'absence d'absorption par la biosphère et à la multiplication des sources qui sont à l'origine de la décomposition de la matière organique ainsi que des émissions anthropiques. C'est donc dans les régions les plus septentrionales que le cycle saisonnier est le plus prononcé" précise l'OMM.

Le scénario le plus pessimiste du dernier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) table sur une concentration en CO2 d'environ 900 ppm en 2100. Elle se traduirait par une augmentation de la température terrestre de 4,8 °C pour la période 2081-2100 par rapport à la moyenne de 1986-2005, une élévation du niveau des mers de presque un mètre, une multiplication des événements climatiques extrêmes (tels que les sécheresses, pluies diluviennes et ouragans plus intenses) ainsi qu'une insécurité alimentaire exacerbée. A moins que la communauté internationale ne s'engage à réduire les émissions de CO2 et à agir de façon drastique en ce sens. Un nouveau traité plaçant tous les Etats de la planète sous un minimum de contraintes doit être scellé en 2015 à Paris pour s'appliquer en 2020. Il est aujourd'hui trop tard pour éliminer tous les impacts des changements climatiques mais pas trop tard pour agir.

ME