Écoutez un regard décalé: Le Nouvel Observateur, 50 ans de passions

Publié le 04 juin 2014 par Podcastjournal @Podcast_Journal
L’histoire du Nouvel Obs a été faite par ces hommes héritiers intellectuels de la Seconde Guerre mondiale. Par ceux-là même qui se croient dépositaires de la juste pensée. Par ces intellectuels qui à l’époque ne pouvaient être que de gauche, par cette intelligentsia qui se croyait si intelligente, si supérieure, si capable d’expliquer le chemin à suivre tout en se souciant si peu de son lectorat. Un magazine entre soi.
L’histoire du Nouvel Obs est passionnante car elle traverse son demi-siècle, sur fond de combats politiques, idéologiques et intellectuels. De rencontres avec de beaux esprits contrariées par de grandes mais aussi petites ambitions sous fond de rivalités et autres mesquineries. Car entrer ainsi dans le quotidien d’un média et de celui-ci en particulier, c’est se colleter à une réalité qui rejette tous rêves et tous fantasmes. Surtout cet hebdomadaire est un témoin de son temps et c'est en cela que cette histoire est passionnante. La liste serait trop longue à établir pour rappeler tous les épisodes importants. Mais le Nouvel Observateur n'a pas seulement été témoin de son époque, il a aussi parfois fait l'histoire ou du moins en a été un des acteurs principaux.

Deux hommes font l'histoire du journal: Daniel et Perdriel. La plume contre l'argent. On connaissait d'avance la fin de l'histoire, puisque l'histoire du journal justement est celle d'hommes de leur époque. Des premiers émois, des premières ambitions qui se sont vite confrontés à la réalité de l'époque qui nous le savons ne fait plus rêver depuis longtemps. Toutes ces séries de compromis, de compromissions, c'est désillusionnant mais passionnant en même temps puisque c'est l'histoire des hommes qui défilent ainsi pages par pages.

Au Nouvel Observateur, tout le gratin du journalisme parisien des 30 dernières années défilent, après avoir accueilli les intellectuels germanopratins des années 60 et 70, philosophes et historiens en majorité. La galerie de portraits est séduisante même si trop courte, mais il est vrai que ce ne sont pas seulement eux qui ont fait l'histoire du magazine.

A la lecture du parcours de ce journal, on se demande comment Perdriel a réussit à le tenir à flot autant de temps et lui qui avait juré qu'il ne vendrait jamais son hebdomadaire le fait. Mais difficile de le lui reprocher,la bataille fut héroïque. En novembre, le magazine fêtera ses 50 ans avec il faut l'espérer ses pères fondateurs.
Jacqueline Remy relève le défi de présenter l'histoire du Nouvel Obs d'un ton assez neutre tout en sachant rester intéressante et même de temps en temps relever un point deci delà particulièrement ironique. L'exercice n'était pas aisé.



Le Nouvel Observateur, 50 ans de passions.
Jacqueline Remy, Pygmalion.
348 pages