374ème semaine politique: Sarkozy revient, comme Berlu.

Publié le 05 juillet 2014 par Juan

La presse toute entière reconnaissante. Hollande est finalement trop normal. Le "Hollande-bashing" n'intéresse plus. Il ne fait plus vendre. En revanche, le retour de Sarko est une affaire lucrative.

Sarko ressemblait à Al Capone qui s'indignait qu'on l'attaque pour fraude.


La presse enthousiaste
Une belle fraction de la presse française était donc ravie de ce "coup de théâtre" qui réactivait enfin peu le microcosme politique. A droite, on était désemparé. Quelques anciens chiraquiens livrent leur vérité, vue de l'intérieur.
Il est resté coincé vingt minutes dans l'ascenseur, vingt interminables minutes avec les policiers qui le transféraient de la PJ de Nanterre au bureau des deux juges qui l'attendaient. Ce fut sans doute la goutte d'eau qui fit déborder un vase déjà trop plein. Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, fut mis en examen pour corruption active un peu avant deux heures du matin mercredi 3 juillet 2014. Cette incroyable journée a saisi d'effroi une large partie des ténors de droite. Quelques grognards de la Sarkofrance étaient bien sûr sur les plateaux pour défendre leur mentor. Mais la réalité s'imposait à toutes et tous, et faisait douter quelques-uns:
Paul Bismuth avait été mis en examen.
Durant toute la journée, Sarkozy rumina, jusqu'à décider de replonger. Il avait déjà traité ces deux "dames" de "bâtards" quand il avait appris qu'il avait été placé sur écoutes. Il avait raison d'être en rage. Il n'était pas mis en examen pour avoir perforé tous les plafonds de financement électoraux, mais une simple affaire de trafic d'influence. Quelle injustice ! L'affaire Bygmalion continue de détonner. On apprend au passage que Sarkozy a oublié de déclarer 1,3 million d'euros de facturation d'une agence concurrente de Bygmalion... Sans rire... Au final, Sarkozy a donc dépensé quelque 39 millions d'euros pour tenter, en vain, de se faire réélire en 2012, quand le plafond légal n'était que de 21 millions. Le plus drôle fut d'entendre l'ancien monarque s'exclamer que pour sa campagne, "il n’y a jamais eu le moindre système de double facturation ."
On appelle cela de la fraude.
Mercredi soir, il était de retour à la télévision. Il ne prit pas le risque du direct. L'émission était enregistrée. Les journalistes furent polis, point de questions qui fâchent, ni de contradictions aux affirmations sans preuve de l'ancien monarque. Sarkozy fut fidèle à lui-même, c'est-à-dire outrancier. Il réclamait qu'on le traite avec plus d'égards, il dénonça des juges forcément partiaux puisque syndiqués. Il accusa la mise en spectacle, clama son innocence. Il prenait les "Français" à témoin, contre les "Juges" et la justice.
La comparaison avec Silvio Berlusconi était évidente. Elle terrifiat d'ailleurs quelques ténors de droite.
Le lendemain, quelques sondages livraient des résultats inquiétants. Primo, Juppé prenait la tête des candidats de droite les plus populaires, loin de devant Sarkozy. Secundo, une écrasante majorité des sondés considéraient que Nicolas Sarkozy avait été traité comme n'importe quel justiciable. Pire encore, 72 % doutaient de son honnêteté...
Pour les médias, ce coup de com' était pourtant un coup de force: Sarkozy était "d'attaque" (La Charente libre), un "fauve de la politique" (Sud Ouest). Il fallait se pincer pour le croire, en lisant ses commentaires.
En avons-nous terminé avec le sarkozysme politique ? 
Pas forcément. Sur le terrain, ce premier jour de juillet permettait de comparer, pour la troisième fois depuis que Hollande avait remplacé Sarkozy à l'Elysée, ce qui avait changé, et ce qui demeurait dramatiquement similaire.
Au 1er juillet, il y avait quelques bonnes nouvelles pour qui voulait espérer enfin le changement.
