Black sails vs crossbones | à l’abordage moussaillon ?

Publié le 23 juillet 2014 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Qui n’a jamais voulu – ne serait-ce qu’un jour, une heure, une minute, une seconde même – être un pirate ?

Bien que demeurant une des périodes floues de l’histoire du XVIIIème siècle en terme de « réalité », l’imaginaire qui en découle est lui bien souvent l’objet d’exploitation. Du 7ème art, à la littérature, en passant plus récemment par les jeux vidéo (Assassin’s Creed IV : Black Flag), ce thème de la piraterie s’empare désormais de nos télévisions avec d’un côté Black Sails chez Starz, de l’autre Crossbones pour NBC. On a subi pour vous le supplice de la planche « télévisée » (blague de mauvais goût, on l’admet), on vous raconte.

  • BLACK SAILS | DES PIRATES FAÇON HOLLYWOOD

Synopsis : Situé environ deux décennies avant les événements de « l’île au trésor », Black Sails suit les aventures du capitaine Flint et son équipage à la recherche du navire « El Arca de Luna »

Assez ambitieuse à son départ, notamment par un premier épisode tout à fait correct (distribution de points bonus au générique de Michelle Dougherty et Karin Fong et à la musique de Bear McCreary particulièrement propice au genre et à l’époque). La série produisait l’effet escompté en permettant de retrouver tout ce qui fait l’univers des pirates dans l’imaginaire collectif (violence et maturité en plus).

Le problème de cette série vient avant tout de la futilité des intrigues qui y sont développées, savoir qui tiendra le bordel du port ou encore qui aura le droit de garde de la prostituée du coin, n’a pas vraiment grand intérêt. Il manque à cette œuvre un réel intérêt, un but à poursuivre qui fédérerait le public. La poursuite du galion espagnol se veut chimérique, n’étant ni plus ni moins qu’une carotte, permettant de convaincre les producteurs de passer commande d’une seconde saison.

Quant au casting, excepté pour le Capitaine Flint incarné par Toby Stephens, personne ne vient redresser la barre du navire qui coule sous les stéréotypes : des personnages trop lisses, toujours propres sur eux façon Hollywood (dents extra-blanches, corps bodybuildé, cheveux jamais sales, etc…). Enfin les jeux d’acteurs caricaturaux deviennent plus qu’agaçants au fur et à mesure des épisodes (retenez le nom d’Eleanor Guthrie, vous saurez de quoi je parle).

En résumé et malgré le nom de Michael Bay en co-producteur (on commence à connaitre la ficelle d’afficher un gros nom du cinéma afin d’attirer un maximum de téléspectateurs), Black Sails déçoit. Bien que partant d’une idée originale en adaptant librement l’ouvrage de Robert Louis Stevenson, la médiocrité du scénario et le grotesque de certaines situations envoient le show s’échouer sur les plages désertiques des caraïbes.

  • CROSSBONES | JOHN MALKOVICH, UN PIRATE SEUL CONTRE TOUS

Synopsis : L’histoire prend place sur l’île  de New Providence au Bahamas. Unique lieu subsistant de piraterie, gouverné par l’effrayant capitaine Edward Teach plus connu sous le nom de Barbe Noire. Alors qu’un complot se met en place pour éjecter Barbe Noire de son trône. Au même moment, un assassin – Tom Lowe – est envoyé afin d’exécuter le fameux pirate. Bien évidemment Tom Lowe ne sera pas l’unique ennemi de Barbe Noire…

Contrairement à son prédécesseur, Crossbones est une série programmé en été. Moins prétentieuses et moins intrigantes que les séries d’automne, elles demeurent cependant (en général) un bon divertissement. De moins en moins négligées, ces séries deviennent même depuis quelques années attendues (Suits, Master Of Sex, The Strain), alors est-ce que Crossbones appartiendra à cette catégorie ? Ajoutez à cela le très bon Neil Cross (Luther, ça vous parle ?) à l’écriture et John Malkovitch en Barbe Noire, cela suffisait déjà à nous convaincre pour se laisser tenter (malheur à nous). Se détachant du genre en y apportant une certaine touche de modernité, Crossbones n’arrive cependant pas à accrocher. Malgré une audace créative présente sur certains plans, en plus du jeu de John Malkovitch qui surclasse – de loin – ses camarades, la répétition des enjeux, trop similaire à ceux de Black Sails, nous effraient plus qu’ils nous attirent. Dommage alors que la fameuse « utopie » de Libertalia semblait être le fil conducteur sous-jacent de l’histoire, la série aurait pu connaître un développement tout autre :  quand franchit-on la limite entre libertarisme (mouvement libertaire) et dictature ? Ainsi, plutôt que de complexifier son récit, Neil Cross réalise ici son premier échec se limitant à un simple scénario d’aventure toujours similaire à ce qui se fait dans le genre. La série passe du statut d’attendu à celui de déception.

En 2014, les networks ont donc tenté le pari de la piraterie. Bien qu’à notre humble vis cella s’avère être un naufrage cuisant, on reste tout de même ouvert à l’idée qu’un jour une série saura exploiter ce thème de l’aventure et de la piraterie de manière convenable. En somme, Black Sails et Crossbones demeurent beaucoup trop similaire dans l’ensemble, à tel point qu’on ne saurait laquelle vous conseiller. Nous on a préféré arrêter les deux avant le naufrage (pas de concession dans notre petit cœur de pierre), en pensant sincèrement que le meilleur intérêt aurait été de mélanger les deux. En attendant, on se prépare pour nos futures expéditions sur les eaux troubles des prochaines séries à venir, à très bientôt !