Dominique Sylvain : Guerre Sale

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Guerre Sale  de Dominique Sylvain  3/5 (22-06-2014)

Guerre Sale  (317 pages) est sorti le 20 janvier 2011 aux Editions Viviane Hamy (dans la collection Chemins Nocturnes) et le 13 mars 2014 en format poche chez Points Policier (329 pages).

  

L’histoire (éditeur) :

Un pneu enflammé autour du cou : c'est l'atroce mise à mort réservée à un avocat spécialiste des relations franco-africaines. Cinq ans plus tôt, l'assistant de Lola Jost a subi le même sort, précipitant son départ à la retraite. La voilà qui reprend du service. Et tant pis si ses ex-confrères n'apprécient pas qu'elle mette son nez dans les magouilles de la Françafrique, sujet pour le moins, brûlant.

Mon avis :

Elu meilleur polar français de l’année  et prix Orange du roman noir en 2011 par le magazine Lire, Guerre sale est le 5ème volet de la série consacrée çà Ingrid Diesel et Lola Jost.

Le livre commence fort par l’assassinat d’un avocat spécialisé dans les contrats d’armement (et en particuliers en relation et en échanges commerciaux avec l’Afrique). Le corps de Florian Vidal vient d’être retrouvé brulé via le supplice du pneu enflammé  (invention africaine, le supplice du père Lebrun est une technique de lynchage apparue lors d'émeutes et de règlements de comptes en Afrique du Sud du temps de l'apartheid ). C’est le commissaire Duguin qui est chargé de l’enquête (assisté par le lieutenant Ménard), et il fait vite le lien avec Richard Gratien, maillon fort de la Françafrique dans le secteur de l’armement. Ce dernier considérait Vidal comme son fils, le protégeant et le façonnant (de chauffeur il était devenu son bras droit). Mais, Duguin patauge et les pistes qu’il entame ne même pas bien loin. Alors il décide de rappeler Lola Jost, ancienne commissaire (désormais à la retraite) qui avait déjà travaillé sur une affaire similaire il y a cinq ans, lorsque Toussaint Kidjo, jeune lieutenant de police d’origine africaine, a été retrouvé assassiné de la même façon.

Que peut bien cacher ces meurtres ? Quels sont les tenants et les aboutissants ? Entre corruption, compromis, vengeance et trafic d’armes, l’enquête suit deux voix : l’officielle avec Sacha Duguin et l’officieuse avec Lola et son amis l’américaine Ingrid diesel (masseuse le jour et danseuse nue dans un cabaret la nuit). On suit ainsi deux sentiers, le classique et le plus truculent, pour arriver au dénouement (dont je ne me suis pas doutée) de cette opaque histoire.

Guerre sale possède deux qualités : une enquête rythmée qui fourmille de pistes, de rebondissements et d’indices (dans un contexte particulier), et des personnages à la fois graves et légers, aux dialogues colorées.

Dominique Sylvain a travaillé son intrigue sans l’alourdir. Les manipulations, scandales politiques et financiers liés à l’armement enrichissent ce qui s’apparenterait être une simple et sale histoire de meurtres.

On ne se doute de rien et les soupçons voguent  d’un groupe d’individus à un autre, jusqu’à une fin où tout s’accélère brutalement pour des révélations et un coup de théâtre terrible.

Sympathique découverte que ce premier Dominique Sylvain dont j’ai aimé le style vif et direct, rempli de jeu de mots et de bonnes citations. Par contre il faut s’accrocher pour retenir tous les noms et ses remettre en mémoire qui est qui, parce qu’en nommant tous les personnages qui apparaissent dans son roman, Dominique Sylvain réussit ici à placer presque l’intégralité du dictionnaire des prénoms (y compris dans les noms de famille !).