Tour de France 2014 : Froome peut-il être battu ?

Publié le 03 juillet 2014 par Ptimek

Ultra-dominateur lors du Tour de France 2013, Christopher Froome est le grand favori de l’édition 2014, qui part ce samedi de Leeds (Angleterre). Après une préparation moins idyllique que l’an passé, le Britannique aura-t-il cependant toujours la même marge sur la concurrence, menée par Contador et Nibali ?

Les passionnés du Tour de France – et ils sont nombreux – espèrent sans doute que l’édition 2014 offrira davantage de suspense que le millésime 2013. L’an passé en effet, au soir de la première étape de montagne, achevée sur les pentes d’Ax-3 Domaines, il n’y avait déjà plus le moindre doute sur le nom du futur vainqueur de l’épreuve. Largement supérieur à ses adversaires, Chris Froome avait écrasé ce premier test pyrénéen, avant d’en rajouter plusieurs couches, au contre-la-montre du Mont-Saint-Michel, dans l’ascension du Ventoux, puis lors du deuxième chrono, disputé dans les Alpes.

Un parcours plus incertain

Un an plus tard, le « Kényan Blanc » est logiquement le premier favori à sa propre succession. Mais, malgré l’absence du Colombien Nairo Quintana, son dauphin de 2013 qui a préféré se concentrer sur le Giro cette année, avec succès, la tâche de Christopher Froome s’annonce bien plus délicate que l’an passé. D’abord en raison du parcours de ce 101e Tour de France, qui proposera aux coureurs un seul contre-la-montre individuel, la 20e étape entre Bergerac et Périgueux, à la veille de l’arrivée sur les Champs-Elysées.

Si « Froomey » devrait à cette occasion faire parler sa supériorité dans l’effort individuel, ses rivaux auront donc de nombreuses occasions, avant cela, de tenter de faire vaciller le nouveau monstre, notamment lors des cinq arrivées en altitude prévues au programme. Les sceptiques diront que si Froome est au même niveau en montagne que l’an passé, cela ne servira pas à grand chose, mais, justement, le Britannique est-il vraiment aussi fort qu’en 2013 ?

Une préparation en dents de scie

Ses résultats obtenus depuis le début de l’année semblent indiquer le contraire. La préparation du leader de la Sky a ainsi été beaucoup moins réussie que la saison dernière, où il avait remporté quatre des cinq courses par étapes qu’il avait disputées (Tour d’Oman, Tour de Romandie, Critérium International, Critérium du Dauphiné) et terminé deuxième de la cinquième (Tirreno-Adriatico), juste derrière l’Italien Vincenzo Nibali.

En 2014, Froome a commencé sur les mêmes bases, en gagnant le Tour d’Oman, avant d’être freiné par une blessure au dos (qui a provoqué son forfait pour Tirreno-Adriatico), puis par une infection pulmonaire. Avec une nouvelle victoire sur le Tour de Romandie, il semblait cependant reparti sur de bons rails, mais le Dauphiné, traditionnelle rampe de lancement vers la Grande Boucle, a tout remis en cause.

Des rivaux offensifs

Sur les routes de la région Rhône-Alpes, le Britannique a commencé fort, remportant les deux premières étapes, avant de s’étioler au fil de la semaine, et même de connaître une sévère défaillance lors de la dernière étape. Résultat, une douzième place au classement général final, un camouflet pour celui qui avait terminé toutes ses courses par étapes parmi les cinq premiers depuis le Tour de Romandie 2012 (onze épreuves disputées dans l’intervalle, dont sept remportées).

Et si l’invincible Froome a fini par craquer sur le Dauphiné, les multiples offensives de ses adversaires y ont certainement été pour quelque chose. Constamment attaqué par Alberto Contador, qui a retrouvé la grande forme cette année après avoir beaucoup peiné en 2013, « Froomey » a aussi perdu pied sous les assauts d’une nouvelle génération, incarnée par l’Américain Andrew Talansky (25 ans, vainqueur final de l’épreuve au nez et à la barbe de Contador), par le Néerlandais Wilco Kelderman (4e du général à 23 ans, il n’a pas été retenu sur le Tour par son équipe, Belkin) et par le Français Romain Bardet (23 ans, 5e du Dauphiné, 15e et meilleur Tricolore du Tour 2013).

La tactique du harcèlement a donc fait ses preuves, et montré notamment que l’équipe Sky était sans doute moins souveraine cette saison que les précédentes. Les rivaux de Froome vont donc forcément tenter de la reproduire, et la plupart d’entre eux ont d’ailleurs le tempérament offensif qui sied à cette stratégie. De Contador à Nibali, en passant par Joaquim Rodriguez, Jurgen Van Den Broeck, ou les Français Bardet et Pierre Rolland, nombreux sont ceux qui auront pour intention de ne pas laisser le moindre instant de répit au Britannique. Au-delà de la montagne, les étapes piégeuses ne manqueront pas (on pense notamment à la 5e, qui empruntera certains secteurs pavés de Paris-Roubaix), ce qui promet une course passionnante. Et si, en plus, le suspense pouvait s’inviter à la fête…