Critique Ciné : Zero Theorem, redondance cyclique

Publié le 29 juin 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Zero Theorem // De Terry Gilliam. Avec Christoph Waltz, David Thewlis et Mélanie Thierry.


Je suis du genre à bien aimer le registre de Terry Gilliam, notamment car je trouve que c’est un réalisateur qui semble savoir bien s’y prendre avec ses univers ultra étranges. Pour le coup, cette dystopie est étrange et son issue difficilement abordable mais l’univers reste tout de même fascinant. Avant tout car Zero Theorem est une sorte d’ode au talent de Christoph Waltz. J’ai adoré voir ce dernier s’emmêler les pinceaux de la vie dans des histoires aussi rocambolesques qu’amusantes. C’était vraiment bien fait et ce même si par moment le film est parvenu à complètement me perdre. En effet, quand celui-ci commence à introduire le personnage de Bainsley, j’ai plus ou moins eu envie de lâcher car d’un seul coup le film s’embourbe dans son propre propos et ne sait plus trop quoi raconter. En voulant jouer la métaphore d’un monde contrôlé par les machines, Terry Gilliam ne maîtrise pas totalement son sujet et ce malgré toute la folie qu’il peut y insuffler. Par moment, on sent aussi que le réalisateur est en train de se piéger dans la redite de Brazil (un de ses films les plus mémorables) sauf que les moyens sont ici moindre et donc pas nécessairement à la hauteur des ambitions. On a donc énormément de mal à arriver au bout de ce périple en huis clos.
Londres, dans un avenir proche. Les avancées technologiques ont placé le monde sous la surveillance d’une autorité invisible et toute-puissante : Management. Qohen Leth, génie de l’informatique, vit en reclus dans une chapelle abandonnée où il attend désespérément l’appel téléphonique qui lui apportera les réponses à toutes les questions qu’il se pose. Management le fait travailler sur un projet secret visant à décrypter le but de l’Existence – ou son absence de finalité – une bonne fois pour toutes. La solitude de Qohen est interrompue par les visites des émissaires de Management : Bob, le fils prodige de Management et Bainsley, une jeune femme mystérieuse qui tente de le séduire. Malgré toute sa science, ce n’est que lorsqu’il aura éprouvé la force du sentiment amoureux et du désir que Qohen pourra enfin comprendre le sens de la vie...
Si le registre que Terry Gilliam tente de mettre en scène dans ce film est un registre qui avait pu lui valoir quelques lauriers gagnés généreusement par le passé, Zero Theorem ne mérite pas grand chose. Le tout manque cruellement de folie et tombe alors dans le déjà vu assez médiocre et surtout poussif qui donne bien souvent l’impression que l’on tourne légèrement en rond. L’idée d’un tel film n’était pas mauvaise et laissait espérer quelque chose d’encore plus passionnant derrière mais la manière dont tout cela est raconté a pris énormément de rides et le film n’a rien d’un film de virtuose. Car je pense que le réalisateur n’a pas encore compris que le monde se devait aussi d’évoluer dans ses films. Après le décevant (mais pas totalement raté non plus) Imaginarium du Docteur Parnassus, Terry Gilliam persiste et signe ici une recette mélangée de tout ce qui a pu faire son succès par le passé sauf que le tout ne prend malheureusement pas. La faute à un scénario mais aussi à des personnages qui n’ont rien de passionnant. Je pense à Qohen, le héros, incarné certes par un très bon Christoph Waltz mais cela s’arrêter malheureusement là.
L’univers était intéressant mais le film ronfle constamment et ne donne pas vraiment envie d’aller creuser quoi que ce soit. C’est bête, surtout que j’aurais pu apprécier de voir un film réussi du réalisateur après tant de navets qu’il a pu accoucher (Tideland le premier). Mélanie Thierry, le prostituée d’un autre temps, est assez ennuyeuse voire même irritante. Tous ces passages sur cette île paradisiaque qu’elle s’est créée avec Qohen était d’un ennui profond. C’est d’ailleurs à ce moment là que Zero Theorem m’a complètement perdu. Le film passe donc à côté de bonnes idées comme le personnage de Management, sorte de Big Brother d’un ancien/futur temps (incarné par un Matt Damon que j’ai eu un peu de mal à reconnaître j’en conviens) ou encore son fils, qui s’avère être le personnage le plus intéressant et le moins mécanisé du film. Appréciable et permettant d’éviter de tomber dans l’oublie bien évidemment. Je n’oublie pas Tilda Swinton méconnaissable elle aussi dans ce film dans un rôle de psy qui m’a légèrement rappeler ce que Paul Verhoeven avait pu faire avec Total Recall (il y a presque une référence sous entendue là dedansà.
Note : 3.5/10. En bref, déception.