Critiques Séries : Mammon. Saison 1. BILAN (Norvège).

Publié le 08 juin 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Mammon // Saison 1. 6 épisodes.
BILAN


Dans le registre du thriller conspirationiste, je pense que Mammon est un parfait exemple de ce que les norvégiens peuvent faire en matière de thriller efficaces. Cette première saison (avant de voir la seconde qui est déjà en cours de préparation) est particulièrement dense. En effet, la série nous invite à plonger dans l’univers de ce journaliste qui va subir tout un tas de choses à cause de ce qu’il a découvert. Je suppose que vous pouvez déjà sortir les références à Millenium car c’est plus ou moins visible mais dans l’ensemble, Mammon parvient à s’émanciper de ses modèles afin de construire quelque chose dont il est malheureusement difficile de se dépêtrer. Car oui, j’ai passé un très bon moment devant ces six épisodes dont je n’ai fait qu’une seule bouchée. Il n’y a pas de moments où je me suis demandé si finalement cela allait mener ou non à une vraie conclusion. Il y a bien évidemment des erreurs dans le scénario et des moments légèrement ridicules mais ce à quoi la série n’a jamais fauté c’est à nous distraire. En effet, le rythme est constamment et ne laisse jamais le téléspectateur s’ennuyer. Peter Veras, un journaliste enquêtant sur un scandale financier était forcément une base de thriller classique qui ne pouvait que donner lieu à des scènes d’action particulièrement bien menée.
C’est le cas. Les norvégiens prouvent que comme les suédois et les danois ils peuvent eux aussi entrer dans le business des solides séries des pays nordiques. Le premier épisode était une véritable plongée efficace dans le monde de la série. Alors que l’on aurait pu croire que Mammon prenne le temps de nous présenter chacun de ses protagonistes comme tout premier épisode peut le faire avec la rigueur qu’il lui incombe, Mammon choisie de plus ou moins égarer cette idée là afin de nous plonger directement dans l’affaire. On a l’impression que tout semble s’achever mais il n’en est rien puisque dès la fin de l’épisode, on sent que Peter Veras n’a pas fini de subir les conséquences de ce qu’il a pu découvrir. Si la série aurait très bien pu nous jouer la carte de l’épilogue prologue, ce n’est pas non plus ce qui va se passer. Bien au contraire. Le but est ici de nous plonger dans les conséquences et pas vraiment dans l’enquête qui va emmener le héros à faire des découvertes et enfin à tout révéler au grand jour. La narration est donc étrange et différente. Cela n’empêche pas la série de prendre quelques libertés et de jouer la carte des facilités mais globalement, tout se tient suffisamment pour ne jamais nous donner l’impression qu’il n’y a rien de plus après.
Car il y a énormément de choses encore à découvrir. Notamment sur Peter Veras. Ce personnage, on va apprendre à le connaître au fil des épisodes que cela soit dans sa relation avec ses collègues (et c’est là que l’on va voir ceux en qui il peut avoir confiance et vice-versa) mais également dans sa relation plus personnelles. Mammon joue la carte de la dualité alors que le Président d’une grande société que Peter a accusé n’en est fait que son propre frère, Daniel Veras. Cela va permettre donc de gérer à la fois la manière dont Peter va jouer la carte de la relation avec son frère, avec sa source Sophia ou encore comment il va s’impliquer petit à petit à nouveau dans son enquête qui n’a finalement pas de fin. Car la fin que la série semble nous présenter dans le premier épisode n’est en fait que le début d’une histoire bien plus frauduleuse et efficace. Dès lors que la série nous plonge un peu plus dans son côté thriller-esque dans le second épisode, nous avons alors l’occasion d’être plus ou moins impliqués dans le récit. Ce n’est pas rare que des séries utilisent ce principe mais ce n’est pas toujours très bien fait. Pour le coup, Mammon réussi à nous agripper et à ne pas vraiment nous lâcher.
Jusqu’à la fin de la saison (et encore, on a forcément déjà envie de voir la suite et comment tout cela va réellement prendre sens par la suite). La série utilise aussi tous les codes de la série nordique. Que cela soit le côté terne et sombre de la mise en scène (qui colle parfaitement à l’univers de Mammon) mais également avec des personnages très sobres et cachant tous plus ou moins quelque chose. On retrouve parfois des notions de Millenium là dedans (une influence forcément monstre pour les séries des pays nordiques) mais également d’autres thrillers du genre. Mammon n’est pas non plus ce que j’ai pu voir de plus audacieux dans le registre des thrillers conspirationniste mais le fait est que le tout fonctionne plutôt bien. Créée par Gjermund Stenberg Eriksen et Vegard Stenberg Eriksen, cette série racontant la relation de deux frères que tout opposent (notamment car d’un côté l’un est journaliste et l’autre dans le secret de la finance) et permet certainement de mettre en exergue la véritable relation des deux créateurs, donnant alors un souffle intelligent et intéressant à l’aspect plus personnel et personnage de la série. C’est un angle bien plus important que les autres puisque c’est avant tout la base de cette série. Sans ces deux frères, Mammon ne serait pas plus originale qu’une autre série.
Au fil des épisodes on nous donne quelques indices et puis l’on nous fait des révélations qui vont changer la donne. Notamment autour de Peter. Ce dernier va alors se sentir épier, poursuivi, et surtout se révélé être au coeur d’une vraie conspiration. Son enquête va le mener assez loin pour que l’on n’ait jamais l’impression de s’ennuyer une seule seconde. L’ambiance de Mammon est suffisamment bien gérée pour que l’on ait l’impression de voir quelque chose de nouveau tout en restant assez attaché aux racines de ces pays dans le registre. Au travers de cette histoire, Mammon cherche également à faire un parallèle avec la politique, l’économie des pays, etc. et ces hommes qui finalement sont prêt à tout. Le but n’est pas de réellement définir qui est qui dans cette série mais plutôt de jouer la carte de la relation qui peut d’un coup d’un seul tourner au drame. J’avais pu voir plus tôt cette année une série belge qui parlait d’un sujet assez proche autour d’une conspiration politique, une sorte de secte de la salamandre : Salamander. Ce n’était pas très réussi à mon goût mais bon, peut-être que le salut vient d’une série comme Mammon dont la seconde saison à venir promet déjà de belles choses. Si seulement la série utilise aussi bien son univers et nous propose quelque chose de différent qui ne cherche pas à ressembler à ce que l’on a déjà pu voir tout au long de cette saison. Peut-être un changement dans la mise en scène (le code couleur des dernières images est plus ensoleillé).
Note : 6.5/10. En bref, un thriller glacial mettant en scène une conspiration assez efficace en son genre. Il y a des erreurs et des moments ridicules parfois mais le rythme oppressant de la série et ses sujets intéressants traités rendent le tout agrippant.