Aucun salarié ne pouvait plus être embauché pour moins de 24 heures par semaine, au grand dam de quelques organisations patronales. La nouvelle convention chômage entre en vigueur, avec la création de droits rechargeables.
Est-ce suffisant ? Non, mille fois non. Les allocations chômage sont revalorisées ... de 0,7 %. Les tarifs du gaz réglementé baissent de 0,1%, une broutille quand on pense à la régularisation rétroactive des tarifs de l'électricité dans quelques semaines (+30 euros par ménage en moyenne).
Manuel Valls, premier ministre égaré à gauche, expliqua d'abord qu'il fallait encore "réduire les impôts". Il veut "débloquer la France".
Qui "débloquera" Valls ?
 On se rappelle Chirac qui dès 2002 commença à affaiblir le rendement fiscal de l'impôt sur le revenu. D'ailleurs, le correctif budgétaire, première marche du Pacte irresponsable, a été voté cette semaine. Les députés frondeurs ont eu la fronde insuffisante. Ils sont pourtant convaincus, comme d'autres, que le chômage va progresser si rien ne change.
Pire, le premier ministre annonça ensuite un report partiel à 2016 de la seule mesure sociale d'une réforme des retraites qui ne l'était pas, celle des retraites version Hollande : la prise en compte pénibilité, qui permettait aux retraités de travailleurs éprouvés par leur labeur de partir plus tôt et sans décote. L'an prochain, quatre des dix facteurs de risque seront retenus dans la mesure de la pénibilité (travail de nuit, travail répétitif, travail posté, travail en milieu hyperbare). Pour le reste, il faudra attendre 2016. On nous expliqua que "c'était compliqué". Prolonger la durée de cotisations à 43 ans était forcément plus simple. Le progrès est toujours "compliqué". Même la CFDT s'est énervée, fustigeant une "rupture du dialogue social".
Au Sénat, Hollande perd sa réforme territoriale au Sénat, qui la rejette sans surprise. Il faudra tout reprendre à l'Assemblée, qui a le dernier mot. Valls prévient que le calendrier ne changera pas.
A Calais, la police évacuait encore un camp de migrants, mesure dérisoire, récurrente. C'est un feuilleton sans fin ni logique. Valls ne dit rien.
La France, "footue"
Lundi, puis vendredi, la Coupe du Monde de football prend le dessus dans l'agenda médiatique. Cette exposition sur-couteuse qui se déroule dans un pays dit émergent, le Brésil, soumis à quelques émeutes sociales après le gâchis de quelques dizaines de milliards de dollars pour l'aménagement des stades, fascine et capte l'attention. L'équipe de France s'affaisse devant l'Allemagne vendredi. Cette Coupe aurait pu être ce moment de réconciliation nationale, temporaire mais sincère. Une affaire de joie collective en des temps difficiles. Il a suffit de quelques débordements, en France, en marge d'un match, par des supporteurs de l'équipe d'Algérie, pour que soit réactiver le faux débat sur la double nationalité. Comme toujours en matière de xénophobie, la première salve publique est venue de Marine Le Pen. Elle profita de quelques explosions de joie après la victoire de l'Algérie la semaine précédente pour s'indigner des doubles nationalités.
Comme toujours en ces temps de Sarkofrance désemparée, la surenchère a suivi chez  l'UMP. Le maire de Nice Christian Estrosi s'est empressé d'interdire toute exhibition de drapeaux algériens dans sa commune alors que l'Alemagne, lundi soir, affrontait l'Algérie. On imagine que cela troublait le chaland niçois.
Quand la ministre de la Culture s'autorise un geste de soutien à l'équipe algérienne sur Twitter, c'est Eric Ciotti, le rival filloniste d'Estrosi, qui lui répond son dégout.
En quelques heures et peu de mots, cette France donnait la nausée.
Retour de Sarkozy, affaissement de la Hollandie, nausée frontiste, où va-t-on ?
Ami(e) citoyen(ne), réveille-toi.