La mauvaise équation de l’incinération ?

Publié le 04 juin 2014 par Blanchemanche

Pour le collectif Eau Secours services publics 17, le nouvel incinérateur de Paillé, non loin de Saintes, va contrarier les effets consentis par la redevance incitative. Des arguments qui restent vains



Bernard Pinson, président d’ESSP 17, a calculé que pour le contribuable de la CdA, le coût du traitement des ordures ménagères résiduelles passerait de 52,50 € à 218 € la tonne© PHOTO S. J. Publié le 04/06/2014 par Séverine Joubert
La collecte des déchets produits sur le territoire de la Communauté d'agglo est gérée directement par la CdA, ce qui lui a permis de mettre en œuvre la fameuse « redevance incitative », une taxe qui sanctionne financièrement une trop grosse production de déchets.Pour le collectif Eau secours services publics 17 (ESSP 17), augmenter la capacité de destruction des déchets résiduels par l'incinération frôle le non-sens quand, dans le même temps, la CdA mène une politique de diminution de production des déchets tout comme le Smictom d'ailleurs.Un moratoireAvec le nouvel incinérateur de Paillé, commune située entre Saint-Jean-d'Angély et Aulnay, le projet du Smictom est d'atteindre une capacité de traitement de 40 000 tonnes par an contre 30 000 actuellement. L'investissement serait supérieur à 80 millions d'euros, dont 48 millions d'euros pour la réalisation et 32 millions d'exploitation sur six années. Il pourrait traiter des déchets extérieurs au département.Le président d'ESSP 17, Bernard Pinson, demande aux élus de la Communauté d'agglomération de Saintes de proposer un moratoire à leurs homologues du Smictom. Il expose quelques arguments dont un touchant au porte-monnaie.« L'analyse financière que nous avons faite en regard du marché passé avec les sociétés filiales d'EDF nous amène à penser qu'une forte augmentation de la part du traitement des ordures ménagères va avoir lieu », s'inquiète Bernard Pinson. Ce dernier a calculé que, pour le contribuable de la CdA, le coût du traitement des ordures ménagères résiduelles passerait de 52,50 € à 218 € la tonne ! Cette multiplication par quatre a de quoi donner le vertige. Surtout quand des efforts sur le tri sont demandés parallèlement.À nuancer toutefois par un fait : l'incinérateur de Paillé, construit en 1981, est amorti. Il coûte donc zéro en investissement. Les 218 € calculés par ESSP 17 intègrent l'investissement envisagé. En se contentant du coût de l'exploitation, la facture à la tonne passe de 52,50 € à 133 € tonne.Dans sa réflexion, le collectif pointe également des clauses très avantageuses et peu risquées pour les bénéficiaires de l'exploitation, c'est-à-dire Tiru-Cyclergie, une filiale d'EDF.ESSP 17 estime d'autre part que, « malgré les progrès réalisés, la méthode d'incinération reste très nocive pour notre santé et l'environnement (CO², métaux lourds, dioxines, chlores, etc...) ». Bernard Pinson juge même cette technique « obsolète » et aimerait que le Smictom étudie d'autres postes.« Pas meilleure solution »« Nous avons cherché et trouvé des alternatives à l'incinération, moins chères, moins polluantes. La société Oxalor nous invite, avec des élus de la CdA, à visiter leur site qui traite les déchets de la CdA de Niort à Lezay. Nous pourrons y poser nos questions et analyser ce procédé de tri par traitement à la chaux. »Le collectif a exposé ses attentes lundi soir à Bruno Drapon, maire adjoint de Saintes, vice-président de la CdA en charge de « la gestion et de la valorisation des déchets », nouvellement élu vice-président du Smictom Vals d'Aunis. L'élu connaît cette technologie exposée et détaillée au sein de l'assemblée régionale, où il siège dans l'opposition. C'est Faut-il agrandir l'incinérateur de Paillé, comme le prévoit le Smictom Vals d'Aunis (Syndicat mixte intercommunal de collecte et traitement des ordures ménagères) auquel appartient la Communauté d'agglomération de Saintes pour la compétence « traitement » ?peu dire qu'elle ne le convainc pas du tout parce que, selon lui, trop gourmande en fonds publics et peu performante.ESSP 17 a proposé une autre solution, « le tri par extrusion », mais son application semble difficile même si « la Suisse a décidé de financer ce projet. Un marché de construction et d'exploitation est signé, la construction du premier centre est en cours, l'exploitation devrait démarrer au mois de novembre », appuie Bernard Pinson.Malgré cela, Bruno Drapron est formel : « Aujourd'hui, on n'a pas trouvé de solution de remplacement à l'incinération ».Au lendemain de la rencontre avec l'élu, le président d'ESSP 17 ne masquait pas sa déception. « Ils pensent incinération sans jamais imaginer qu'il puisse y avoir autre chose. Monsieur Drapon, UDI, nous a fait l'éloge de M. Borloo et du Grenelle de l'environnement, mais dans la pratique, nous ne sentons pas la volonté, la vigueur, la pugnacité nécessaire à mener un projet innovant. »