Quand la Parisienne s'amusait comme une folle

Publié le 02 janvier 2014 par Manon @Manon_Garrigues

Les années folles. Période de décadence, d'euphorie, d'insouciance. Après la guerre, Paris s'encanaille. La Parisienne serait même une fille facile, selon les américains. Légère et libérée, elle fait tournoyer sa robe à franges au rythme d'un charleston endiablé. Finis les corsets et les jupes longues, la Parisienne s'émancipe progressivement par le vêtement. Elle ose même le pantalon et la coupe garçonne, se prenant pour Louise Brooks ou Coco Chanel.
Pourquoi évoquer aujourd'hui la Parisienne des années 30 ? Car elle est plus que jamais au coeur de l'actualité et on en a bien besoin. Une pointe de frivolité et d'insouciance, ça ne fait pas de mal en ces temps perdus difficiles !
Retour sur cette folle parenthèse.

Coco Chanel en mode 1920


Louise Brooks ou La Fille au Casque Noir

Quand la Parisienne donnait une leçon de chic

Femme à l'écharpe


Vous rêvez de découvrir la garde robe d'une Parisienne des années 30 ? Rendez-vous au Musée Carnavalet pour admirer quelques pièces d'Alice Alleaume, première vendeuse chez Chéruit mais surtout passionnée de mode. Robes Lanvin, chaussures d'Hellstern ou encore chapeaux Marcelle Demay, les plus grands noms de la haute couture des années 20 défilent sous nos yeux. Alice et sa famille racontent l'histoire du vêtement de la Belle Époque aux années 30 à travers leurs pièces mais aussi leurs documents personnels (carnets de vente, listes de clientes, photos). Une exposition authentique et passionnante qui nous plonge au coeur d'un Paris raffiné où la Parisienne incarnait le paroxysme du chic.

Mannequins de 1910, G.Agié,  Les Créateurs de mode




Alice Alleaume
Exposition Roman d'une garde-robe, le chic d'une parisienne de la Belle Époque aux années 30  jusqu'au 16 mars 2014
Musée Carnavalet 23, rue de Sévigné - 75003 Paris
Entrée à partir de 6 euros
Livre sur l'exposition 35 euros

Quand la Parisienne dansait le charleston
Le 2 décembre dernier, France 3 consacrait un documentaire au Paris des années 30, Paris, années folles : de Montmartre à Montparnasse. Le résumé de la chaîne :  En 1918, un extraordinaire élan vital s'empare d'une France victorieuse, exsangue et dépeuplée. Les Français se tournent vers la joie de vivre et le progrès social. Entre 1924 et 1937, ce rêve va trouver sa réalité à Paris, qui acquiert un rayonnement culturel mondial unique, tant populaire qu'intellectuel. Mais Paris ne serait pas devenu ce «nombril du monde», selon Henry Miller, sans deux quartiers qui se font face de part et d'autre de la Seine : Montmartre et Montparnasse. D'un côté, la bohème pittoresque de la Butte et des nuits chaudes de Pigalle ; de l'autre, l'avant-garde intellectuelle et artistique qui s'est établie à Montparnasse, de la Rotonde à la Coupole."

Ce documentaire signé Vincent Labaume met en scène un Paris rieur où chacun vient oublier les ravages de la guerre. 


"Paris est une fête"comme dit si bien Hemingway. À travers des archives colorisées et sonorisées, le spectateur plonge dans un univers excentrique où se mêlent écrivains perdus (ou "Lost generation": romanciers américains expatriés à Paris durant l'entre-deux-guerres comme Hemingway, Dos Passos, Fitzgerald), filles de cabaret et artistes surréalistes. Et la Parisienne dans tout ça ? Elle a la gouaille de Mistinguett, le déhanché de Joséphine Baker et la désinvolture de Kiki de Montparnasse. Une Parisienne frivole. Une "fille facile" d'après les américains de l'époque. (Petit aparté :  Mais pourquoi donc la femme française a toujours eu cette réputation de femme facile ? Sûrement le sujet d'un prochain article avec témoignages et enquêtes à la clé).

Mistinguett, ça c'est Paris !

Joséphine Baker, Parisienne d'adoption

Kiki de Montparnasse, reine des nuits parisiennes

D'ailleurs, Woody Allen a choisi de filmer son Paris à travers le prisme des années folles, pour son film Midnight in Paris (2011). On y retrouve Hemingway, Zelda Fitzgerald et même Joséphine Baker. Dans cet hommage à la capitale, Marion Cotillard incarne Adriana, l'égérie de Picasso qui regrette la Belle Époque. Une Parisienne nostalgique.


Marion Cotillard en muse de Picasso


Ainsi, la Parisienne des années 30 est une femme piquante, joyeuse, profondément libre. Ces garçonnes gouailleuses ont permis à la femme de s'émanciper et à adopter son propre style. Sans elles, il n'y aurait pas de parisiennes en jean et chemise d'homme. La Parisienne des années folles a ouvert la voie à la femme moderne d'aujourd'hui. On peut la remercier.