JUSTICE > Nicolas Sarkozy : "… je ne suis pas un homme qui se décourage"

Publié le 03 juillet 2014 par Fab @fabrice_gil

Après sa garde à vue, Nicolas Sarkozy dénonce "une instrumentalisation politique de la justice". | (Europe1)

L’ancien président de la République dénonce la volonté de l’"humilier" et attaque directement l’exécutif accusé d’instrumentalisation politique de la justice. Il appelle les français à se souvenir que : "Jérôme Cahuzac n’a pas passé une seconde en garde à vue.
Corruption active, trafic d’influence actif et recel de violation de secret professionnel : Nicolas Sarkozy est sorti avec trois mises en examen, peu avant 2 h du matin la nuit dernière, du pôle financier du tribunal de Paris, après quinze heures de garde à vue dans un commissariat de Nanterre, étrangement, tout près de son ancien fief de Neuilly. Les incriminations sont lourdes, puisqu’elles encourent des peines pouvant aller jusqu’à dix ans de prison, un million d’euros d’amende et la privation des droits civiques. Une sanction qui rendrait le retour en politique de l’ancien chef de l’État impossible.
Mais Nicolas Sarkozy n’a pas tardé à contre-attaquer. Il a donné hier une interview à Gilles Bouleau (TF1) et Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1) dans laquelle il a dénoncé "des choses qui sont en train d’être organisées", visant directement l’exécutif : "Jérôme Cahuzac, l’ancien ministre du Budget de François Hollande n’a pas passé une seconde en garde à vue" parce qu’il détenait un compte en Suisse, a raillé l’ex-locataire de l’Élysée.
Très combatif, il a tout particulièrement visé Claire Thépaut, l’une des deux juges d’instruction, pour son appartenance au Syndicat de la magistrature. Il a lu des extraits d’une lettre que lui a envoyée ce syndicat classé à gauche à la veille de la présidentielle, le 2 mai 2012, annonçant que le Syndicat de la Magistrature appelait à voter contre lui.Il a aussi mis en cause Christiane Taubira, ministre de la Justice, "prise en flagrant délit de mensonge sur le plateau de TF1" au mois de mars, concernant les écoutes dont il est l’objet.
Interrogé sur les fausses factures de Bygmalion -une affaire qui n’est pas liée à ses mises en examen- l’ancien président a réfuté toute tricherie sur ses comptes de campagne. "Comment le Conseil constitutionnel, qui a scruté mes dépenses à la loupe", aurait-il pu passer à côté d’un dépassement de €17 millions d’euros sur un total de 21, a-t’il demandé en substance. "Choqué", donc, selon ses propres mots, mais fièrement debout, Nicolas Sarkozy n’a pas écarté son retour politique, en briguant par exemple la présidence de l’UMP à l’automne. Il a cependant annoncé un délai de réflexion jusqu’à la fin de mois d’août.L’ex-président brûle de revenir. Il ne l’a pas caché à ses intervieweurs. Mais après les derniers développements judiciaires, sa décision apparaît difficile à prendre. Les dirigeants et les élus de l’UMP semblaient peu enclins à précipiter les choses, hier, avant l’intervention de leur champion présumé.
En attendant, la procédure judiciaire suit son cours. Outre l’ancien chef de l’État, les magistrates Patricia Simon et Claire Thépaut ont mis en examen, la nuit dernière, son avocat Thierry Herzog pour violation du secret professionnel, recel de violation du secret professionnel, corruption active et trafic d’influence actif, ainsi que l’avocat général à la Cour de cassation, Gilbert Azibert, pour recel de violation du secret professionnel, trafic d’influence passif et corruption passive. Le quatrième gardé à vue, l’avocat général Patrick Sassoust, n’a pas été présenté aux juges.
Le bras de fer entre Nicolas Sarkozy et une partie des juges s’est poursuivi dès la fin des déclarations du premier nommé. Le Syndicat de la magistrature, vivement mis en cause, a déploré que l’ancien chef de l’État "persiste à tenter de jeter le discrédit sur ceux dont la profession est de rechercher la manifestation de la vérité". Pour l’avenir Nicolas Sarkozy se veut confiant : "J’aime passionnément mon pays, et je ne suis pas un homme qui se décourage devant les vilénies et les manipulations politiques."
FG