CINEMA: "Le procès de Viviane Amsalem" (2014), le déclin de la foi / "The trial of Viviane Amsalem" (2014), the decline of faith

Par Bullesdeculture @bullesdeculture
D’une brutalité inouïe, Le procès de Viviane Amsalem de Shlomi Elkabetz et Ronit Elkabetz livre le témoignage d’une injustice caractérisée. En Israël, les femmes mariées ne peuvent pas divorcer de leur mari sans le consentement de ce dernier. En cas de désaccords, un tribunal religieux, marqué par son archaïsme, essaye d’obtenir la désunion. Cependant, dans ce régime patriarcal, l’intérêt de la femme est secondaire par rapport à l’image sacrée du couple.
With the unspeakable brutality, The trial of Viviane Amsalem by Ronit Elkabetz and Shlomi Elkabetz reveals a incredible injustice. In Israel, the married women can not divorce without the consent of their husbands. In case of disagreement, a religious court, marked by its archaic, strives to obtain the disunity. However, in this patriarchal system, the interest of the woman is secondary against the sacred image of the couple.More in English >> (Translation in progress, come bubble later)
Viviane Amsalem (Ronit Elkabetz) ne cesse de réclamer la dissolution de son mariage depuis de nombreuses années. Sa seule faute est de ne plus aimer son mari, Elisha (Simon Abkarian), enfermé dans des concepts religieux auxquels elle ne croit plus. Ce dernier ne cesse de refuser. Elle décide alors d’en appeler au tribunal religieux pour qu’il prononce enfin le divorce. Cependant, entre refus du défendeur de comparaitre et manœuvres dilatoires pour faire passer Vivianne pour une mauvaise épouse, celle-ci commence un parcours acharné qui mettra 12 ans à aboutir. 

© Amit Berlowitz

La manière très singulière des réalisateurs de filmer cette histoire est touchante. Elle donne du sens à la situation amorale entre les personnages. La caméra, au plus proche des protagonistes, capte en gros plans les moindres traits de désespoir ou d’indifférence. Ils subliment leurs expressions autant qu’ils donnent de la laideur à des scènes de rages extraordinaires.
Pour les incarner, Ronit Elkabetz donne à son interprétation une force intérieure qui dépasse la raison pour ne s’adresser qu’au cœur. Ce sentiment de détresse est incommensurable et les blessures irréparables. Cette pugnacité dans le jeu d’acteur est contrastée par un brin de désinvolture et de cynisme, tout cela distillé avec nuance et finesse.
Simon Abkarian n’est pas en reste. Dès le premier plan du film, où la réalisation tient la caméra centrée sur lui, il apparaît comme étant l’obstacle majeur de l’histoire. Cependant, loin d’être le grand méchant loup, il se révèle être plutôt être un doux agneau plein de contradictions qui aime sa femme d’un amour possessionnel.

© Amit Berlowitz

L’intensité de l’histoire est d’autant plus marqué que le film se passe dans un huit clos avec un nombre réduit de personnages. Témoin privilégie du procès, le spectateur n’en est pas pour autant un juré. Du fait de cette critique courageuse sur l’absurdité de la religion, les réalisateurs enlèvent tout pouvoir de choix à leur public. Il finit par assister avec la même passivité que Viviane à l’irrésolution du conflit.
Au final, on assiste à un pamphlet inouï dont on souhaite qu’il relance des débats sur la position de la femme en Israël. Œuvre universelle, elle trouve également écho dans nos sociétés européennes, insidieusement gouvernées par le machisme. Enfin, œuvre d’amour, elle reflète mieux qu’aucune autre comédie romantique la complexité du sentiment amoureux…
Antoine Corte

En savoir plus : http://www.filmsdulosange.fr/fr/film/215/le-proces-de-viviane-amsalem?filmsdulosange=m4mbolh57cv0iquhhmtfhonpi4 (site officiel)