Antidépresseurs : Le risque de suicide demeure

Publié le 01 juillet 2014 par Santelog @santelog

Alors que les antidépresseurs utilisés pour traiter la dépression, l’anxiété et les troubles obsessionnels ont été associés à un risque accru de pensées suicidaires et de tentatives de suicide chez les jeunes adultes, cette étude conduite par de prestigieux instituts de recherche américain, fait le point, après l’avertissement émis par l’Agence américaine FDA, en 2003 sur ce risque associé. Les conclusions de cette étude monumentale menée sur les données de 10 millions de personnes de 12 États américains, publiées dans le British Medical Journal, sont très mitigées, suggérant même que ces mises en garde auraient presque eu l’effet inverse.

En 2003 et 2004, suite à l’augmentation de rapports de cas de tentatives de suicide (TS) chez des adolescents sous antidépresseurs, la US Food and Drug Administration (FDA) avait publié une mise en garde sur le risque de suicide lié la prescription d’antidépresseurs chez ce groupe d’âge. A l’époque, l’avis de la FDA était basé sur une méta-analyse qui concluait à un risque relatif (RR) de pensées ou de comportement suicidaire pour les jeunes et jeunes adultes sous antidépresseurs -vs placebo- estimé à 1,95 soit, près du double. Ce taux de RR reflétait une préoccupation majeure, celle que les antidépresseurs puissent affecter le cerveau encore en développement chez l’enfant et l’adolescent.

Ici, les chercheurs de la Harvard Medical School, du Group Health Research Institute, de l’Université de Washington, ont regardé les tendances de prescription, à la suite de cet avertissement, les tendances de TS sur la même période, et ont rapproché ces données pour 1,1 million d’adolescents, 1,4 millions de jeunes adultes et 5 millions d’adultes. Depuis les mises n garde de 2003-4,

·   l’utilisation des antidépresseurs a été réduite

-   chez les adolescents de 31%

-   chez les jeunes adultes de 24%

-   chez les adultes de 14%

·   les overdoses de médicaments psychotropes ont augmenté

-   chez les adolescents de 22%

-   chez les jeunes adultes de 34%

·   Aucune tendance d’augmentation des suicides n’a été constatée.

·   Dès 2008, les prescriptions d’antidépresseurs ont recommencé à augmenter.

Un double effet contradictoire: Les chercheurs concluent que si les mises en garde de sécurité permettent de réduire l’utilisation des antidépresseurs, ces mises en garde déclenchent aussi une augmentation des overdoses chez les adolescents et les jeunes adultes au cours de la même période. Conclusion, le risque de suicide n’a pas diminué. Les auteurs concluent qu’il est donc important de surveiller les effets collatéraux involontaires de tels avertissements concernant ces médicaments.

Source:BMJ 2014;348:g3596 June 18 2014Changes in antidepressant use by young people and suicidal behavior after FDA warnings and media coverage: quasi-experimental study (Visuel NHS)