Krištof Kintera « I Am Not You » au musée Tinguely de Bâle

Publié le 11 juin 2014 par Elisabeth1

Une fois de plus le musée Tinguely, dans la pure tradition de "Jeannot" nous présente un artiste digne fils du maître.
Avec une ironie farceuse et un humour parfois sombre, le jeune artiste tchèque
Krištof Kintera chamboule l’art et la vie. Ainsi, à partir de centaines d’ampoules, il crée un nouveau golem ; avec un landau blindé, il tourne en dérision notre pensée sécuritaire ; dans un magasin de matériel électrique, il s’amuse à vendre un appareil conçu pour ne servir strictement à rien. Ses machines tendent à l’absurde et dysfonctionnent, et évoquent ainsi l’esthétique de Tinguely.


Pour l’été 2014, Krištof Kintera est l'invité du Musée Tinguely.
L’exposition, conçue en étroite collaboration avec l’artiste, entend présenter son oeuvre de telle manière que les visiteuses et visiteurs soient réellement saisis par la spontanéité, la diversité et l’engagement de l’artiste. La visite du musée a  un caractère très spécial, car Kintera veut ramener à une réalité plus triviale l’approche éthérée des musées. Mais cette confrontation n’est pas nécessairement dure, elle est enrobée d’une bonne dose d’humour et d’ironie.
L’exposition intitulée « Krištof Kintera. I AM NOT YOU » présente au Musée Tinguely et dans le parc Solitude 35, ses sculptures et installations, de  très grand format pour certaines. Comme chez Tinguely on retrouve en effet les mêmes positions artistiques, critiques et extroverties, qui visent à tout remettre en cause, à tout défaire pour refaire ensuite – et qui se frottent aux institutions, tout en cherchant le choc créatif et la fin du confort établi, mais aussi le côté ironique et trublion.

Kristof Kintera, Glasfaserverstärktse
2014

Pour Kintera, le musée est un terrain de jeu. L’incertitude de l’observateur conduit à appréhender sur des bases nouvelles des environnements familiers. Un de ses premiers objets dans l’exposition, It (1996), est une sculpture sur roulettes dont la forme est à mi-chemin entre l’oeuf et la souris d’ordinateur. Elle mesure environ 40 cm de long et est attachée à un cordon grâce auquel It peut être tiré à travers l’espace d’exposition – ou à travers la ville. Le spectateur devient partie prenante de l’exposition, laquelle est modulable, participative.

Kistrof Kintera - Bad News

Ou bien c’est la ville qui devient exposition… Revolution (2005) vidéo, a vu le jour un an après le séjour d’étude de Kintera à la Rijksakademie à Amsterdam. En se basant sur une figure qu’il avait déjà développée en 1999 avec les Talkmen, il crée ici un personnage, une sorte d’humain d’à peine un mètre de haut qui, par intervalles, se frappe le front contre le mur, et ce avec tant de force que le mur se détruit peu à peu. Cette violente révolution, le personnage la retourne contre lui : l’insurrection a lieu dans la tête, au niveau de la tête. Bad News (2011) vidéo, en revanche, est entièrement tourné vers l’extérieur.

Kristof Kintera, Revolution 2005

La révolte du personnage diabolique et cornu est tapageuse, elle se fait clairement entendre par un tambour, de la musique et des enregistrements sonores.
Demon of the Growth (2014) est une installation monumentale, bariolée et joyeuse, faite de ballons et de boules, qui prend forme dans une croissance dégingandée.

Kristof Kintera, Demond of the Growth 2014

La boucle se referme avec l’oeuvre Spirit Leaving Gravitation (2013), par laquelle Kintera se montre ludique, presque décoratif – sans pour autant renoncer à un sens plus profond, ni à une ironie rehaussée d’une pointe de sarcasme.

Krištof Kintera vit et travaille à Prague, où il est né en 1973.
De 1992 à 1999, il se forme à l’art dans sa ville natale. Des bourses lui permettent ensuite d’aller poursuivre ses études et recherches à Columbus Ohio, Birmingham et Munich. Il effectue un séjour prolongé à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten d’Amsterdam et termine ses études en 2003-2004. Pendant toute sa période de formation, Kintera a participé à plusieurs projets dans lesquels la performance et le théâtre revêtent une fonction majeure – notamment en 1999-2001, influencé par l’espace multiculturel alternatif et le groupe Universal NoD. Par son art, Kintera s’engage dans les débats sociaux et sociétaux ; il est représenté avec plusieurs de ses oeuvres dans l’espace public de Prague.

Kristof Kintera, My Light is your life, - Shiva Samurai 2014

 

Publication À l’occasion de l’exposition paraît un catalogue  fait de feuillets individuels, assortis de documents et photos provenant de l’atelier de l’artiste ainsi qu’un entretien (en anglais) avec Krištof Kintera, Roland Wetzel, Andres Pardey et le galeriste Jiří Švestka. Chaque exemplaire emballé manuellement en boîte individuelle, vente exclusivement en boutique du Musée Tinguely : 68 CHF, ISBN 978-3-9523990-7-1

Informations générales:
Horaires d’ouverture :

tous les jours, sauf le lundi, 11 h à 18 h
Horaire spéciale :
pendant la foire ART Basel
Lundi – dimanche, 16 – 22 juin :
9h à 19h
Tarifs :
Adultes : 18 CHF
Scolaires, étudiants, apprentis, IV : 12 CHF Groupes (20 personnes au moins) : 12 CHF (par personne) Enfants de moins de 16 ans : gratuit

Photos de l'auteur courtoisie du musée Tinguely