Morrissey - World Peace Is None Of Your Business

Publié le 14 juillet 2014 par Toto
Ça commence bien, rien que le titre, "World Peace Is None of Your Business". Du Morrissey pur jus. Pas politiquement correct. Dans la lignée de ses déclarations régulières, de plus en plus politiques, mais en plus cynique et distancié. C'est une constante du Moz, cette écriture supérieure, à l'humour très anglais. Restait à écouter la musique, régulièrement en retrait depuis les Smiths ou au moins depuis son chef d'oeuvre solo, "Vauxhall And I". Pour une fois, la première impression est plutôt bonne, à l'écoute du morceau éponyme. C'est marrant comme au fil des années, je finis par m'accrocher aux anciennes gloires, celles récemment découvertes ou redécouvertes comme Yo La Tengo, les Pastels ou Dean Wareham, ou quelques temps négligées comme Morrissey. Si les groupes ou artistes susmentionnés reposent sur un couple à la scène comme à la ville - Ira et Georgia, Stephen et Katrina, et les plus glam Dean et Britta -, s'affichant comme des modèles dans le milieu du rock indépendant, Morrissey a toujours fonctionné seul ou presque. En éternel misanthrope, le chanteur semble détester plus que tout apparaître comme quelqu'un de gentil. Même en concert, il est du genre à dénigrer ses fans les plus fervents. Mais, en publiant récemment une autobiographie - j'en parlerai bientôt - il brise un peu l'armure, celle d'une enfance difficile dans le Manchester prolétaire et d'une éducation irlandaise catholique et rigoriste.
Morrissey s'ouvrirait-il au monde ? "Kiss me a lot" réclame-t-il même ici. Il reste pourtant fidèle à ses idéaux, son végétarisme et son combat pour la défense des animaux ("The Bullfighter Dies"). Puis, il y a ce "Earth Is the Loneliest Planet of all" qui dit toujours cet enfermement. A nous ouvrir plus les portes de son monde, Morrissey apparaissait plus touchant. Avant, on avait l'impression que ses chansons parlaient plus à nous qu'à lui, simple passeur du mal être de notre adolescence. Maintenant, il nous ferait presque croire qu'à travers nous, c'est lui qu'il visait. Ce nouveau disque est une réussite, directe, simple, évidente. Je crois m'être réconcilié avec mon ancienne idole. Comme lui, j'ai sans doute accepté de vieillir.