Parole Aux (Presque) Papas #2 : Comment l'homme vit-il une infertilité ?

Publié le 02 juillet 2014 par Juliette Conboudu @Conboudu_Blog

Aujourd'hui le thème est bien moins léger que celui de la semaine dernière où nous avons bien rit.

Comment l'homme vit-il une infertilité ?

Voici le thème de ce jour. 

Ce n'est pas vraiment par hasard que j'ai songé à ce thème. J'ai été moi-même confronté à ce thème mais la question n'est pas là. 

Laissons la parole à nos papas et futurs papas !

Papa FIV nous explique ce qu'il a ressenti à cette annonce.

Un témoignage, comme je lui ai déjà dit, touchant et percutant. 

Lisez par vous même ;)

" Comme le dit si bien Miss Conboudu, il n'y a pas qu'une seule forme d'infertilité, il y en a des tas qui se manifestent par différentes formes et degrés d'atteintes. Les symptômes pouvant aller d'une infertilité "légère"(baisse non significative du nombre de spermatozoïdes par exemple) à une stérilité massive (là, y'a plus rien).

Pour répondre directement à la question : comment vit-on une infertilité? Autant tuer le débat de suite, la réponse est : mal. On le vit mal. Ca ne fait jamais plaisir de savoir qu'on a un problème de santé qui va nous bouffer la vie et nous faire passer un max de temps en consultations et divers examens médicaux.

Maintenant, pour répondre un peu plus finement, je dirais qu'il y a différentes phases par lesquelles la plupart des hommes vont probablement passer.(je ne suis pas psy ni expert en PMA, ceci n’est que MA vérité)

Le déni :

On n'a pas envie d'accepter. Et puis, c'est ptet pas si grave hein... Ptet le jour du spermogramme, j'étais pas en forme... Et puis tous les couples mettent du temps pour leur premier... Ca finira forcément par arriver! Ce serait pas juste! Je bois pas, je fume ni clope ni pétards, je mange bio !

Forcément, c'est cruel et injuste. Forcément, on n'a pas envie de croire à ces premiers examens (quand on a fait le premier pas d’aller en passer, sans ça, ça peut durer éternellement le déni). Et puis, même si on avait un problème, ça n’empêche pas hein? Des spermatozoïdes, y'en a des millions, même si les 3/4 tiennent pas, ça en fait encore des centaines de milliers prêts à dégainer! Du coup on va se raccrocher aux cas "miracles" vus dans les médias du genre "la science me disait que c'était fini et c'est arrivé tout seul, on n’y croyait plus et hopla des jumeaux !"... Dans les stats, autant jouer au loto, ces cas existent en effet, mais sont tellement rarissimes…

L'acceptation :

Forcément, quand on n'est pas totalement dénué de recul sur soit, il y aura bien un moment où on va se rendre compte, comprendre et puis finalement tenter d'accepter. A partir de là, tout va dépendre du tempérament. Certains vont se laisser abattre, écrasés par la culpabilité et l'incompréhension (l'acceptation ne veut pas forcément dire que tu as compris d'où ça vient). D'autres vont prendre le mors aux dents! Se documenter à fond sur la PMA, les traitements alternatifs et s'accrocher à l'espoir qu'il existe des solutions, forcément.

Il s'agit là pour moi du moment le plus critique où beaucoup de choses basculent et où il faut un soutien quelque part(amis, famille,…). Se laisser abattre et perdre tout espoir risque de tuer le couple, surtout si Madame attend que monsieur prenne sa part de problèmes en main. A l'inverse, se bercer de trop d'illusions présente le risque inverse d'accorder trop d'énergie à la démarche et de se prendre un revers terrible dès les premiers échecs (car il y en aura, il y en a toujours).

A mon sens, il faut dès cet instant savoir lâcher un peu prise mais sans perdre de vue les lueurs d'espoir. Avoir conscience de ce qui pourrait être positif, sans s'y accrocher de manière démesurée et désespérée. Tout ceci afin de pouvoir aborder les épreuves à venir avec le plus de calme et de sérénité possible.

L’importance du contexte :

Dans tout ça il y a une chose qui compte aussi beaucoup, c’est le contexte dans lequel on t’apprend ton infertilité : est-ce que tu voulais un gamin depuis 15 ans ? Ou depuis 6 mois ? Est-ce que tu avais des antécédents familiaux pour t’y préparer ? Est-ce que tu es le seul du couple à avoir des problèmes ? Quelle est la gravité de ces problèmes ?

A ce petit jeu, j’étais déjà au courant des problèmes de Madame, ça a donc presque été un soulagement pour moi de savoir qu’elle n’aurait pas à porter seule la culpabilité de ne pas y arriver. STOP ! Je vous vois venir ! La culpabilité, c’est de la merde, on est d’accord. Il n’y a pas à se sentir coupable d’être infertile, on est d’accord aussi (à moins d’avoir intentionnellement passé sa jeunesse avec les couilles dans le micro-onde, là ok, culpabilise pauvre crétin !). Mais l’humain est ainsi fichu, il n’y arrive pas donc il culpabilise, persuadé que c’est de sa faute. Pour nous en l’occurrence, je savais que FutureMaman allait se culpabiliser à mort, j’étais donc heureux (en un sens oui) de pouvoir lui en ôter une partie en endossant un peu le costume du coupable moi aussi. (non c’est pas moi sur la photo !)

Aujourd’hui :

Si aujourd’hui je vis tout ça plutôt bien, c’est pour deux raisons majeures. La première est que notre première FIV a fonctionné et que j’ai donc pu éviter un gros uppercut dans la tronche. La seconde est que cette épreuve a permis à notre couple de grandir, de se resserrer encore face à l’adversité. On sait aujourd’hui que le bébé qui va arriver arrivera dans une bonne maison, avec des parents qui savent gérer certaines tensions et angoisses sans se foutre sur la tronche. Sans avoir réellement idée de ce qui nous attend, je sais déjà que notre couple est armé ! "

Le thème de la semaine prochaine :

"Si un professionnel de la santé de sexe masculin s'occupe de ta femme, 

cela te dérange t'il ?"