Stop the beauty madness

Publié le 10 juillet 2014 par Fashionmama @lafashionmama

Si je suis une enfant d’immigrés de 2eme génération, je n’ai pas le souvenir d’avoir tant souffert du racisme. Je ne l’ai pas vu, n’ai pas voulu le voir, ai été chanceuse, protégée. Si je l’ai vu, je l’ai ignoré, si je l’ai ressenti, je l’ai relativisé.

En revanche, le sexisme…depuis que je suis fille, femme, depuis que je suis mère, depuis que je moi, je le perçois, le sens, le ressens, le vis.

A 3 ans, tu dois choisir entre des activités dites de filles et de garçons. Si t’es garçon, le rose on t’interdira. Si t’es une fille, jouer au ballon on te déconseillera.

A 6 ans, si tu n’as pas la chevelure blonde d’une princesse Disney, tu dois apprendre à ta fille que oui, les boucles c’est joli, oui, être brune c’est être belle aussi. Parce qu’elle sera jolie si elle s’accepte comme elle est.

A 10 ans, tu commenceras à t’auto-dénigrer sans même t’en rendre compte. Courir comme une fille, pleurer comme une fille,…

A 12 ans, si tu es potelée, tu dois te construire nonobstant la méchanceté ambiante à l’école #Fatty.

A 14 ans, si tu rêves d’être pilote, ingénieur, politique, grand patron, on t’expliquera peut-être que les femmes ne « sont pas faites pour ce genre de choses ».

A 16 ans, si tu ne corresponds pas aux normes sociales du moment, tu dois pouvoir développer une confiance en toi, malgré ça.

A 22 ans, si tu es jolie, tu dois montrer que tu as plus qu’une paire de jambes comme atout. Soit tu caches, soit t’assumes. Je sais, ça fait beaucoup.

A 30 ans, tu dois jongler entre ton désir d’assumer ta féminité et assumer les regards concupiscents et les attitudes irrespectueuses d’une paire de mâles non élevés.

A 50 ans, tu dois te battre pour prouver que non, tu n’es pas has been et qu’au contraire, tu es over-been.

A 60 ans, tu ne veux plus te battre, mais tu es. Tu t’imposes naturellement, mais tu dois essuyer des commentaires malveillants et insidieux sur l’incompatibilité notoire entre rides et beauté. #timelessbeauty

Et après? Après, ça s’empire, jusqu’à ce que tu arrives à l’état d’être asexué. Même si parfois, je me demande si c’est moins pire. Comme si la libido s’en allait après 65 ans…

1 pas en avant, 3 pas en arrière, 2 pas en avant, 5 pas en avant…

Ce n’est pas une valse, c’est un tango dangereux et très borderline.

Que celui ou celle qui n’a pas jaugé la ligne d’une femme me jette la première pierre.

Celui ou celle qui ne s’est pas arrêté sur l’expression d’un visage, ses yeux, l’intellect, me la reprenne.

Celui ou celle qui n’a pas encensé la plastique d’une femme peu importe de savoir si elle était photoshopée ou refaite m’en jette deux autres.

Celui ou celle qui n’a jamais utilisé l’image d’une femme fatale, vénale, superficielle, hyper-sexuée pour vendre est un saint ou profère un pieux mensonge…

Enfin une campagne qui traite TOUS les aspects du sexisme :

- les très jolies filles/femmes dont la grande beauté s’institutionnalise à l’opposé de grandes capacités d’ambitions intellectuelles;

- les filles/femmes dont le poids excède le poids social standard autorisé;

- les filles/femmes qui ne correspondent pas aux standards de beauté sociaux du moment (type, allure, style, couleur de peau,…)

Si tu pensais qu’en 2014, à l’ère des réseaux sociaux, de l’égalité, tu n’avais plus à expliquer que la beauté est subjective, éphémère, relative (rappelle-toi ces images : http://legeekcestchic.eu/photoshop-un-portrait-retouche-selon-les-criteres-de-beaute-de-25-pays-differents/) , vient surtout de l’intérieur, c’est que comme moi, tu es plutôt sur Utopia. A l’heure où nous avons toujours nos filles qui rêvent de ressembler à une fille en papier glacé, à l’ère où certaines se charcutent ou maltraitent leur corps pour ressembler à une poupée en plastique, la bataille n’est pas finie. Elle prend juste une autre forme.

Diffuse cette campagne. Sans modération

#StopTheBeautyMadness

La société vaut bien mieux que cela, non? #TodayAndTomorrow