Histoire ordinaire d’une prise de poids

Publié le 11 juillet 2014 par Lheureuseimparfaite @LImparfaite

Toujours belle, vraiment ?

Laisser aller total.

Qu’est-ce que j’ai foutu toutes ces années pour en arriver là ?

En plus j’ai des pensées monstrueuses ! Hier je me suis surprise à me demander : "Mais où elles sont passées les grosses, les rondes, les dodues, les pulpeuses, les bien-en-chair ?". Franchement ça craint de chercher à se consoler de la sorte.

J’avais l’impression de ne croiser que des filles toutes plus minces les unes que les autres, chacune me renvoyant à la figure ma propre déconfiture et toute la graisse avec laquelle je me suis lentement mais sûrement enrobée.

Il y a un an j’ai écrit que mes cuisses se touchaient… Aujourd’hui il faudrait préciser qu’elles se chevauchent, la gauche empiète sur la place de la droite et la droite lui répond "pousse-toi de là que je m’y mette" !

Et tout ça c’est uniquement de ma faute.


Quelque chose entre l’auto-sabordage, un vide immense à combler et un certain défaitisme…


#L’auto-sabordage, où comment je me suis auto détruite à grand renfort de bouffe

J’ai stupidement longtemps cru que la seule façon d’être aimée passait par une silhouette toute fine et une taille 36. Sans doute l’une des raisons qui m’a menée à mes premiers régimes exagérés et à des séances de sport intensives. Des hauts, des bas, pour finalement arriver à ce qui me semblait être un poids fabuleux, quelque part entre 52 et 55 kg.

Quelle andouille…

Ce corps soit disant quasi idéal s’est retourné contre moi. Je croyais n’avoir que cette qualité et je me suis retrouvée à enchaîner les histoires d’amour bancales. Je me suis transformée en objet de décoration, limite en animal de compagnie, mais je n’avais plus l’impression d’exister pour moi-même. Je ne pensais sincèrement ne pas avoir d’autre qualité que ce corps qui me demandais tant d’efforts et de sacrifices.

Et puis un jour j’en ai eu marre de cette impression de ne plaire QUE pour ce foutu corps. Conséquence : j’ai lâché prise. J’ai arrêté de faire tout le temps attention. Ça aurait pu être une excellente décision. Mais non. Comme je suis excessive (en tout…) je ne me suis plus arrêtée de manger tout ce que je m’étais interdit jusque là. J’ai totalement cessé de compter les calories pour ne plus penser qu’à tout ce que je pouvais manger de bon, de délicieux, de savoureux…

La bouffe, c’était la solution parfaite pour ne plus être désirable. La bouffe, une nouvelle amie qui ne me trahirait jamais…


#Ce vide immense à combler

Tout ce sucre, tout ce gras… La nourriture procure un tel (semblant de) réconfort. Je me sens calmée une fois ma cervelle shootée par toutes ces douceurs. Je me sens rassurée le ventre bien rempli… Comme une anesthésie à tous les souvenirs pénibles que je m’efforce d’oublier. Parfois j’ai l’impression que le bonheur se résume à une bonne série télé, accompagnée d’un gros et bon plateau repas avec mes chats qui ronronnent à mes côtés. Là je suis protégée. Il ne peut rien m’arriver de mal (ni rien m’arriver du tout, en fait je ne vis plus vraiment dans ces moments là, je me coupe plutôt de la réalité).

Tout à fait !

La bouffe est une solution à tous les tracas.

  • →Du travail en retard ? Allez, quelques gâteaux et j’aurais l’impression que cette corvée passera plus vite.
  • →Un repas avec des gens que je ne connais pas ? Pas grave, ce soir c’est buffet à volonté : je peux me resservir autant de fois que je veux, ça m’évitera d’avoir à faire la conversation et/ou de me sentir nulle et transparente.
  • →Une nouvelle triste, du chagrin ou juste de l’ennui ? Mange une grosse part de flan et ça ira mieux…

Voilà, c’est comme ça. Je comble mes manques avec la bouffe. Manque de confiance en moi, manque de confiance en l’avenir. Sans parler du manque d’amour et de relations sociales…


#Le réveil et la défaite…

Et voilà. Un lent et sûr n’importe quoi.

