La cite interdite - 9/10

Par Aelezig

Un film de Zhang Yimou (2007 - Chine, Hong Kong) avec Chow Yun-Fat, Gong Li, Jay Chou, Liu Ye, Qin Junjie, Chen Ji, Man Li

SOMPTUEUX.

L'histoire : Xe siècle avant J.C. La flamboyante dynastie Tang. Veuf, l'empereur Ping a épousé la belle princesse Phoenix, qu'il n'aime pas et qu'il accuse d'avoir mauvais caractère. Elle lui a donné un fils, mais le trône reviendra à Wan, son fils aîné, issu de son premier mariage. Wan entretient une liaison avec l'impératrice, mais préfère à celle-ci une de ses dames de compagnie, avec laquelle il aimerait fuir la cour et connaître autre chose que la vie de prince héritier, puis de souverain... Phoenix est amère ; elle soupçonne son mari de l'empoisonner petit à petit ; Wan lui échappe ; et son fils Jai ne règnera probablement jamais... Alors elle brode et brode encore des milliers de chrysanthèmes qui seront le symbole du complot qu'elle est en train de préparer.

Mon avis : Waouh, quelle merveille ! Ca c'est du cinéma ! Réalisation magistrale et fastueuse, décors et costumes absolument époustouflants, et une tragique histoire que l'on a plaisir à suivre, et que n'auraient pas reniée Shakespeare ou bien les Grecs ! Le tout agrémenté bien sûr de quelques séquences chorégraphiées de "sabres volants" absolument superbes. Un enchantement visuel.

A noter que les personnages sont fictifs, mais l'intrigue, très classique, de tous temps et de tous pays, passe comme une lettre à la poste. Elle est en fait adaptée d'une pièce de théâtre écrite en 1934, et que le réalisateur a transposé à la cour des Tang. A noter d'ailleurs, que la Cité Interdite de Pékin, celle à laquelle on pense évidemment, n'existait pas à l'époque des Tang dont la capitale se trouvait à Chang'an. La rigueur historique n'est de toutes façons pas de mise dans cette oeuvre, plus lyrique que véridique : l'or - omniprésent dans le film - n'était réservé qu'à l'empereur ; les ongles immensément longs de l'impératrice n'ont été à la mode que... quelques siècles plus tard ; et les plaques de métal des armures n'étaient pas utilisées en Chine, contrairement à l'Occident.

Je suis pourtant férue d'histoire, mais cela ne m'a pas gênée. On sent bien que le propos de Zhang Yimou est de faire revivre, de façon presque onirique, la flamboyance d'un passé fantasmé, et pour ma part, ça me va très bien.

La Chine millénaire est une source d'inspiration constante pour les amateurs d'histoire et de civilisation. Il est édifiant, quand on s'y intéresse, de réfléchir sur la courte page de la période Mao, et sur l'émergence actuelle et insolente d'un peuple hyper évolué, qui avait inventé tant de choses bien avant nous, qui ne demande qu'à renaître de ses cendres... encore chaudes.

Le petit défaut : un peu trop clinquant peut-être, dans l'exubérance des décors et des couleurs et le léger surjeu des acteurs. Mais cela aussi partie du charme envoûtant qui se dégage du film ! Y avait-il une limite à ne pas dépasser ? Je n'en sais rien finalement... c'était franchement beau !