Allez belle Marseille ! - la gauche te va si bien...

Publié le 13 mars 2008 par Dedalus


© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur


La grande peur de la droite


Edito de Nicolas Domenach, dans Marianne2

Il ne faut pas croire tout ce qu'on vous raconte ni tout ce qu'on vous montre. La droite fait belle figure et beaux mots, mais elle a peur. Peur d'une lourde, d'une très lourde défaite aux municipales et aux cantonales. Pourtant, elle a bien gagné une bataille, une bataille de « com » et de manière écrasante.

Au soir du premier tour en effet, l'Elysée a parfaitement cadré tous les intervenants de tous les plateaux télé, alors que les leaders PS intervenaient en ordre et en pensée dispersés. Chaque orateur UMP a reçu son SMS précisant les messages à faire passer et qui furent ensuite débités à tous les micros. « C'était une élection locale. Il n'y a pas eu de vague de gauche. » La preuve : « le nombre de ministres, 14, réélus au premier tour et la bonne performance des porte-parole de l'UMP, ce qui prouvait un soutien à la politique du gouvernement ! » Il y avait des contradictions évidentes dans ces propos ou même avec les faits. Puisque la gauche enregistrait une poussée nationale, et devançait l'UMP, puisque le Modem, sur une ligne d'opposition au sarkozysme, réussissait de bien meilleurs résultats que la moyenne nationale qu'on lui prêtait (en fait 7 % là où il se présentait) puisque, à part Laurent Wauquiez, le porte-parole du gouvernement, qui l'emportait dans une ville, Le Puy, qui avait voté Ségolène Royal, les succès des autres membres du gouvernement comme Eric Woerth à Chantilly, ville crème fouettée sucrée pour la droite ou même comme Luc Chatel à Chaumont, cité qui avait voté à 53 % pour Sarkozy, tous ces résultats positifs étaient attendus mais masquaient un recul d'ensemble de la droite et de nombreux échecs « exemplaires ».

Ainsi, Nadine Morano, la porte-parole de l'UMP, a-t-elle été largement devancée à Toul. Ainsi Lyon et Rouen ont été des sanctions sévères pour la majorité. Et, à la vérité, quand vous parlez en off avec les responsables UMP et les ministres, ils ne sont pas du tout rassurés, mais alors pas du tout, pour le second tour même si l'Elysée fait circuler des projections bonnes pour le moral. Selon leurs calculs en effet, la majorité devrait conserver la majorité des villes de plus de 20 000 habitants : 205 contre 192… Il faudrait simplement pour y parvenir que chacun continue de faire son boulot, comme cela a été calé. Au Premier ministre, la tambouille partisane, au président de la République les grandes interventions comme à Toulon où il agissait en reprenant le thème de l'immigration et de l'identité nationale de rabattre l'électorat abstentionniste de droite, de se montrer tout de même un peu plus mobilisateur donc pour endiguer cette vague d'opposition qui n'existe pas officiellement mais dont chacun en off concède non seulement l'existence mais une « ampleur inquiétante ».

Le secrétaire général de l'UMP, Patrick Devedjian, a lui-même, en parlant de « petite défaite », fait quelque concession à la réalité et à ces candidats qui s'angoissent du peu d'effet mobilisateur qu'entraîne le déni de réalité justement. « Si nous répétons que l'enjeu est uniquement local, se plaignent-ils, si nous ne dramatisons pas contre la gauche qui revient, nous allons prendre une vraie claque », avertissent non seulement les jeunes élus mais aussi les ministres plus chevronnés. Jean-François Copé avait trouvé, croient-ils, un bon argument de campagne en dénonçant à l'avance la TVA municipale, dont les socialistes seraient porteurs. Mais il faudrait aller plus loin, taper plus fort, sonner la mobilisation générale… Ce à quoi se refuse l'Elysée car dramatiser outrageusement serait outrager le président ; cela reviendrait à reconnaître un vote sanction qu'on dément par ailleurs…

Il faut simplement se préparer à bien vendre la défaite au second tour, à l'habiller, à la banaliser, à la dépasser, à rebondir immédiatement. Comme l'a montré le premier tour, les sarkozystes conservent une force de frappe médiatique incomparable. Ils se préparent à l'utiliser massivement, et pensent pouvoir « souffler » ce revers électoral. A condition de ne pas perdre Marseille. Là est l'angoisse suprême. « Il faut que Jean-Claude Gaudin tienne », répète-t-on à l'Elysée. Certes les chutes de Strasbourg, ou même de Reims ou de Toulouse feraient mal mais leur chute est quasi déjà actée dans l'opinion. Alors que si Marseille passait à gauche, ce serait le désordre, la France en dissidence, le sarkozysme désavoué. Or les derniers sondages donnent les scores serrés, très serrés. C'est chaud, très chaud dans la cité phocéenne et on transpire à l'Elysée.



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