  • été 2010 :52-53 kg
  • 2010-2012 : gentilles oscillations entre 54 et 56 kg, franchement tout va bien, même si je ne réalise pas la chance que j’ai alors
  • janvier 2012 : 56 kg et le début de la dégringolade…
  • 2012 à 2013 : je franchis la barre des 60 kg, j’ai totalement abandonné, je ne m’occupe plus du tout de mon apparence, sauf rares sursauts de conscience
  • été 2014 : 60 kg et +++ (mais je n’ose plus poser les pieds sur ma balance)

    Mon oeil !

À force de traîner en jogging et en sweat-shirt XXL, je ne réalise pas toujours combien j’ai changé. Sauf que voilà l’été. Comme tout le monde, je ressors mes vêtements de saison. Et là je me rends compte qu’ils sont encore plus étriqués que l’an dernier. Ceux qui étaient déjà un peu justes sont maintenant impossibles à enfiler. Impossible de glisser mes cuisses dans mes pantalons de l’été dernier et je ne supporte plus mes anciens soutien-gorge : j’ai l’impression d’étouffer.

J’ai même découvert de nouvelles zones de bourrelets (découverte dont je me serais bien passée). Non seulement je déborde par dessus la taille de mes joggings, mais maintenant je déborde par en-dessous mes soutien gorge et hauts de maillot de bain.  Autre découverte charmante : j’ai une nouvelle paire de fesses au niveau du ventre !!! (traduction : un pli vertical qui part du nombril et sépare le bidon en deux ignobles petits paquets de gras, yeurk).


#Yeurk : ça sera le mot de la fin, ma conclusion ultime.

Voilà l’effet que je me fais : un immense yeurk à chaque fois que je me vois dans une glace. (Heureusement que je ne me regarde pas trop souvent.) Avant je ne me trouvais pas terrible… Mon dieu, si je pouvais je lui donnerais des claques à cette ancienne moi qui se croyait ronde alors que je n’étais pas mal du tout ! Quelle imbécile j’ai été !

À force de croire que j’étais ronde, j’ai fini par le devenir. Quelque part, j’ai tout fait pour devenir ce que je suis aujourd’hui… Je suis triste de n’avoir pas su m’aimer plus avant, ça m’aurait évité d’en arriver là…

Aujourd’hui, je crois pouvoir dire assez objectivement que je suis ronde (pour un petit 1.60m je fais une taille 40-42 pour les fesses ! ), pas encore franchement grosse, mais je suis totalement capable de le devenir si je n’arrête pas de calmer toutes mes émotions et d’étouffer tous mes soucis par l’intermédiaire de la bouffe.

Aujourd’hui je n’aime vraiment pas ce que je vois dans la glace (même le reflet de mon visage dans l’écran de l’ordi me dégoûte). J’ai même du mal à me mettre en short quand je suis seule à l’appart et que je pourrais profiter du soleil sur le balcon… J’ai peur de me détester à nouveau après tout le chemin parcouru pour essayer de faire la paix avec moi-même. C’est tellement ironique de finir par s’accepter en tant que personne et de finalement se retrouver avec un corps étranger difficile à reconnaître et à apprécier….


Voilà, je sais à peu près où j’en suis, je sais où je ne veux surtout pas aller. Je sais aussi que ça risque d’être compliqué après toutes ces années de mauvaises habitudes (mauvaises habitudes alimentaires qui n’ont rien à voir avec une méconnaissance des rgles de base de l’hygiène alimentaire et de la diététique mais qui sont d’ordre comportemental et psychologiques…).

Bref, y a du taf.